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1 septembre 2007 6 01 /09 /septembre /2007 11:43

Beaucoup de publicités m´énervent. Je les trouve presque toujours absconses et confuses. A moins qu´elles ne soient abstruses. Quoique, quelquefois... Le slogan d´une publicité de mon enfance est toujours dans ma mémoire : " Aux Galeries Lafayette, j´achète les yeux fermés". - "Quand je les ouvre, j´achète au Louvre". Elle fut retirée des ondes et à l´affiche après seulement quelques jours, ayant été condamnée pour concurrence déloyable : une publicité ne peut en effet mentionner le nom d´un concurrent. C´est en tout cas à la suite de la campagne des pastilles Valda contre la toux : "Va mal ..., Valda ..., Va bien ..." que j´ai délaissé les cachous Tartempion pour les valdas. Et j´aime toujours acheter l´apéritif à base de vin Dubonnet, même si je ne sais plus si c´est pour son bouquet, son étiquette, ses affiches dans les tunnels du métro parisien de mon enfance ou une certaine Tante Karen.

La publicité norvégienne que j´ai vue cette nuit pendant mon insomnie et le 50 kilomètres marche des championnats du monde 2007 d´athlétisme à Osaka (Japon), - au cours duquel le Francais Yohan Diniz a sauvé l´honneur de l´équipe de France en remportant une belle médaille d´argent -, n´est faite que d´images. Il n´y a donc aucun dialogue. Y a-t-il même un slogan ? Je ne saurais encore le dire. J´espère la revoir. Je ne me souviens même pas de la marque. Uniquement du produit. C´est donc qu´il lui manque quelque chose. Mais l´enchaînement des images était d´une belle truculence. Décapant à souhait, plein d´humour et d´ironie joyeuse. 
portable.jpg
Le produit est ce petit objet que tout le monde emporte avec soi où qu´on aille aujourd´hui, que ce soit les transports en commun,  le supermarché du coin ou même l´Opéra, et qu´on appelle portable. A moins que ce soit un mobile. Avec tous ces synonymes, je m´y perds un peu. Bref, un téléphone amovible si petit qu´il est parfois difficile de savoir où on l´a posé.

Un homme jeune en jeans, mal rasé et habillé d´une chemise à col ouvert , entre, hagard, dans la cuisine. Une femme s´y trouve, en robe de chambre, lisant le journal du matin. C´est donc l´heure du petit déjeuner. L´homme est visiblement tressé. Il n´a pas un mot pour sa compagne. Mais est-ce sa compagne ? Rien ne me permet de l´affirmer. Elle peut tout ausi bien être sa femme. La vaisselle n´est pas faite. Fébrile, il déplace avec une telle  brusquerie une assiette sur la table que celle-ci manque de tomber ; il déchire presque les pages du journal que la femme tient grand ouvert entre les mains ; il se précipite vers l´évier, et change de place en un clin d´oeil verres, assiettes et casseroles qui s´entrechoquent. La femme le suit du regard, non pas agacée, mais, me semble-t-il, amusée. Elle fint par se lever, très calme et maîtresse d´elle-même. Elle décroche le récepteur d´un téléphone mural au long fil torsadé, et compose calmement un numéro. L´homme est de plus en plus fébrile. Il arpente comme un fou en cage les quelques mètres carrés de la cuisine, et met sens dessus dessous  vaisselle, vêtements et autres objets de la  petite cuisine, quand tout à coup retentit deux ou trois fois un petit bip sonore. Interloqué, il s´arrête, et finit par localiser le son qu´il entend. Son portable était dans le frigidaire, entre le beurre et  un reste de poulet froid. Il se détend enfin et esquisse vers la femme une mimique en coin qui se veut sans doute un sourire. Mais il ne peut encore mettre son portable dans la poche de son veston déformé(e ?). Il lui faut d´abord sortir un tube entamé de caviar Mills. Sans un mot de remerciement, plus soulagé me semble-t-il que reconnaissant, il gagne la porte qui heureusement n´a pas claqué.

Je ne saurais dire si le sourire de la femme était amusé, indulgent, ironique, compatissant ou condescendant. Mais c´est en souriant qu´elle a reposé sur le socle accroché au mur le recepteur du téléphone au long fil torsadé.

Les portables d´au jour d´aujourd´hui (sic), ainsi que les téléphones de naguère et plus encore de jadis sont bien différents de ceux de mon enfance et de mes premières années en Norvège. L´image du couple dans la publicité aussi. Sans parler de celle de la femme, de la famille et de la place des grands-parents et de l´enfant dans la société occidentale d´aujourd´hui. Mais je ne peux supporter qu´un journal tabloïde norvégien à audience nationale utilise une gifle comme argument de vente. C´est, me semble-t-il, introduire dans la publicité une violence qui ne devrait pas avoir sa place. Qu´elle soit de plus en plus présente dans les médias et le cinéma me suffit. Une gifle est un aveu d´impuissance, non un "argument frappant" . Ce ne peut non plus être une réponse ou une lecon. Une gifle ne fera jamais rien comprendre.

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