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29 juin 2007 5 29 /06 /juin /2007 07:36

Je truffe souvent mes contributions personnelles de citations diverses d´auteurs que j´aime et qui m´ont formé à penser peu à peu. Peut-être aussi par besoin d´étai, ayant peine à penser par moi-même. Adolescent, à l´heure où l´on ne s´éveille plus seulement à la vie comme dans la petite enfance mais à la pensée d´autrui, j´avais apprécié à sa juste valeur le Montaigne présenté par mes professeurs de Lettres et les extraits que je pouvais trouver ici et là. Autant lui-même que ses multiples citations latines. Mon latin est dérisoire et dois se contenter du peu qui me reste ; c´est-à-dire presque rien. Il n´empêche que mes souvenirs lointains et très morcellés de Montaigne sont bien ancrés dans ma mémoire, en particulier l´usage qu´il fait de la citation : il ne cite pas pour seulement le plaisir de citer, mais il commente chacune d´elle, la fait souvent sienne pour illustrer et soutenir son propos, se l´approprier sans rechigner, mais souvent aussi pour la rejeter, du fait de l´expérience acquise lors de ses voyages de jeunesse, au cours des ans au Parlement de Bordeaux, et puis de ses propres réflexions d´homme ayant pièca passé quarante ans.

Je ne sais plus dans quel livre et chapitre il dit citer autrui comme il joue de la paume. Il recoit la balle qu´on lui envoie, mais il cherche à la renvoyer mieux pour marquer le point et gagner la partie. Je n´ose faire de même avec les citations que ma mémoire m´a laissées en tête, ou les nouvelles que je découvre au gré de mes lectures récentes fort sélectives et que je m´efforce de choisir avec quelque discernement, car je tiens par dessus tout à en tirer profit : je lis par passe-temps, non pour passer le temps. J´ai autrefois noté dans divers cahiers et carnets maints passages et maintes citations d´écrivains surtout francais qui me donnaient à réfléchir. Je ne les ai pratiquement jamais consultés. Depuis que je m´efforce à rassembler quelques souvenirs et impressions, certaines me reviennent sans trop savoir pourquoi celles-ci plutôt que celles-là. Elles suffisent à mon bonheur du moment. Je cherche cependant toujours à vérifier autant que faire leur exactitude. Ainsi récemment d´une citatation latine que j´ai entendue lors de l´enterrement d´un connaisance de longue date qui savait écrire et s´exprimer : Jo Tenfjord sur qui on peut lire quelques lignes sur mon blog. Je n´ai saisi sur le moment que deux mots : Navigare et vivare. Mais pour être sûre de se faire comprendre, cettre très vieille dame fière de son latin de ses années de formation, répéta sa ctitation en la traduisant : -" L´important n´est pas de vivre mais de naviguer". Quel rapport pouvait bien avoir cette citation inconnue de moi avec la vie d´un femme de presque 90 ans que l´on enterrait ? Et pourquoi soutenir que le plus important serait de naviguer au lieu de vivre ? Qui pouvait bien avoir dit  ou écrit cela ? Qui en était l´auteur ?

Internet a du bon : L´auteur n´est autre que Pompée, le général de César que César lui-même vainquit à plus tard à la Bataille de Pharsale. Diable ! Mais que peut bien nous dire aujourd´hui cette phrase ? Quand et à propos de quoi a-t-elle été prononcée ? Mystère. Que cette phrase soit latine du temps de César et du Grand Pompée ne laisse pas d´impressionner, surtout lorsqu´on la cite en latin : Navigare necesse est, vivare non necesse este. Reste qu´elle ne me dit rien. Plus : je la trouve sans fondement. J´en appellerai à Montaigne, que je relis systématiquement depuis peu dans la nouvelle édition de La Pléïade : Un suffisant lecteur descouvre souvent ès escrits d´autruy, des pecfections autres que celle que l´autheur y a mises et appercues, et y preste des sens et des visages plus riches" . Comment mieux dire ? Je ne sais ce que cette vieille dame citant Pompée peut trouver  dans cette citation. J´ai beau retourner son oeuf en tous sens, je n´y trouve rien qu´une coquille vide. Que peut signifier aujourd´hui la nécessité de privilégier plutôt la navigation à la vie elle-même qu´une femme de 90 ans avait bien remplie ? La vieille dame ne s´est pas expliquée là-dessus. et m´a laissé bien perplexe avec son oeuf pondu. Citer aujourd´hui du latin fait savant. Reste que citer à bon escient et avec profit pour soi-même et autrui n´est pas si aisé. Comme Du Bellay, que Montaigne cite aussi parfois : Je hay par sur tout un scavoir pédantesque. Montaigne quant à lui m´a enseigné et m´enseigne plus enccore que je le relis lentement, que savoir n´est pas sagesse. Faut-il encore savoir tirer parti de sagesse. Finalement, pour garder la métaphore de la navigation que je peux effectivement considérer nécesaire pour mener à bien toute  vie, je citerai encore Montaigne qui s´appuie sur Sénèque : il s´agit non de parler, mais de tenir le gourvernail ( = Non est loquendum, sed gubernandum. Autant aussi citer Platon, plus simple en son propos : l´essentiel n´est pas de vivre mais de bien vivre. Entre nous soit dit.

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commentaires

M
Ce dont j\\\'ai compris de Montaigne, en substance, c\\\'est qu\\\'il fallait voyager et comprendre les autres avant d\\\'emettre un avis. C\\\'est peu mais c\\\'est déjà énorme...
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