Le Petit Robert nouveau 2008 est arrivé (2837 pages, 59 €). Il vaut sont pesant de mots nouveaux : 400 environ. On y trouve les plus récents anglicismes devenus universels comme les mots puisés dans la littérature francophone de tous les horizons : Belgique, Luxembourg, Suisse, Afrique, Québec et Antilles. Pierre Assouline, dans sa récente chronique intitulée "De quoi se miner le plot", en a cité quelques uns. Je ne vais pas les répéter ici.
La première édition de Petit Robert date de 1967. Mon exemplaire datait de 1970. C´est dire sa vétusté, ou plutôt son caractère osbolète. Je suis loin d´être féru d´informatique, mais je ne peux ignorer sans dommages les hypertexte, cookies, booster et spam si je veux améliorer l´évolution de mon blog rank. N´ayant pas non plus l´édition revue et augmentée de 1993, j´avais donc recours aux divers dictionnaires que l´on peut trouver sur le net, notamment Lexilogos. Mais lire la seule définition me laisse sur ma faim. J´ai besoin de connaìtre l´étymologie, l´estimation de la première date écrite du mots, et plus enccore les citations d´écrivains plus récents que Bernardin de Saint-Pierre ou Anatole France pour illustrer la définition du mot. Je me suis donc fendu de 59 €, sans compter les frais de port, pour me faire livrer à domicile la dernière édition, celle de 2008. Je ne l´ai que depuis un petit mois. Je ne le regrette pas.
J´ai trouvé les anglicismes informatiques que je commence enfin à comprendre. La préface de 1993, qui date déjà, en donne quelques uns. Elle explique également la formation des plus compliqués d´entre eux par ce que les linguistes appellent l´acronymie; plus besoin de se casser la tête : le blog. s´y trouve. Les dernières pages sont plus qu´instructives : elles citent un certain nombre de locutions et allusions familière passées dans la langue courante comme se faire une toile ou des slogans dont on ne sait plus très bien d´où ils viennent comme touche pas à mon pote. Je révèle par ces exemples que je ne suis pas tendance : je suis hors saison.
Quelques petits regrets : je n´ai pas trouvé autologue pour désigner le type de transfusion sanguine - et donc de dopage - que pratiquent certains sportifs quand ils utilisent leur propre sang; ni le sympathique bouscateur pour moteur de recherche. Kamichi non plus. Kami quoi ? Il était dans mon vieil exemplaire sale et déchiré de 1970 : grand oiseau noir échassier d´Amérique du Sud, mot indien du Brésil, 1741. On le trouve notamment dans Buffon. Je trouve un peu dommage qu´on l´ait supprimé. Je n´ai pas non plus trouvé airial qu´utilise avec bonheur Jean-Paul Kaufmann dans La maison de retour ( NiL-éditions, 2007 ) : ni jardin ni parc, un airial désigne dans les Landes un espace vaguement engazonné, non clôturé, peuplé d´arbres centenaires. Soyons patient. Mais j´ai aimé trouver souillarde, avec une citation de Perec.
Je dois faire part d´une immense déception, toute personnelle il est vrai : emmerdant est toujours daté de la fin du XIXe siècle. Quelle erreur ! J´ai découvert depuis plus de vingt ans que cet adjectif est bien plus ancien. On le trouve dans une lettre que Flaubert écrit à son ami Ernest Chevalier le 28 septembre 1834. Il a treize ans. Si le Flaubert d´alors l´écrit de sa province, c´est que le mot existe depuis belle lurette dans le vocabulaire francois. J´aimerais qu´un lexicographe du futur le mentionnât, que la citation soit tronquée ou non : " Voici la rentrée qui t´arrive avec son air emmerdant et guindé". Ce serait rendre justice à cet énhaurme homme-plume qu´est Flaubert, pourfendeur comme on sait des idées chic et recues, que de citer son tonitruant emmerdant de gamin de 13 ans. Ce même Flaubert qui écrivait : " Je voudrais que la grammaire soit au diable et non pas fût ". Comme l´écrit Alain Rey dans sa postface de 2006, " le francais le mérite ".
P.S. Alain Rey n´a pas modifié la définition du mot décolonisation. Il a bien fait.