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31 octobre 2007 3 31 /10 /octobre /2007 07:49

BruyereCimetiere.jpg
Souvent, à l´occasion du 1er Novembre, j´avais l´habitude de faire avec mes élèves de francais langue étrangère , - et de littérature pour les plus avancés , - divers exercices, soit de langue, soit de création sous forme d´atelier d´écriture, après leur avoir fait lire et étudier le poème de Victor Hugo Demain dès l´aube... . Poème fort simple, émouvant, sincère, mais qui nécessite évidemment quelques précisions pour éviter les contre-sens les plus élémentaires. Beaucoup d´élèves croient en effet mieux comprendre un texte qu´on leur donne en se livrant à la tentation sans retenue de lire entre les lignes, - oubliant ainsi le texte véritablement écrit.

Il est juste de dire que le texte publié n´appartient plus à son auteur. Dire comme Ricardou que le texte appartient à celui qui l´a mieux travaillé est une belle formule, mais un peu fausse quand on la creuse. Certaines interprétations peuvent même être scandaleuses, surtout quand elles cherchent à mettre plus en valeur l´ego de l´adaptateur, - comme paraît-il cela vient d´arriver avec Feuillets d´Hypnos de René Char.

La simplicité n´a pas de prix. Revenons donc au poème que Victor Hugo a écrit à sa fille Léopoldine, noyée accidentellement quelques années auparavant dans la Seine.

                                                     Demain, dès l´aube ...

                           Demain, dès l´aube, à l´heure où blanchit la campagne,
                                Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m´attends.
                                     J´irai par la forêt, j´irai par la montagne.
                              Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

                                 Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
                             Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
                                Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
                                   Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

                                       Je ne regarderai ni l´or du soir qui tombe,
                                  Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
                                     Et quand j´arriverai, je mettrai sur ta tombe
                                  Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.


Selon les niveaux de langue, on peut parler de futur ou pas et signaler le rejet. Il est cependant toujours nécessaire d´expliquer - sans trop s´appesantir -  certaines métaphores, ainsi que le langage des fleurs.

L´année dernière, jeune retraité, j´ai continué, un peu à la manière de, ce principe de lier mon enseignement au "principe de l´actualité" qui consistait à initier mes élèves à la culture du pays de mes origines en la reliant le plus possible à la culture de leur propre pays devenu le mien par mariage. Et  leur expliquer ainsi ce que représente La Toussaint pour les Francais, tout en évitant de trop parler d´Halloween. J´ai donc évoqué sur ce blog la mémoire d´une certaine tante norvégienne ; - et, le lendemain, mon ex-beau-père.

Cette année, en cette veille d´un nouveau Toussaint, je m´efforcerai d´être encore plus simple  dans mon recueillement qui cherche à réunir tous mes proches, qu´ils soient norvégiens ou francais. Ayant la tête encore pleine de la rumeur qui a suivi l´affaire Guy Môquet , j´ai besoin de me rassembler, - et de ne retenir que les questions simples et désintéressées que l´on m´a posées.

Je me contenterai donc, pour respecter ce qu´il y a de régularité dans la vie, - et  plus encore suivre le cours des heures et des saisons, acheter simplement quelques fleurs qui durent.

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22 septembre 2007 6 22 /09 /septembre /2007 10:39
Modestie.jpg
[ V ] - La famille allemande que j´ai connue à Stuttgart était comme la mienne : sans père, sans mari et sans fils ou beau-fils. Je crois cependant pouvoir affirmer que son niveau social et culturel était  supérieur à celui de ma famille. La maison de deux ou trois étages sur une hauteur de la ville de Stuttgart, avec un jardin tout en longueur qui descendait vers le centre ville en était le signe évident. Les meubles mordorés des pièces principales, les tapis et le piano à queue en étaient d´autres. Il y avait chez moi, dans l´appartement de mon enfance, un piano droit. Ma soeur adolescente en jouait relativement souvent lorsque j´étais tout petit. Elle chantait aussi très bien. C´est elle qui m´a fait découvrir l´Opéra comique et l´Opéra tout court, en m´emmenant à l´Opéra Garnier. Devenue jeune femme, elle cessa de jouer du piano et ne chanta plus jamais autre chose que du Edith Piaf. Elle avait pourtant désiré devenir cantatrice. C´est même pour cette raison qu´elle avait choisi l´italien. Je ne peux déterminer si ce désir était un rêve caressé réellement longtemps, ou une simple lubie d´enfant. Pour ma part, j´ai longtemps souhaité être clown. Je ne savais m´exprimer. Je bafouillais et bagayais, tellement je voulais dire de choses en même temps. Mais mes grimaces, mes mimiques et les onomatopées qui sortaient de ma bouche faisaient rire ; ainsi que le déhanchement de mon corps. Ma soeur aimait lancer à mon encontre : "Quel clown !...", sans que je sache si c´était pour m´encourager à continuer mes pîtreries ou au contraire pour les faire cesser. Vers l´âge de 12-13 ans, j´ai toutefois cessé d´ y penser sérieusement. Personne dans la famille ne faisait partie du voyage. Je ne pouvais donc devenir un enfant de la balle.

A 13 ou 14 ans, le fait que mes camarades de classe était d´un niveau social et culturel plus élevé que le mien ne me déplaisait pas encore, ni même ne me dépaysait. Ce n´est qu´à partir de ma classe de Seconde au Lycée Janson de Sailly que je ne l´ai plus supporté. Soit un peu plus d´un an après avoir rencontré la famille allemande de mon correspondant Peter. Avoir en Seconde des fils de ministres ne m´amusait plus comme en Quatrième. Leur aisance, - et pour certains leur suffisance -, soulignaient ma gaucherie autant  que mon infériorité et la modestie de mes origines. Le passé de mon père pendant la Seconde Guerre mondiale et un peu avant, avait beau avoir été glorieux, il appartenaît au passé ; de surcroît, un pasé autant oublié qu´anonyme. J´avais certes bien ri en moi-même quand un camarade, de Quatrième justement, avait répondu à l´injonction d´un pion qui lui demandait de décliner son nom pour lui donner deux heures de colle afin de le calmer : "Clovis, Hubert, Gontran, Guy, L- apostrophe,  H - E - R - N - A - U - L - T  de la du et cætera ." Ce qui était la stricte vérité. Le pion a pu s´en apercevoir quand il a lu la pièce d´identité que mon camarade a dû lui montrer. Ce genre de réplique ne me faisait plus sourire. A 15-16 ans, j´étais mal dans ma peau et ne pouvais suivre mes camarades. La différence que j´avais ressentie auprès de mon correspondant allemand me suffisait. Il aimait vivre, il était intelligent, il était cultivé et ouvert, il cherchait à partager ce qu´il avait en lui. Il n´était pas cassant, hautain et imbu de lui-même avec moi. Ce qu´étaient devenus mes camarades de Seconde. La nécessité par ailleurs de quitter contraint et forcé l´appartement de mon enfance a incontestablement accentué mon désarroi. Il n´était donc plus possible d´inviter à Paris mon correspondant allemand. Je ne lui écrivais d´ailleurs pas. Il ne pouvait donc guère me répondre. D´autant qu´ il était déjà étudiant : il était désormais ailleurs ; je n´étais encore qu´un lycéen.

Il me semble, - plus j´y réfléchis depuis ma retraite et surtout depuis que je cherche à rassembler les souvenirs pleins de trous de cette époque -, que c´est à partir de ma Seconde et de mon déménagement forcé et jamais vraiment accepté, que j´en veux à ma mère. Et qu´inconsciemment, j´ai ensuite quitté Paris à 19 ans pour passer la seconde partie de mon baccalauréat au Lycée Berthollet d´Annecy, C´est avec une même idée de rupture que je suis allé étudier la sociologie à Tours, Mon installation en Norvège en m´y mariant est une suite logique. Les liens avec ma famille maternelle et paternelle étaient totalement inexistants. Ma mère savait d´où elle venait : d´une famille modeste dont le frère s´était suffisamment enrichi aux colonies pour que sa fille se marie avec un homme qui deviendra un conseiller d´Etat auprès du Général de Gaulle. Je n´ai pratiquement jamais eu, du vivant de ma mère, des réponses aux questions que je pouvais poser sur les origines familiales de mon père. Enfant, c´étaient des fins de non-recevoir. Plus tard, ce furent des silences et des non-dits. Il a bien falu que j´en prenne mon parti. Quoique... Une cousine germaine a réussi, en suivant toute la lignée des hommes, à remonter dans ses recherches généalogiques, jusqu´à l´année 1604.  Avant la révolution, les ascendants de mon père étaient des aubergistes et des marchands de chevaux. A partir du XIXe siècle, ils sont devenus des médecins, des dentistes et des pharmaciens dont l´un a permis que l´on retienne longtemps le nom d´une pommade. Il semble que mon père ait rompu la chaîne en désirant devenir marin. J´ignore s´il a été le premier. Mais je sais que cette décision n´a guère été appréciée. Ni ses idées. Il n´est pas impossible qu´il y ait dans ma décision de quitter la France pour la Norvège une sorte de singerie. 

Quand, il y a plus de quarante ans, j´ai rencontré en Norvège la famille de celle qui allait devenir ma femme, j´ai cru de toute bonne foi qu´il y avait aucun rapport avec la famille allemande que j´avais rencontrée à Stuttgart quelques années auparavant. Il n´en était plus de même quand sept ans plus tard je me suis marié. C´était une famille avec beaucoup de femmes, mais il y avait un père d´une écoute et d´une tolérance que je n´ai retrouvées nulle part ailleurs. ( Fin pour aujourd´hui ). 
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14 septembre 2007 5 14 /09 /septembre /2007 13:20

CROISEECHEMINS.jpg

Dans ma présentation du roman Le liseur de l´Allemand Bernhard Schlink intitulée l´amour et le destin d´une génération, j´avais introduit un long passage sur les réponses insatisfaisantes d´un père à des questions qu´un fils n´avait pas vraiment posées, car il ne savait comment aborder son père ni comment formuler ses questions : quelle attitude fallait-il adopter devant les actes criminels que les êtres que l´on aime avaient accomplis pendant la Seconde Guerre mondiale ? Faut-il les condamner ou faut-il chercher à les comprendre ? Peut-on encore aimer quand on a compris et condamné ? Je l´avais supprimé car il me semblait secondaire dans la trame générale du roman. Réfexion faite, j´en suis moins sûr aujourd´hui. Il me faut donc y revenir. [ Photo ci contre : Croisée des chemins ]

Le caché transparaît dans la manière dont il cherche à se cacher est une phrase dans Tristes Tropiques de Claude Levi-Stauss que j´ai lue à 22 ans et que je n´ai jamais oubliée. 

Une génération entière d´Allemands ne pouvait ignorer les atrocités que l´on infligeait aux Juifs pendant la guerre. Le Tambour de Günter Grass le dit clairement. Ses aveux tardifs sur son engagement à l´âge de 15-17 ans dans les Waffen-SS, mais soigneusement cachés soixante ans durant, montent pour le moins qu´il n´était sans doute pas aussi naif qu´il veut bien nous le faire croire. La gêne de ceux et celles qui sont nés après 1945 à la révélation des crimes allemands, montrent qu´ils auraient bien voulu qu´on les oublie, comme certains pères qui fermaient les yeux auraient voulu que l´on pensât à autre chose que de faire des procès.

Dans le roman Le liseur, le procès auquel le héros assiste en tant qu´observateur et étudiant en Droit, reconnait dans l´une des accusées la femme de vingt ans plus âgée que lui qui l´a initié à l´amour sept ans auparavant, et qui exigeait un rituel immuable pendant les six mois qu´ils se sont connus : lecture à haute voix, prendre une douche ensemble, faire l´amour. La fin du procès approche. Il a compris le terrible secret qu´Hanna cache à ses juges accusateurs, et qui explique pourquoi Hanna préfère passer pour plus coupable qu´elle n´est, plutôt que d´avouer sa honte aux yeux de tous. Michaël hésite sur l´atitude à adopter. Que peut-il faire pour l´accusée ? Est-il judicieux de prévenir les responsables du procès ? Il se décide à rechercher le conseil de son père.  

Son père n´est pas d´un abord facile. Professeur de philosophie, il s´enferme la plupart du temps dans son bureau, sans doute, remarque Michaël, parce que son père ne savait que faire des sentiments que ses enfants lui manifestaient. Pour survivre et nourrir les siens, son père, - après avoir été privé de son poste de maître assistant de philosophie pour avoir annoncé au début de la guerre un cours sur Spinoza, - avait dû travailler jusqu´à la fin de la guerre comme responsable dans une maison d´édition spécialisée dans la publication de cartes et de guides de randonnées pédestres. En tant que philosophe, - car il est certain que c´est le philosophe que son fils vient consulter -, il est désolé de ne pouvoir l´aider. "En tant que père, être incapable d´aider ses enfants est une expérience quasi intolérable".

Michaël a alors le sentiment que son père aurait pu l´aider davantage. Il sent aussi que son père devait en avoir conscience ; qu´il aurait pu consacrer plus de temps à ses enfants ; qu´il savait même comment il aurait pu aider. Mais son père s´était levé, non pour clore l´entretien, mais, se tenant les reins de ses mains, parce qu´il avait besoin de soulager son dos qui lui faisait mal. Le père assure alors au fils, en le regardant : "Reviens quand tu veux". Le chapitre s´achève par un laconique : Je ne le crus pas et je fis signe que oui.

Hanna, l´accusée aimée, cache sa honte. Le père philosophe cache sa gêne. Les deux se taisent. Que faut-il privilégier dans le non-dit du second ? La gêne d´un père ? Son embarras de philosophe ? Ou le silence du citoyen ayant su bien plus tôt qu´on ne l´ait dit les crimes perpétrés envers les Juifs ?

Pour Pierre Assouline, Le liseur est d´abord un roman sur la trahison, l´oubli et la fidélité. Il est aussi, estime-t-il un livre sur l´ambiguité. Il est sans doute aussi, je crois, un roman sur la honte d´avoir fermé les yeux puis de s´être tu alors qu´on savait. Il admet dans une humilité qui l´honore, que Le liseur a été le déclencheur de La Cliente, son premier roman, - roman sur la délation des Francais pendant la Seconde Guerre mondiale. Il va de soi que le biographe qu´il est ausssi signale ses sources qu´il appelle des reconnaissances de dettes quand il écrit ses Eclats de biographies. Il souhaiterait que les romanciers d´aujourd´hui fassent de même pour les oeuvres qui s´appuient ouvertement sur la consultation systématique d´enquêtes historiques ou même d´archives, quelles soient inédites ou non, afin de permettre au lecteur d´avoir, s´il le souhaite, recours aux sources. Il pense en particulier au Goncourt 2007 de Johathan Littell Les Bienveillantes. Après tout, pourquoi pas ? J´ai osé donner mon propre petit point de vue. Il me semble cependant qu´une reconnaissance officielle de dettes ne rendra jamais totalement compte de ce qui peut sourdre de l´inconscient, et ressurgit, sans que l´on sache vraiment pourquoi, après quelquefois de très nombreuses années de latence.

Pierre Assouline affirme qu´il ne sait pourquoi Le liseur a déclenché chez lui le désir d´écrire un  premier roman sur la honte et la délation. Il affirme en même temps qu´il a retenu à jamais la phrase du père de Michaël sur l´expérience intolérable d´un père de ne pouvoir aider ses enfants. Il me semble que ses deux affirmations sont totalement contradictoires. On ne peut pas ne pas savoir pourquoi on écrit La Cliente après avoir lu Le liseur et  se souvenir à jamais de l´aveu terrrible d´un père, même de roman. D´autant que de ne pouvoir aider son fils n´est pas seulement pour le père de Michaël une expérience intolérable, c´est une expérience quasi intolérable. Avec ce quasi que Pierre Assouline passe sous silence, n´est-ce pas, pour le père du roman, laisser entendre au fils qu´il a compris pourquoi il est venu, mais qu´il préfère retourner à ses chers philosophes et esquiver un début de réponse qui engagerait son fils autant que lui ?

Quant à moi : revenir si longuement sur cette phrase d´un père aujourd´hui n´est évidemment pas anodin. Surtout après avoir évoqué certains silences et des non-dits, un manque irrémédiable,  un  ressassement  lancinant autant qu´irritant ; et même écrit une première lettre puis une seconde à un père qui ne peut évidemment répondre. Il s´agit du désir pas si inavoué que cela désormais : écrire un livre nécessaire.

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12 septembre 2007 3 12 /09 /septembre /2007 16:00

Infamie.jpg
[ 13 ] - Cela peut paraître curieux mais c´est ainsi : il n´y avait aucune oeuvre de Chrétien de Troyes dans la bibliothèque de mon père. Je sais qu´il avait un bureau au Havre à la fin de la guerre. Je sais aussi que sa cabine de bateau avait une petite bibliothèque. Il est donc possible, tout compte fait, que ses Chrétien de Troyes étaient à portée de sa main quand il a été arrêté en juin-juillet 1944. Mais ce n´est, tout compte fait, qu´une supposition totalement gratuite.

J´ai su très tôt que mon nom était le même que Lancelot du Lac, enfant dérobé à sa mère par une fée. Mais je ne comprenais pas comment une bonne fée pouvait dérober un enfant, et encore moins comment on pouvait l´élever dans une île au fond d´un lac. J´avais recu un grand livre bleu qui contait son histoire alors que je ne savais pas lire. Les illustrations étaient horribles, d´un bleu criard évoquant de page en page un lac bleu, des bords bleus, et  une grande femme tout de bleu vêtue portant hennin et baguette ; avec, un peu plus loin, un personnage noir appelé Merlin. J´avais recu ce livre en cadeau de je ne sais plus qui. Ma soeur me l´a lu et relu maintes fois. Les illustrations bleues me faisaient peur. Quand je l´ai sorti la dernière fois de ma bibliothèque, je l´ai trouvé laid. J´ai certes hésité, mais je l´ai jeté sans vergogne.

Ce doit être en classe de cinquième ou quatrième qu´ un de mes professeurs de francais a abordé quelques textes du Moyen-Âge. Je me souviens très vaguement de deux ou trois extraits du Roman de Renard, mais je ne me souviens pas qu´il ait parlé de Chrétien de Troyes. Il en a été de même quand je suis entré en Seconde au Lycée Janson de Sailly. J´avais pourtant commencé à lire, mais mon professeur de francais d´alors s´était limité, pour le Moyen-Âge, à quelques extraits de La Chanson de Roland et d´un ou deux exemples de poèmes de Villon pour aborder plus longuement le XVIe avec Ronsard, Du Bellay, Rabelais et Montaigne.

C´est beaucoup plus tard que j´ai fait l´effort de lire enfin du Chrétien de Troyes, à vrai dire contraint et forcé, car Chrétien de Troyes en ancien francais était à mon progamme final d´examen de francais en Norvège.

Le monde entier ou presque connaît Lancelot pour être le chevalier servant de sa dame. On sait peut-être moins que la charrette du sous-titre, Lancelot ou le chevalier à la charrette, signifie charrette d´infamie. On sait sans doute encore moins qu´il a hésité " deux pas pour y monter ". Et on a encore plus oublié que le dédain de Guenièvre la reine vient davantage de son hésitation de "deux pas seulement (...) avant d´ y monter", que d´avoir dû affronter la honte et le déshonneur après y être monté.

Au début était le cheval, et l´homme bien né, pour se déplacer, était cavalier. Pour l´atteindre dans son honneur, il ne suffisait pas de briser son épée, on le privait de sa monture, on l´obligeait à entrer dans la charrette réservée aux bourgeois et aux vilains. La charrette devenait alors, comme pour le Lancelot du lac, "la charrette infamante". Cette charrette, comme le piloris, est donc signe d´opprobe. Le noble qui y monte rompt le code de la chevalerie et devient un paria aux yeux des siens. Ce qu´exige Guenièvre est par conséquent un exemple parfait de fine´armor, d´amour courtois : elle exige que le Chevalier Lancelot soit par amour à son service et sous sa servitude. Ce que Marie, comtesse de Champagne et fille d´Eléonore d´Aquitaine, exigeait finalement que Chrétien de Troyes illustre dans son oeuvre. En écrivant, il était à son service, comme Lancelot était au service de Guenièvre.

Avec le roman Lancelot ou le chevalier à la charrette, la femme est  dame inaccesible et sa volonté souveraine s´exerce sur l´homme qui lui consacre sa vie et son talent sous le regard amusé ou bienveillant de l´époux. L´homme devient ainsi le jouet tout "obéissant" de ses désirs. On imagine l´orgeuil que les dames nobles pouvaient en tirer. Jamais dans la littérature occidentale, on avait vu pareille apothéose. Le chevalier, par servitude et soumission, sera ainsi à mener, pour conquérir le coeur de sa dame, prouesses et exploits héroïques et quelquefois infâmants.

Ayant donc été "obéissant" par amour, Lancelot croit avoir mérité les grâces de sa dame.

  •  Mais quand la Reine voit le Roi
  • Qui tient Lancelot par le doigt,
  • Elle s´est devant lui dressée,
  • Ayant mine de courroucée (...).
  • "A  moi, Sire, ce ne peut plaire
  • Et de le voir je n´ai que faire !"

Pourquoi ce dédain et un accueil aussi froid ? Est-ce pour être monté dans la charrette d´infamie ? Non pas ! C´est pour avoir hésité "le temps de deux pas".

  •  Comment ? n´eûtes-vous pas honte
  • De la charrette et n´hésitâtes ?
  • Moult à contre-coeur y montâtes
  • Quand vous demeurâtes deux pas.
  • Pour cela ne voulus-je pas
  • Vous parler ni vous regarder

On ne saurait imaginer plus complet triomphe de la femme et plus grand abaissement de l´homme.

Le Nouveau Petit Robert 2008 précise à l´adjectif courtois : corteis, vers 1130, de l´ancien francais court "cour". Je comprends donc bien le sens premier de l´adjectif. La littérature et la poésie courtoise sont celles qui sont pratiquées dans les cours seigneuriales. L´amour courtois est donc celui qui est défini et codifié par l´esprit de la chevalerie du Moyen-Âge. Mais dans les exigences et le dédain de dame Guenièvre, à mon âge qui est le mien, - à savoir celui d´un jeune retraité vivant au début du XXIe siècle en Occident, - je ne vois rien de courtois au sens second et moderne du terme : "qui parle et agit avec une civilité raffinée". Les synonymes sont nombreux : affable, aimable, civil, gracieux. honnête, poli. Je ne dispose pas du texte original de Lancelot ou le chevalier à la charrette, mais de plusieurs adaptations en francais moderne, dont une en vers un peu ridicules ( voir ci dessus ...) et deux en prose qui ne valent guère mieux. Cela ne change rien à l´affaire. Je vois en dame Guenièvre et son époux un désir d´humiliation qui n´a rien de courtois.  

NB 1 : On peut refuser ma lecture et même m´envoyer une réclamation. Sachez que le Petit Robert cité ci dessus donne comme exemple : Réclamation courtoise. Refus courtois. Demain, je relirai dans le texte original de Montaigne : "De trois commerces" (III,iii)
NB 2 : Quel titre donner à l´illustration placée en texte de cette contribution ronchonnante ? L´amour plus fort que l´honneur ? Lancelot dans la charrette d´infamie ? Ou encore toute autre chose ?...  ( .... / ... 14 ).
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11 septembre 2007 2 11 /09 /septembre /2007 08:08

MortdeTristan.jpg
[ 12 ] - Mon père possédait un exemplaire de Tristan et Yseut reconstitué par Joseph Bédier à partir de la version dite Thomas d´Angleterre. Je ne l´ai plus. Je l´ai jeté un jour de désarroi suicidaire, il y peu, parmi beaucoup d´autres livres. C´est un des rares livres que je regrette avoir jetés. Quand on désherbe un jardin, les mauvaises herbes ou les pousses arrachées par erreur repoussent  aisément. Il en est tout autrement pour une bibliothèque désherbée. Certains livres sont définitivement perdus. Il faut savoir en faire le deuil. [ Ci contre : Mort des amants ]

J´ignore totalement s´il le volume que possédait mon père était la première édition 1900 ou une édition ultérieure. Elle n´était pas vraiment belle, mais elle avait du chien. Brochée, la couverture était de couleur brun ocre. Il me semble me souvenir que des petites enluminures pâlies et un peu ternes commencaient chaque nouveau chapitre. Contrairement au volume de Villon que mon père possédait, aucun trait de crayon ne se trouvait sous certains mots et aucun mot n´était écrit dans la marge. Le francais était sensiblement celui de nos jours. Le volume, par ailleurs, ne contenait ni introduction ni glossaire. Je peux m´imaginer que c´est pour cette raison que je m´en suis séparé. Peut-être aussi parce que je possédais deux autres éditions fort bien commentées d´éminents spécialites médiévistes. La beauté d´un livre vient pour moi du texte et de sa langue, non de sa reliure ou de son prix. Il paraît que l´on peut rechercher le bouquet d´un grand cru en aveugle. Je ne connais que Borgès qui aimait posséder des livres rares sans pouvoir les lire lui-même.

C´est vers 16 ou 17 ans que j´ai découvert en classe de Seconde au Lycée Janson de Sailly cette légende d´amour et de mort. Quelques années plus tard, j´ai vu dans un cinéma de mon quartier, - Le Saint Lambert si mes souvenirs sont exacts -, L´Eternel Retour, film du réalisateur Jean Delannoy sur un scénario de Jean Cocteau.  Je viens de découvrir que le film date de 1943. Mon père aurait donc pu le voir.

D´après les critiques de l´époque, Cocteau a su admirablement redonner vie à la vieille légende en reprenant le titre "éblouisssant" de Nietzsche : L´Eternel retour. Quand j´ai vu le film à 18 ou 20 ans dans la petite salle de mon quartier, le public a frémi d´horreur lorsque la perfide Yseut aux Blanches Mains ment à Tristan qui se meurt d´attendre son Yseut, la Belle aux cheveux d´or, et lui annonce sans tressaillir la fausse nouvelle : Sachez que la voile est toute noire. Elle est hissée bien haut parce que le vent fait défaut".
 
J´ignore totalement si mon père aimait le cinéma. J´ignore donc s´il pouvait vibrer devant le petit écran comme il pouvait le faire en lisant un livre. Pour ma part j´ai pleuré plusieurs fois, tant dans ma chambre à la lecture de certains romans que dans la salle d´un cinéma. Je crois me souvenir que c´est en voyant Bambi de Walt Disney qu´un film m´a fait pleurer pour la première fois. Je ne suis pas prêt d´oublier les pleurs que j´ai versés à la fin des 400 coups de Truffaut. Je pleure désormais rarement, mais j´ai frémi à une scène pour moi prenante du film télévisé "Napoléon"Yves Simoneau avec Christian Clavier dans le rôle titre ; celle où l´on voit des paysans espagnols affamés et en guenilles, les yeux exorbités devant la mort, brandir des fourches et des rateaux contre des soldats francais qui avancent sur eux la baïonnette au canon. Le réalisateur a bien su rendre l´effroi que Goya a peint dans son plus que célèbre tableau Tres de Mayo.

Même si adolescent je ne savais communiquer mes sentiments, comme j´aurais voulu que mon père m´invite à voir L´éternel Retour de Cocteau et Delannoy ! Peut-être aurait-il voulu le revoir avec moi pour se replonger dans les années où il était encore assez jeune. Peut-être, même, m´aurait-il encouragé à lire la version de Tristan et Yseut qu´il possédait en me conduisant dans sa bibliothèque. 

Autant en hommage aux travaux de recherches des spécialistes du francais du haut Moyen-Âge qu´en souvenir de mon père, mort comme on sait en 1945, et qui aimait posséder des oeuvres dans la langue originale du moyen francais de Villon à Montaigne en passant par Rabelais et quelques autres, je tiens à citer la fin du Tristan et Iseut telle qu´on la trouve dans le manuscrit de Thomas :

  • Tristrans murut pur sun desir,
  • Ysolt, qu´a tens n´i pout venir.
  • Tristrans murut pur sue amur,
  • Et la bele Ysolt par tendrur.
  • Tumas fine ci sun escrit :
  • A tuz amanz saluz i dit.
  • As pensis e as amerus,
  • as emvius, as desirus,
  • As enveisiez e as purvers,
  • (A tuz cels) ki orunt ces vers.  
( Tristan et Iseut. Les poèmes francais. La saga norroise. Textes originaux et intégraux présentés, traduits et commentés par Daniel Lacroix et Philippe Walter. Livre de Poche no. 4521, Collection Lettres gothiques , 1989). ( ... / ... 13 )
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4 septembre 2007 2 04 /09 /septembre /2007 12:49

StGenouBldRabelais.jpg
[ 10 ] - Le Villon de mon père est un livre que je prends souvent. J´aime l´avoir en mains et sentir l´odeur un peu âcre des pages jaunies et piquées. Il s´ouvre automatiquement à une page où le nom du village de Saint-Genou dans l´Indre est souligné d´un trait de crayon ferme. C´est là que mon père est né un certain 24 décembre 1905. [ Ci contre : Saint-Genou vers 1900, avec au fond son abbatiale. ]

Villon écrit, au huitain XCIV du "Petit Testament " : "Filles sont belles et gentes / Demourantes à Sainct-Genou". L´édition de mon père date de 1867. L´introduction est d´un certain Pierre Jannet. Le style est désuet, ce qui donne du charme. Jannet, sans doute disciple et peut-être même émule de Taine, insiste davantage - comme il se doit pour l´époque - sur la vie que sur l´oeuvre de Villon, notamment sur la vie dissipée de l´étudiant pauvre. " En ce temps. comme plus tard, les étudiants étaient exposés à bien des tentations. Villon n´y sut pas résister." Et insensiblement, Jannet passe au côté mauvais garçon de Villon, comme s´il y avait une relation de cause à effet. En ce qui concerne Saint Genou, Jannet note cependant qu´il n´est pas certain que Villon soit passé à Saint Genou. 

Je ne sais ce que Villon était pour mon père. Ce qui est sûr, c´est qu´il l´a lu et annoté. Il y a dans la marge du volume qui est désormais le mien, un grand nombre de mots qui précisent en français moderne certains mots de Villon difficiles à comprendre aujourd´hui. Ce qui est sûr aussi, c´est que Villon est pour moi l´écrivain français qui a su le mieux parler de la mort, comme René Char, poète combattant et résistant , est celui qui a su le mieux parler des ténèbres, ayant assisté à la mort de nombreux résistants pendant la seconde Guerre mondiale. Villon écrit notamment dans le huitain XLI du "Grand Testament" : "La mort le faict fremir, palir, / Le nez courber, les veines tendre, / Le col enfler, la chair molir, / Joinctes et nerfs croistre et estendre. / Corps feminin, qui tant est tendre, / Polly, souef, si precieulx, / Te faudra-il ces maulx attendre ? / Ouy, ou tout vif aller ès cieulx." 

Pour ma part, je n´ai été à Saint-Genou qu´une seule fois dans ma vie, lors d´une après-midi accablante de chaleur, pendant l´été 1999 ; pour consulter pendant deux ou trois heures les actes d´état civil de la commune. C´ est alors que j´ai appris que Rabelais a bien connu Saint-Genou. Et je me suis mis à rêver d´une rencontre entre le mauvais garçon Villon effrayé par la mort  (1431-14??) de la fin du Moyen-Âge et le bon vivant Rabelais de la Renaissance vantant la dive bouteille (1494-1553). Mais que se seraient-ils dit ? Et où se seraient-ils rencontrés ? Dans une taverne bruyante et enfumée ? Ou dans la nef silencieuse d´une abbatiale envahie de l´odeur pénétrante de l´encens ?

C´est, je crois, lors de l´accouchement de Badelec, que Rabelais parle la première fois de Saint-Genou, quand Gargantua fait appel à " une horde de vieilles de Brisepaille, d´après Saint-Genou." - Autrement dit des sages-femmes. Rabelais précise en effet un peu plus loin . " L´une d´entre d´elles, ayant la réputation d´être grand médicine, vient de Brisepaille, un hameau près de Saint-Genou." 

On connaît la suite, c´est-à dire le " A boire, à boire ! " du fils Gargantua, et, dans un autre texte publié plus tard, les pleurs et les rires du père Grandgousier, oscillant entre la douleur d´avoir perdu sa femme Badelec, " [s]a mignonne, [s]´amie, [s]a tendrette, [s]a savate, [s]a pantoufle", et la joie d´avoir un fils " [s]on petit fils, [s]on peton" , riant soudain "comme un veau" après avoir pleuré "comme une vache".

Certains doctes universitaires rablaisiens ont voulu voir dans ce contraste une moquerie des discussions scolastiques sans fin et sans valeur sur la vie pratique ; à moins que ce ne soit les vaines dissertations littéraires sur la mort. Loin de moi de sous-estimer cette lecture entre les lignes. Plus me chaut le bon gros sens de Gargantua qui fait triompher la vie : des pleurs ne permettront jamais de ressusciter une morte, dût-elle s´appeler Badelec. Sa mort est irrémédiable. " Autant nous pend au nez ". Ce que Gargantua dit en ces termes : " Autant nous en pend l´oeil. Dieu gard´le demeurant. Il me faut penser d´en trouver une autre."

Personne mieux que Villon n´a parlé de la mort. Personne mieux que Rabelais n´a parlé de la vie. Qui de Villon ou de Rabelais aurait remporté la discussion s´ils avaient dû se rencontrer ? A supposer qu´ils se parlassent. Peut-être, tout compte fait, auraient-ils simplement dégoisé à la taverne du lieu, l´un disant : "Ho, ho, que nous sommes aise. Laissons toute mélancolie. Buvons! ". L´autre anticipant une replique célèbre : "Qu´il est facile de faire des contes ". 

Au point où j´en suis, je crois décent d´inviter Panurge, le rusé et apte à tout faire Panurge, au demeurant le meilleur fils du monde. Sophiste à tout rompre, bon à tout et propre à rien, il ne pourrait que conclure selon les termes qu´il a employés après l´achat puis la perte de son mouton : "  J´ai eu du passe-temps pour plus de cinquante mille francs": ( ... / ..11 ).


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1 septembre 2007 6 01 /09 /septembre /2007 11:43

Beaucoup de publicités m´énervent. Je les trouve presque toujours absconses et confuses. A moins qu´elles ne soient abstruses. Quoique, quelquefois... Le slogan d´une publicité de mon enfance est toujours dans ma mémoire : " Aux Galeries Lafayette, j´achète les yeux fermés". - "Quand je les ouvre, j´achète au Louvre". Elle fut retirée des ondes et à l´affiche après seulement quelques jours, ayant été condamnée pour concurrence déloyable : une publicité ne peut en effet mentionner le nom d´un concurrent. C´est en tout cas à la suite de la campagne des pastilles Valda contre la toux : "Va mal ..., Valda ..., Va bien ..." que j´ai délaissé les cachous Tartempion pour les valdas. Et j´aime toujours acheter l´apéritif à base de vin Dubonnet, même si je ne sais plus si c´est pour son bouquet, son étiquette, ses affiches dans les tunnels du métro parisien de mon enfance ou une certaine Tante Karen.

La publicité norvégienne que j´ai vue cette nuit pendant mon insomnie et le 50 kilomètres marche des championnats du monde 2007 d´athlétisme à Osaka (Japon), - au cours duquel le Francais Yohan Diniz a sauvé l´honneur de l´équipe de France en remportant une belle médaille d´argent -, n´est faite que d´images. Il n´y a donc aucun dialogue. Y a-t-il même un slogan ? Je ne saurais encore le dire. J´espère la revoir. Je ne me souviens même pas de la marque. Uniquement du produit. C´est donc qu´il lui manque quelque chose. Mais l´enchaînement des images était d´une belle truculence. Décapant à souhait, plein d´humour et d´ironie joyeuse. 
portable.jpg
Le produit est ce petit objet que tout le monde emporte avec soi où qu´on aille aujourd´hui, que ce soit les transports en commun,  le supermarché du coin ou même l´Opéra, et qu´on appelle portable. A moins que ce soit un mobile. Avec tous ces synonymes, je m´y perds un peu. Bref, un téléphone amovible si petit qu´il est parfois difficile de savoir où on l´a posé.

Un homme jeune en jeans, mal rasé et habillé d´une chemise à col ouvert , entre, hagard, dans la cuisine. Une femme s´y trouve, en robe de chambre, lisant le journal du matin. C´est donc l´heure du petit déjeuner. L´homme est visiblement tressé. Il n´a pas un mot pour sa compagne. Mais est-ce sa compagne ? Rien ne me permet de l´affirmer. Elle peut tout ausi bien être sa femme. La vaisselle n´est pas faite. Fébrile, il déplace avec une telle  brusquerie une assiette sur la table que celle-ci manque de tomber ; il déchire presque les pages du journal que la femme tient grand ouvert entre les mains ; il se précipite vers l´évier, et change de place en un clin d´oeil verres, assiettes et casseroles qui s´entrechoquent. La femme le suit du regard, non pas agacée, mais, me semble-t-il, amusée. Elle fint par se lever, très calme et maîtresse d´elle-même. Elle décroche le récepteur d´un téléphone mural au long fil torsadé, et compose calmement un numéro. L´homme est de plus en plus fébrile. Il arpente comme un fou en cage les quelques mètres carrés de la cuisine, et met sens dessus dessous  vaisselle, vêtements et autres objets de la  petite cuisine, quand tout à coup retentit deux ou trois fois un petit bip sonore. Interloqué, il s´arrête, et finit par localiser le son qu´il entend. Son portable était dans le frigidaire, entre le beurre et  un reste de poulet froid. Il se détend enfin et esquisse vers la femme une mimique en coin qui se veut sans doute un sourire. Mais il ne peut encore mettre son portable dans la poche de son veston déformé(e ?). Il lui faut d´abord sortir un tube entamé de caviar Mills. Sans un mot de remerciement, plus soulagé me semble-t-il que reconnaissant, il gagne la porte qui heureusement n´a pas claqué.

Je ne saurais dire si le sourire de la femme était amusé, indulgent, ironique, compatissant ou condescendant. Mais c´est en souriant qu´elle a reposé sur le socle accroché au mur le recepteur du téléphone au long fil torsadé.

Les portables d´au jour d´aujourd´hui (sic), ainsi que les téléphones de naguère et plus encore de jadis sont bien différents de ceux de mon enfance et de mes premières années en Norvège. L´image du couple dans la publicité aussi. Sans parler de celle de la femme, de la famille et de la place des grands-parents et de l´enfant dans la société occidentale d´aujourd´hui. Mais je ne peux supporter qu´un journal tabloïde norvégien à audience nationale utilise une gifle comme argument de vente. C´est, me semble-t-il, introduire dans la publicité une violence qui ne devrait pas avoir sa place. Qu´elle soit de plus en plus présente dans les médias et le cinéma me suffit. Une gifle est un aveu d´impuissance, non un "argument frappant" . Ce ne peut non plus être une réponse ou une lecon. Une gifle ne fera jamais rien comprendre.

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21 août 2007 2 21 /08 /août /2007 09:25

[ 8 ] - Les tragiques grecs étaient bien représentés dans la bibliothèque de mon père. Ce n´est cependant pas en les sortant de leurs rayonnages que je les ai lus l´un après l´autre. 

Les deux premiers que j´ai lus ont été le Prométhée enchaîné d´Eschyle et Oedipe Roi de Sophocle. J´étais alors au Lycée Berthollet d´Annecy. Je ne me souviens guère de Prométhée enchaîné, mais j´ai relu maintes et maintes fois Oedipe Roi. C´est cependant un peu plus tard, à 21 ou 22 ans, que j´ai commencé à vraiment tirer profit de mes lectures des principaux tragiques grecs. J´étais alors à Tours étudiant en Sociologie et avais comme enseignant  un éminent sociologue, Jean Duvignaud, également romancier, dramaturge, essayiste et journaliste. Il avait soutenu une thèse sur la Sociologie du Théâtre, et sa thèse complémentaire avait pour titre L´acteur, essai de sociologie du comédien. Grand lecteur et enseignant hors pair qui vous encourageait à lire les grands auteurs de la littérature mondiale, il avait des vues lumineuses sur l´opposition conflictuelle classique entre l´individu et la société, notamment sur le concept durkheimien d´anomie. Chez Durkheim, l´anomie apparaît lorsque, dans la division du travail, le conflit et la concurrence supplantent la coopération, et que les valeurs ou les buts qu´acceptent les hommes n´obéissent plus aux régles que la société leur impossent. Ce qui explique l´augmentation des suicides lors des crises  et les mutations sociales. Le suicide anomique, comme le dénome Durkheim, est donc une déviance, le signe d´un dérèglement des valeurs. Pour Duvignaud, l´anomie était beaucoup plus : elle était création de formes nouvelles, elle incitait l´individu à des sociabilités nouvelles. Antigone ne faisait pas que s´opposer aux règles écrites que dictait pour la circonstance son oncle Créon et tyran de la Cité, elle imposait des valeurs plus hautes que celles des hommes et des gourvernants, " des valeurs non écrites, inébranlables, celles des dieux." Cette affirmation, que Duvignaud répétait a satiété sous différentes formes et à maintes reprises, s´est gravée à jamais dans ma mémoire. Vingt et trente ans plus tard, alors enseignant de français et de littérature dans un lycée norvégien, j´ai répété à mon tour cette affirmation en mettant au programme l´Antigone d´Anouilh. Reste que chez Anouilh , la mort d´Antigone est plus qu´ambiguë.

Chez Sophocle, Antigone accomplit son destin. Sa détermination est sans faille face à la loi édictée par le Tyran, qu´elle juge inopportune. Le Choeur, qui représente les citoyens, soutient d´ailleurs Antigone. Il en est tout autrement dans l´Antigone d´Anouilh. " Toute la ville hurlante" réclame la mort de l´insoumise. Elle est seule, petite, maigre, mal attifée, hésitante. Elle est bien consciente au début de la pièce qu´elle n´est sans doute pas de taille à endosser un rôle aussi démesuré. Elle n´est encore qu´une enfant. Créon ne manquera évidemment pas de le lui rappeler. Mais prend-elle réellement conscience de sa mission ? On peut en douter. Quand Créon révèle à Antigone que Polynice, pour qui elle a enfreint la loi que Créon a édicté pour la circonstance, était une brute qui avait levé le poing contre son père, et que son frère Etéocle ne valait guère mieux, Antigone est ébranlée; peut-être pas totalement vaincue, mais suffisament désarçonnée qu´elle n´a pour toute réponse que cette phrase dérisoire : " Pourquoi m´avoir raconté cela ? " . Elle est donc encore la petite fille que son oncle a toujours connue. D´où sa résignation de somnanbule : " Je vais remonter dans ma chambre ". On est loin, très loin de l´Antigone de Sophocle

C´est alors que Créon  commet la faute impardonable de quitter son rôle de tyran pour prendre celui de père moralisateur donneur de bons conseils :  il lui décrit la vie qui l´attend, le mariage, son avenir avec Hémon, ainsi que les soirs où l´ "on grignote, assis au soleil." Et sûr de son expérience d´homme qui est arrivé, il ajoute que la vie n´est peut-être que cela : " un livre qu´on aime, ( ...) un enfant qui joue à vos pieds, un outil qu´on tient dans sa main, un banc pour se reposer le soir devant sa maison. (...) La vie, ce n´est tout de même que le bonheur."

Le malheureux ! Créon croyait décrire l´apaisement. Pour Antigone, loin de lui décrire la vie, Créon décrit l´usure. D´où le sursaut d´orgueil de l´adolescente qui surgit alors, et qui refuse d´un trait que le pauvre bonheur souille ce que jusqu´à présent a été son enfance : une soif d´absolu.

La première de l´Antigone d´Anouilh a eu lieu en février 1944. Les critiques de l´époque rapportent que la pièce a remporté un beau succès. Mon père aimait le théâtre et y allait souvent avec ma mère, emportant avec lui une paire de jumelles à l´étui vert pomme que j´ai toujours. A-t-il lu les critiques de l´époque ? A-t-il vu la pièce ? Je l´ignore. Aurait-il vu dans l´AntigoneAnouilh, comme beaucoup voulait le voir, une résistante à l´occupation nazie ? Aurait-il vomi que l´on fasse de Créon un politique qui cherchait à faire son métier et qui ne refusait pas de " retrousser les manches " comme un simple " ouvrier " ? Ou aurait-il estimé, vu le résistant qu´il était, qu`Antigone n´était qu´une petite fille qui casse le jouet de la vie en choisissant la mort comme elle le crie à sa soeur Ismème ? Et qu´aurait-il dit de l´aveu d´Antigone - que l´édition scolaire Bordas supprime - quand cette dernière écrit à Hémon devant un garde qui finit une chique : " Créon avait raison, c´est terrible, maintenant, à côté de cet homme, je ne sais plus pourquoi je meurs." .

Il est peut-être offensant d´insister sur cette réplique de l´Antigone d´Anouilh quand on connaît l´engagement de mon père. Aurait-il pressenti dans acte de résistant qui l´a fait arrêter alors que j´avais deux mois, qu´il accomplissait son destin ou au contraire qu´il dépassait absurdement ses limites d´être humain, de père et d´époux ?  A-t-il pressenti, au moment où la mort s´approchait dans le camp de concentration de Grandersheim, qu´il devenait ce qu´il avait  toujours voulu être, un homme qui s´était forgé lui-même ? Ou au contraire, le doute l´aurait-il pris comme il semble que cela soit le cas pour AntigoneAnouilh, et qu´il soit mort pour rien ?

En évoquant dans sa lettre à Hémon le petit garçon qu´ils auraient pu avoir, Antigone ajoute d´une voix brisée : " Je le comprends seulement maintenant combien c´était facile de vivre." Mais c´est désormais trop tard. Toutes les raisons qu´elle a tour à tour avancées se sont effondrées : ni l´accomplissement d´un rituel quelque peu dérisoire, ni l´affirmation de sa liberté d´être humain, ni le refus d´une vie reposant sur le mensonge et la compromission. L´AntigoneAnouilh est une oeuvre profondément enracinée dans le déroulement de toutes les incertitudes de son temps. Personne n´a mieux trahi Sophocle qu´Anouilh.

 

Il faut pourtant croire qu´Antigone n´est pas totalement morte pour rien. L´une de ses dernières phrases est répétée par le Choeur : " Sans la petite Antigone, vous auriez tous été bien tranquilles." Il faut donc croire à son importance. On peut, comme Ismène, se contenter de vouloir être éblouissante dans une nouvelle robe; on peut, comme sa Nounou, accepter de commencer sa journée en servant le café; on peut, comme les gardes, occuper les heures du jour à taper le carton. On peut, comme Créon, diriger un Conseil. Il n´empêche : sans la petite Antigone, on aurait tous été bien tranquilles. Pourquoi cette répétition? Pour souligner l´interrogation du temps : ce qui reste à l´homme des années troubles de 1940 comme à celui d´aujourd´hui devant le déclin des règles de conduite, c´est de pouvoir poser des questions quelque peu anomiques et d´accepter qu´il n´y ait aucune réponse claire. L´Antigone de Sophocle assumait son destin. L´Antigone d´Anouilh refuse la vie car elle y voit l´usure. Mais ce n´est pas un suicide : en ayant la certitude d´avoir dérangé notre tranquillité, elle survit et nous révèle en même temps que notre grandeur est désormais dans l´incertitude pour la simple raison que l´homme ne sera jamais uniquement ce qu´il s´est fait, mais qu´il est ce qu´il laisse dans la mémoire des autres, même s´il s´avère que l´ambiguité n´est pas absente.

Comme pour Antigone, il m´est difficile d´envisager que mon père soit mort pour rien; que son dernier acte de résistant soit un suicide déguisé. Il faut s´imaginer mon père heureux. J´accepte, comme Créon le dit calmement à son fils Hémon : " C´est cela, devenir un homme, voir le visage de son père en face, un jour." ( ... / ... 9 )

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28 juillet 2007 6 28 /07 /juillet /2007 05:19

[ 7 ] - Je n´ai lu aucun des nombreux auteurs latins traduits que possédait mon père. Je ne me souviens vraiment que de deux tomes reliés de Tacite, de couleur grise pour la couverture, brun clair pour la tranche, et d´or pour les lettres. J´ ai remis le tome pris à sa place après avoir lu tout au plus deux ou trois pages. C´est un camarade de classe qui m´avait incité à l´ouvrir, un latiniste passionné d´histoire. Les deux ou trois pages que j´ai lues ne m´ont pas permis de comprendre ce qu´il y trouvait. Quant aux citations latines de Montaigne, je me suis contenté, à seize ou dix-sept ans, des citations que je lisais dans les nombreux extraits du Lagarde et Michard. Les trois livres - ou trois tomes - qui se trouvaient dans la bibliothèque de mon père, n´ont, je crois bien, jamais été ouverts, que pour être reposés aussitôt. L´édition que j´utilise aujourd´hui est la dernière en date, celle de La Pléiade de 2007, aux notes lumineuses, et à l´introduction éclairante. J´y reviendrai sûrement plus tard dans ce blog.

De tous les auteurs latins que mon père possédait en traduction, je ne connais un peu qu´Ovide et Les Métamorphoses. Je l´ai découvert il y a une quinzaine d´années quand je donnais des cours  à L´OFNEC ( L´Office Franco-Norvégien d´Etudes et de Coopération ) de l´Université de Caen, notamment en préparant une ou deux heures sur Guillaume Apollinaire. J´avais alors acheté en édition de poche Les Métamorphoses pour vérifier une allusion. Sans le préciser, c´est  à Philémon et Baucis que j´ai pensés, quand j´ai écrit il y a quelques mois dans ce blog "Père et mère réunis ?".  Mon père n´est pas, comme Philémon, devenu un chêne ; ma mère, comme Baucis, n´a pas été métamorphosée en tilleuil. Ils n´étaient pas gardiens de temple. Ils ne sont pas morts en même temps. Aucun des deux ne croyait en Dieu ni aux dieux. Mais ils étaient tout l´un pour l´autre. Depuis que j´ai découvert, lors d´un recueillement auprès de ma mère au cimetière du Père Lachaise à Paris en décembre 1998, que La Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes ( = FNDIRP ) avait une stèle à quelques mètres de l´urne de ma mère, j´aime à imaginer qu´ils pensaient l´un à l´autre quand ils ont senti que la mort les saisissait : (...) Baucis voit Philémon se couvrir de feuillage ; Philémon voit s´ombrager la tête de Baucis ; tandis que l´écorce s´étend et les embrasse, ils se parlent, se répondent encore : " Adieu, cher époux ! Adieu, chère épouse !" Et l´écorce monte, les couvre, et leur ferme la voix"  (...)  [ Traduction (légèrement adaptée) de G.T. Villenave, Paris, 1806, Livre VIII) ]. ( .../..8 ).

( Le dessin ci-dessus représente Philémon et Baucis devant le temple construit pour eux ).

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22 juillet 2007 7 22 /07 /juillet /2007 03:47

[ 6 ] - Regrouper les livres de mon père et les premiers livres que je commencais à acheter n´était pas simple.

Les livres reliés et à tranches souvent dorées furent mis dans le meuble vitré servant à la fois pour ma mère de secrétaire et de bibliothèque. C´était un beau meuble que je me suis arrangé à donner à mon frère adoptif de 19 ans plus âgé que moi que je n´ai pas vu depuis des années ; en fait un cousin, puisqu´il est le fils du frère aîné de mon père. C´est dans les tiroirs du bas de ce meuble que ma mère rangeait tous ses papiers ainsi que les lettres que mon père lui envoyait. Je les ai toutes rassemblées dans plusieurs cartons que j´ai chez moi en Norvège depuis la mort de ma mère ; mais par pudeur, - et à l´exception d´une seule que je n´ai jamais terminée -, je n´en ai encore lu aucune.

La quasi totalité de ces livres reliés étaient vieillots et sales. Les titres et le nom des auteurs ne me disaient absolument rien. Beaucoup étaient des séries comportant chacune plusieurs volumes. Je ne me souviens que d´un seul nom et d´un seul titre : Paul Albert Histoire de la littérature latine. Je n´ai jamais vu ma mère les ouvrir. La dernière fois que je les ai eus dans la main , c´était pour les jeter définitivement. Les photos étaient quasi inexistantes, en noir et blanc, et, me semble-t-il me souvenir, d´un intérêt plus que limité.

Les livres de grands formats étaient aussi reliés. Ils étaient plus impressionnants les uns que les autres. Je les ai tous placés, avec l´asssentiment de ma mère, dans deux rayonnages verticaux faits tout exprès pour cela, des deux côtés de la grande fenêtre de la salle à manger qui donnait sur la rue. Ils formaient ainsi deux colonnes de savoir. Les différentes lumières de jour les éclairent de manières différentes selon qu´elles étaient celles du matin, de l´après-midi ou du soir. La lumière électrique les éclairait d´une lumière plus terne, mais les connaissances renfermées étaient les mêmes. Je pouvais sentir que ma mère ne les ouvraient jamais sans une certaine émotion. J´aime à imaginer que c´est un geste que mon père devait faire souvent quand il cherchait à vérifier un mot ou une notion. Certains jours de soleil, les poussières de l´air les imbibaient d´une aura mystérieuse. C´étaient des livres de référence, des dictionnaires, des encyclopédies, des livres dont ma mère faisait grand cas. C´est là que  se trouvaient deux ou trois énormes volumes d´une encyclopédie médicale. Je n´ai pratiquement jamais vu ma mère la consulter. Quand,  enfant, j´étais malade, elle faisait venir le docteur Lemeur (sic) qui avait son cabinet dans une rue tout près, - la rue Linois -, près de ma rue Beaugrenelle, qui donnait sur la Place Charles Michels. et presque sur la rue Saint Charles. Les explications qu´il lui donnait lui suffisait. C´est dans cette encyclopédie que j´ai cherché, adolescent, à comprendre l´anatomie du corps de l´homme et de la femme, notamment les organes sexuels. D´immenses planches, où dominait la couleur rouge, illustraient abondemment les textes. Elles me fascinaient, mais je n´arrivais pas à retenir les explications, car elles étaient toutes truffées de termes techniques trop savants pour moi. Les manques étaient aussi nombreux. Je me souviens particulièremnent d´un l´un d´entre eux. Je ne sais dans quel contexte j´avais lu ou entendu parler de fellation. Etait-ce une maladie ? Etait-ce une malformation ? Mystère. L´encyclopédie était muette. Je me suis alors rabattu sur un dictionnaire en deux volumes dont ma mère faisait grand cas. Rien. Le Petit Larousse était également muet. C´est alors que j´ai commencé à comprendre, sans rien demander à ma mère, ni même à en parler à mes camarades, qu´il devait s´agir d´autre chose. Je possède aujourd´hui le grand Littré en plusieurs volumes datant de 1881 ayant appartenu à mon père, un vieux Petit Robert en loques dont manque la date de parution, un joli Petit Larousse de 1959,  Le Grand Larousse encyclopédique en dix volumes avec 1960 comme date de parution pour le premier volume... Il n´y a toujours rien au mot fellation. Le Trésor de la Langue francaise que je consulte régulièrement sur le net est simple et clair. Il était temps. Il suffit aujourd´hui de taper le mot et de lancer n´importe quel moteur de recherche pour trouver aussitôt des millions de photos et mes milliers de videos qui illustrent le mot sans le définir. Qu´en est-il de la dernière édition révisée et mise à jour du Petit Robert, dont les arguments de vente sont de préciser haut et fort la date de première apparition du mot ? Aucune idée. Il va falloir que je me le procure, non pour compléter mon éducation sexuelle, mais pour mettre à jour mon vocabulaire informatique. Les cookies et boostez sont encore pour moi des mots fortement obscurs. Découvrir certains termes régionaux ne manquent pas de sel. Prendre connaissance des mots et expressions canadiens, suisses, belges, antillais et africains encore moins. 

Par malice je citerai à nouveau un vieux dictionnaire en deux volumes que je n´ai plus. Ma mère et moi le consultions souvent, jusqu´au jour où nous avons acquis Le Grand Larousse en dix volumes. Je cite la définition de mémoire. Je ne peux donc garantir tous les termes avec exatitude. Elle ne manque par de cocasserie : " Uranium : métal mou blanchâtre sans aucune valeur".

 

 

Parmi ces gros volumes reliés jetés, je n´ai qu´un seul regret : ne plus avoir un livre du géographe  Elisée Reclus. Les quelques pages que j´ai lues de lui sur la baie de Saint-Tropez - dont j´ai parlé par ailleurs ,-  étaient lumineuses. Comme la baie que j´ai vue deux fois quelques heures sous la neige avec un ciel bleu de rêve ( .../.. 7 ).

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