Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 août 2009 6 08 /08 /août /2009 12:32

Du Journal de voyage que, "à sauts et à gambades", Montaigne a dicté à son secrétaire en se rendant à Rome en 1580, je n´ai lu que ce que Philippe Sollers en a dit. C´est donc bien peu ; c´est même presque rien. Mais j´ai déjà commandé ce Journal. C´est dire, alors que je viens de passer dix jours à Rome, l´intérêt que la lecture des quelques lignes que Sollers a écrites a suscité en moi. Diable de Sollers

Ce n´est qu´en 1770 que ce Journal de voyage a été publié. Dès l´ époque, on l´a considéré dérangeant. C´est dire, selon son présentateur Sollers, qu´il donne de Montaigne une image que l´on ne s´attend pas à voir : plus respectueux que sceptique ; et même fervent catholique ; voire dévot ... , déposant aux pieds de la Vierge un ex-voto de famille qu´il avait dans ses bagages : - et comme aurait fait - note Sollers choqué - n´importe quel touriste pélerin trois siècles plus tard à Lourdes. Je n´en dirai aujourd´hui pas plus. Mais je demande à lire, avant de conclure trop vite.

Pour l´heure, je me contenterai du pittoresque des rues étroites, sinueuses et abritées du soleil que Montaigne a dû arpenter quand il a séjourné quelques jours à L´Hostaria dell´Orso. J´ai eu du mal a trouvé cette "Auberge de l´Ours" que vantait mon guide norvégien. J´ai même failli me laisser prendre tant le faux et le vrai se côtoyaient à chaque mètre, davantage attiré par l´enseigne accrocheuse d´une "hostaria l´orso 80" de la Via dell´Orso que la vraie Hostaria dell´Orso située à la Via dei Soldati ... J´aurais enfin pu dire à ma compagne : "Eccolo ... l´Orso !" Las ! À l´heure où je l´ai trouvée, l´auberge était fermée. Je n´ai donc pu m´attabler à l´ombre de Montaigne et
rêver aux cena ou colazione qu´il a dû prendre lors de son séjour dans cette auberge ; et moins  encore à ceux de Rabelais qui, quelques décennies avant lui, avait dîné ou soupé dans ce même lieu.

À défaut, j´ai revu, en marchant de mon pas parcimonieux à cause d´un dos qui me faisait atrocement souffrir, les rues de Sarlat, et imaginé comment Montaigne et La Boétie auraient pu sceller leur amitié en visitant ensemble la Rome qu´ils appréciaient tant. Mais, seul sans lui, et pièça passé quarante ans, que cherchait-il à Rome ? L´aval du Pape ? Où la confirmation de ce que la lecture des latins lui avait permis d´avoir ? "J´ai eu la connaissance des affaires de Rome longtemps avant que je l´aie eue de celles de ma maison. J´ai su le Capitole avant le Louvre et le Tibre avant la Seine". Difficile à vérifier, n´ayant encore lu son journal. 

Pour l´heure je ne tiens pas à oublier que Montaigne pouvait aussi être un simple voyageur autant soucieux du bien manger que du désir de soulager son corps qui lui donnait bien du souci à cause de la terrible maladie de la pierre qui souvent le terrassait. D´où son besoin de chercher des sources, des bains et des eaux salutaires capables atténuer ses peines à défaut de les guérir. Et plus encore, je ne veux oublier la curiosité qu´il manifestait toujours en voyage pour les moeurs et modes de vie qu´il découvrait autour de lui, qu´ils viennent de quelques grands du monde ou bien plutôt des petites gens, artisans, marchands et autres gens de peu. Flanqués de leurs ânes, chèvres ou cheval , ils ne manquaient sûrement pas de s´abreuver aux fontaines. Je ne sais depuis quand on jette par dessus son épaule une pièce dans la Fontaine de Trevi, dans l´espoir qu´un jour on revienne à Rome, mais je trouve cette coutume belle.

 

De tout ce que les Papes et richissimes familles ont fait pour leur postérité, ce que, à mon humble avis, je trouve de plus beau, ce sont leurs fontaines et leurs jets d´eaux où chacun peut s´abreuver. Si un jour je devais retourner à Rome, ce serait, à n´en pas douter, pour y boire l´eau rafraichissante de ses fontaines les plus modestes ; - avec le fol espoir de découvrir celle qui provient de la plus petite source, et que Virgile aurait pu chanter.

C´est tout pour aujourd´hui.
 
                  
                           '''''''''''''''''''''''''''''''''''''
[Photo 1 : Le Tibre, le pont Saint Ange, la Coupole du Vatican et à droite le Château Saint Ange ;
Photo 2 : L´Hostaria dell´Orso aujourd´hui ;
Photo 3 : L´Hostaria dell´Orso autrefois ;
Photo 4 : La Fontaine du Mascherone, Via Giulia, près de la villa Farnèse]

Repost0
21 juillet 2009 2 21 /07 /juillet /2009 08:21
L´été pour beaucoup est détente et lectures faciles. Pour ma part, dans les semaines qui vont suivre, je ne chercherai pas à me procurer une ou deux meilleures ventes. Je n´achèterai pas non plus des romans dits de plage ou de gare, 
mais sortirai de mes rayonnages plusieurs valeurs sûres. Ce qui n´engage que moi. Je ne peux cependant affirmer que je lirai beaucoup. J´irai à Rome. J´espère ne pas trop m´éparpiller. Mais que privilégier ? Cette ville à tant à livrer. Les ruines majestueuses et imposantes de l´Antiquité ? Les chefs-d´oeuvre de la Renaissance ? Le baroque luxueux et rococo des innombrables églises ? Le faste papal du Vatican ? Ou plus simplement la fraicheur reposante des eaux des fontaines ? Difficile à dire. Je souhaite en tout cas deux choses : ne pas trop rencontrer de touristes affublés de shorts et de tongs ; ni de vendeurs africains marchandant d´une main des faux sacs en cuir et de l´autre un masque dogon. Mais bien plutôt, au détour d´une rue ou d´escaliers conçus par Michel-Ange, de sentir, à défaut de vraiment comprendre, pourquoi Rome a toujours autant fasciné.



Repost0
15 juillet 2009 3 15 /07 /juillet /2009 15:29


Lecteur depuis l´adolescence, je suis relativement de près les dernières parutions, tous genres confondus. Mais j´avoue qu´un bon nombre d´ouvrages récents que certains critiques encensent ou que le grand public plébiscite me désolent profondément. Je préfère incontestablement approfondir les valeurs sûres et compléter mes lacunes en lisant enfin les auteurs que j´ai, par paresse, négligés, ou les oeuvres trop longtemps ignorées. Je ne donnerai aucun titre ni aucun nom, mais ils ou elles appartiennent aussi bien à l`Antiquité gréco-latine qu´au siècle dernier, et concernent toutes les époques et tous les continents. J´ai donc du pain sur la planche. Ce qui est loin de me déplaire. Mes journées ont besoin d´être remplies, mes nuits sont souvent longues à passer, et mon désir de lire est insatiable. Et puis, j´apprends ainsi à écrire.

Depuis peu, sur mon blog, "on" me sollicite à l´occasion. On souhaite notamment me citer. Pourquoi pas ? À vrai dire, me lit et me cite qui veut ; ce qui est sur le net ne m´appartient plus vraiment ; tout le monde et n´importe qui peut reprendre la phrase ou le paragraphe qui lui semble pertinent. Mon blog n´a jamais eu pour but essentiel - même si cela ne me déplaît pas - de me faire connaître à tous prix, mais de faire lire les oeuvres et les auteurs que je trouve dignes d´intérêt. Eventuellement, aussi, celles ou ceux que je n´ai pas aimés. Surtout si dans un commentaire on ajoute que j´ai été injustement sévère dans mon jugement. Mais je ne vois aucune utilité d´ajouter des notes aux billets que j´écris. Celles que je donne sur www.amazon.fr me suffisent.

C´est tout pour aujourd´hui. 


[illustration : Picasso Le Chef d´oeuvre inconnu]

Repost0
7 juillet 2009 2 07 /07 /juillet /2009 12:56
Le début de ce mois de juillet a été assez singulier. La chaleur était telle que l´on a frôlé la canicule, mais les spécialistes météo ont parlé d´un coup de chaud et refusé le mot que tout le monde employait. Ils ont eu raison : signes, présages, pressentiments et autres se sont ainsi accumulés au fil des derniers jours et l´orage a finalement éclaté, ce qui a rapidement fait baisser la température.

 Depuis lors, par intermittence, une pluie fine et chaude d´été adoucit l´atmosphère, ce qui permet aux roses de mon jardin du haut, entre entrée et fenêtre, de s´épanouir en toute splendeur ; elles montrent ainsi leur pure et limpide vigueur parmi le vert dru des feuilles. J´aime à penser que de cette façon elles retardent le début de leur déclin. Et par là même, de croire que mes roses sont semblables à certaines femmes dont quelques rides à peine esquissées autour des yeux et près des lèvres laissent à penser l´ardeur qui émanait sûrement d´elles du temps de leur pleine maturité.
Repost0
25 juin 2009 4 25 /06 /juin /2009 13:32
Les Allemands ont le tilleul.    
Il leur est naturel
de placer sous leur couvert
des bancs
et de s´y reposer,
pour converser familièrement
et d´oublier pour un moment
les chaleurs de l´été.

J´ai pour ma part un pommier.
Son port est rustique,
son auvent mal taillé ;
cela n´empêche
les oiseaux d´y aller.

Arceau de verdure
loin de toute rumeur
tu es commodité.

Repost0
21 juin 2009 7 21 /06 /juin /2009 11:32

Je relisais tôt ce matin de juin, à quelques heures de la Saint-Jean, Pan de Knut Hamsun, quand j´entendis soudain un bruit mat contre l´une de mes fenêtres de ma salle de séjour où j´aime lire. Je me suis approché, et pus voir une grive. Elle était certes un peu sonnée, tremblante sur ses pattes mais, à mon grand soulagement, elle ne gisait pas inerte. Sa queue et ses flancs étaient fortement tachetés de noir. Je pense donc qu´il s´agit d´une grive litorne.

J´osai, le plus lentement possible, ouvrir ma porte-fenêtre. La grive ne s´envola pas. Son oeil, terriblement mobile, ne cessait de m´observer. Je franchis alors le seuil de ma terrasse encore ruisselante de la pluie de la nuit, et m´assis sur le bras déjà sec d´une chaise de jardin. La grive m´observais toujours. J´osai me lever ; fis un premier pas ; en fis un second ; sortis ensuite de la poche de ma chemisette mon portable, m´accroupis le plus lentement possible, et pris deux photos en osant m´approcher encore plus près de la grive pour la seconde photo. Tassée sur les planches humides de ma terrasse, son attitude était certes craintive, mais elle restait fière et alerte. Son oeil ne cessait de me fixer. Au loin, j´entendais des tchatchatchat ou autres tra-tra. J´émis pour ma part un ou deux siiih allongés pas trop sonores. Elle bougea sa tête, et son oeil devint autre, bien que toujours aussi mobile et alerte.

Je fis un nouveau pas, mais, marchant sur un lacet que je n´avais pas noué, un claquement sec se fit entendre ; et la grive s´envola. 

De son puissant vol de grive, puissant et sans grandes ondulations, elle gagna le milieu du petit bois de bouleaux et de pins qui, ce matin, frissonnaient de vie sous le souffle du vent.

Je ne pouvais mieux commencer ma journée.
Repost0
10 juin 2009 3 10 /06 /juin /2009 12:39


C´était plein d´attente amusée que je m´étais procuré Critique amoureuse des FrançaisAlberto Toscano (Hachette-littérature, 2009, 281pages, 17 €). C´est avec grande difficulté que j´ai terminé son ouvrage, car il enfile à longueur de pages et sans vraiment faire rire les clichés et approximations qu´il voulait dénoncer. Je ne peux  m´en prendre qu´à moi-même : je n´ai fait que retrouver par écrit ses embrouillaminis et emberlificotages sans fin de ses interventions orales qu´il peut fournir, quand,  sur le plateau de Kiosque qu´anime Philippe Dessaint sur TV5Monde, est présente la Camerounaise Marie-Roger Biloa qui le titille sans fin pour le bonheur de tous.

Ce pamphlet se voulait réjouissant et dénoncer en souriant les petits travers des Français. Il enfonce le plus souvent des portes ouvertes.

 Les 48 courts chapitres qu´Alberto Toscano aligne sont plus décevants les uns que les autres. Les premiers sont relativement bien enlevés, notamment "Paris, capitale mondiale" ou encore la fameuse affirmation répétée à satiété par les seuls Français : "Les Champs Elysées, la plus belle avenue du monde". Ou encore, quand il brocarde le besoin qu´ont beaucoup de Français de se croire premiers en tout, notamment grâce à leurs vins, leurs fromages et leur cuisine.  Alberto Toscano s´essouffle malheureusement très vite. Il perd souvent de vue l´essentiel, et sort même, parfois, des contre-vérités. À vous de les repérer si le coeur vous en dit.

Alberto Toscano aime visiblement la France. Il aime aussi les Français, même si beaucoup l´agacent. Journaliste, il s´appuie un peu trop sur des sondages d´opinions publiés ici ou là ; - ou d´anciens numéros de Paris Match ou de L´Illustration. Ces publications sont à prendre uniquement pour ce qu´elles sont : la doxa de leur époque. Il cite avec amusement le Roland Barthes des Mythologies et Le Dictionnaire des idées reçues de Flaubert. C´est leur faire un bien grand honneur. Face aux faits, Alberto Toscano croit un peu trop au bien fondé de son bon sens ; c´est là son moindre défaut. Il ne semble pas connaître, de Michel Maffesoli, les Iconologies et idolatreries postmodernes. C´est à mettre à son cédit. Mais il aurait pu sans rougir s´appuyer sur son compatriote Umberto Eco et notamment l´excellent recueil d´articles que ce dernier a intitulé À reculons comme une écrevisse. Cet ouvrage s´en prend fort bien et dans tous les domaines au politiquement correct. Il n´est en rien démodé. Je vous le recommande chaudement. N´est pas Eco qui veut.

 

Alberto Toscano retrouve sa verve vers la fin de son livre, notamment dans son chapitre "Zidane avait raison". Pour lui, rien n´est plus faux. Je lui donne entièrement raison. Le coup de boule de Zidane ne peut être excusé. Ne pas répondre à une insulte par une gifle ou un coup de poing devrait faire partie aujourd´hui des données immédiates de la conscience comme des fondements de la métaphysique des moeurs

Repost0
6 mai 2009 3 06 /05 /mai /2009 12:42

J´ai récemment reçu d´un vieil ami américain de plus de quarante ans une magnifique carte postale d´Italie représentant le détail d´une fresque de la basilique Saint-Clément à Rome. J´ignore à quel étage de la basilique elle se trouvait, mais il s´agit sans doute de l´étage inférieur datant du IIIe siècle et qui donc, constitue les restes d´une maison privée dans laquelle certaines pièces pouvaient être destinées à accueillir un sanctuaire du dieu Mithra. Ce culte était alors concurrent du christianisme, et à ce titre il a été interdit en 391, comme toutes les autres religions païennes.

Grand amateur d´art et de littérature de tous les temps, mon ami m´a précisé, dans son excellent français écrit, qu´il avait pu admirer dans un musée archéologique de Naples de merveilleuses statues de marbre et de bronze retrouvées à Herculanum et Pompéi.

Par la même occasion, il déplorait, sans insister, la perte irréparable que le Vésuse avait dû causer lors de son éruption en 79 après J.-C. À vrai dire, je ne suis pas si sûr que cette catastrophe naturelle ait été si destructrice, - le nombre de morts mis à part ; j´ose même dire que ce pourrait être le contraire : le temps et les hommes sont souvent beaucoup plus destructeurs.

Lors des guerres de religion et plus tard pendant la Révolution française, un nombre considérable de statues dans les églises a été détruit par le fanatisme et la folie des hommes. À Lascaux, en Dordogne, c´est le gaz carbonique de la respiration des touristes qui est à l´origine de la rapide et inexorable altération des peintures pariétales vieilles de plus de douze à quinze mille ans. Et c´est pour rentabiliser le plus rapidement possible l´exploitation commerciale insensée du charbon que des investisseurs peu scrupuleux de l´environnement ont privilégié le dynamitage des sommets des monts carbonifères des Appalaches plutôt que le creusement des galeries souterraines. À ces fléaux, les guerres ont toujours été au premier plan, et ce, depuis toujours. Déjà en Egypte, six mille ans avant J.-C., les nouveaux Pharaons maîtres du pays ont fait décapiter sans vergogne les statues des Pharaons noirs de Nubie. Et cela, pour mieux asseoir leur pouvoir naissant...

Bref, la cendre crachée lors de l´éruption du Vésuve a probablement, mieux que tout autre chose, permis de sauver maintes mosaïques, fresques ou mêmes peintures ; comme par ailleurs, sans doute, le sable des déserts du Sud de l´Egypte. À l´opposé, ne parlons pas des Talibans, ces autres fanatiques de la modernité du Coran, qui n´ont pas hésité il n´y a pas si longtemps, à utiliser la dynamite et la vidéo pour montrer au monde ce qu´ils pensaient des représentations sculptées vieilles de deux ou trois mille ans ...

Ce billet, je l´ai classé dans la catégorie Réfexions de retraité. J´aurai pu, tout aussi bien, le placer dans la catégorie Humeurs d´un ronchonneur... C´est aussi, tout compte fait, ma manière à moi de parler d´actualités ...

Ce sera tout pour aujourd´hui.
Repost0
1 mai 2009 5 01 /05 /mai /2009 15:14


Trois de mes tulipes plantées autour d´un houx aux feuilles persistantes se sont ouvertes le 26 avril, fières et triomphantes. Elles ne pouvaient pas mieux faire en ce jour anniversaire. D´autres, depuis, s´épanouissent au soleil dès le matin pour se refermer, lentement, au bonheur du soir qui tombe.





Disposées autour d´un houx planté l´automne dernier pour associer volontairement la rigueur de l´hiver et le rouge éclatant de mai, elles portent à mes lèvres la terre des contraires, d´où sort aussi bien le perce-neige gracile que
 l´arbre centenaire.

                           * * *

 

Autres liens possibles :

  - myosotis

    - quelques fleurs

Repost0
11 avril 2009 6 11 /04 /avril /2009 13:45
J´ai, le 9 avril, fêté un anniversaire. Peu importe de qui. J´avais pour l´occasion, plusieurs jours auparavant, toiletté l´aire de mon jardin où, l´automne, j´avais disposé en rangs serrés, autour d´un houx à feuilles coriaces ornées de baies rouges depuis longtemps tombées, plusieurs bulbes de tulipes, de crocus et de narcisses. J´ose espérer que cela a servi : un premier crocus est apparu deux jours avant l´anniversaire. Sa fleur, terminale et solitaire, est toujours blanche et drue, avec, à peine esquissé, un bleuté très pâle qui la colore. Parmi le vert cru des feuilles oblongues et effilées des tulipes et des narcisses dont les fleurs se font attendre, ce seul crocus est bonheur de fermeté, un vrai "bonheur de jeunesse", et annonciateur, à lui tout seul, du printemps qui n´ose encore s´épanouir. Il s´émancipe pourtant, et s´épanche au soleil. Mais aucune autre fleur alentour n´a encore de boutons. Il me faut donc attendre, m´armer de patience, si je veux jouir plus pleinement de la magnificence du printemps...

Depuis longtemps déjà je ne cherche plus à résoudre cette énigme, identique chaque année et pourtant à chaque fois renouvelée, au cours de laquelle l´infiniment petit renaît sous une tonalité sans cesse différente, imperceptiblement. Ce bonheur est petit, mais il me suffit humblement. Mon désir est immense. J´y suis, chaque année, toujours un peu plus attentif.

Attendre simplement, - à défaut de comprendre.

                         ***

Liens possibles : - La poivoine 
                    - Ce peu de bruits

                         ***
[Illustration : Crocus vernus albiflorus]

Repost0

Présentation

  • : Souvenirs et impressions littéraires
  • Souvenirs et impressions littéraires
  • : Souvenirs et impressions littéraires (d´un professeur retraité expatrié en Norvège)
  • Contact

Recherche