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23 mars 2010 2 23 /03 /mars /2010 13:50
PuvisDeChavannes
Contrepoids à l´instant qui passe, Le pauvre pêcheur de Puvis de Chavannes (1824-1898)
date de 1881. Il a eu de nombreux détracteurs. Mais Seurat et Gauguin, puis plus tard Picasso, l´ont beaucoup apprécié.

Le pêcheur tourne ostensiblement le dos à l´enfant insouciant qui dort et à la femme agenouillée qui cueille des fleurs. Suffit-il cependant de se détourner de l´instant fugitif qui passe pour trouver sérénité et saisir une pensée qui vaille qu´on s´y attarde ?
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20 mars 2010 6 20 /03 /mars /2010 10:21
En cette journée mondiale de la poésie, ce poème :

OeilDilaté1
Désormais en alerte     
et traqué                               

La mort n´est pas loin

Oeil de cendre
oeil ouvert dilaté

Implorant




Liens :
 - Un "chantier de poème" avec Poezibao et Maryse Hache
    - Mer Vent Pluie de Florence Trocmé (Poezibao) 
        - Picasso Autoportrait au crayon (1972)
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19 mars 2010 5 19 /03 /mars /2010 13:07
En attente du printemps qui par chez moi tarde à venir, ce poème de René Char pour conjurer le froid pénétrant qui ne cesse d´opérer :

                       LE MARTINET

Le Martinet aux ailes trop larges, qui vire et crie sa joie autour de la maison. Tel est le coeur.
MartinetNoir
Il dessèche le tonnerre. Il sème dans le ciel serein. S´il touche au sol, il se déchire.
Martinet2
Sa repartie est l´hirondelle. Il déteste la familière. Que vaut dentelle de la tour ?

Sa pause est au creux le plus sombre. Nul n´est plus à l´étroit que lui.

L´été de la longue clarté, il filera dans les ténèbres, par les persiennes de minuit.
                                                                               FolonlesOiseaux
Il n´est pas d´yeux pour le tenir. Il crie, c´est toute sa présence. Un mince fusil va l´abattre. Tel est le coeur
.
  in Fureur et mystère, Gallimard, 1948

[Illustration ci-contre : Jean-Michel Folon  Les oiseaux]
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18 mars 2010 4 18 /03 /mars /2010 12:48
Sans commentaire, cet avant dernier poème en prose de La nuit remueHenri Michaux :

                                            ICEBERGS
CasparDFriedrichMerDeGlace
Icebergs, sans garde-fou, sans ceinture, où de vieux
cormorans abattus et les âmes des matelots morts récemment viennent s´accouder aux nuits enchanteresses de l´hyperboréal.
ArcticcathedralTroms
Icebergs, Icebergs, cathédrales sans religion de l´hiver éternel, enrobés dans la calotte glaciaire de la planète Terre.
   Combien hauts, combien purs sont tes bords enfantés par le froid.

Icebergs, Icebergs, dos du Nord-Atlantique, augustes Bouddhas gelés sur des mers incontemplées, Phares scintillants de la Mort sans issue, le cri éperdu du silence dure des siècles.
                                                                                  TromsøPolaria
Icebergs, Icebergs, Solitaires sans besoin, des pays couchés, distants, et libres de vermine. Parents des îles, parents des sources, comme je vous vois, comme vous m´êtes familiers ...
                                                               
(1934)         
                                                                                                                                         

[llustration 1 : Caspar David Friedrich Mer de glaces (1823-1825);
illustration 2 : L´église de Tromsdalen dite la cathédale mer de glaces ; Architecte : Jan Inge Hovig (1965) :
illustration 3 : Tromsø : Polaria ]
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17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 13:04
Telle l´allumette, la vie, rapide, éphémère, va vers sa disparition :

              L´ALLUMETTE

Le feu faisait un corps à l´allumette.                 
Un corps vivant, avec ses gestes,                       Allumette
son exaltation, sa course, son histoire.
Les gaz émanés d´elle flambaient,
lui donnaient ailes et robes, un corps même :
une forme mouvante,
émouvante.

Ce fut rapide.

La tête seulement a pouvoir de s´enflammer, au contact d´une réalité dure,
-- et l´on entend alors comme le pislolet du starter.
Mais dès qu´elle a pris,
la flamme,
-- en ligne droite, vite et la voile penchée comme un bateau de régate --
  parcourt le petit bout de bois.

qu´à peine a-t-elle viré de bord
finalement elle laisse
aussi noir qu´un curé.
                     
Francis Ponge
Autres liens :
 - "Petit" d´Henri Michaux

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12 mars 2010 5 12 /03 /mars /2010 14:05
Regrets ? Désenchantements ? À vous de juger :

              RONDEAU
(Charles d´Orléans [1391-1465])

Quant je fus prins ou pavillon
De ma dame tresgente et belle                CharlesdOrléans
Je me brulé a la chandelle
Ainsi que fait le papillon

Je rougis comme vermillon
Aussi flambant qu´une estincelle
Quant je fus prins ou pavillon


Si jeusse esté esmerillon
Ou que j´eusse eu aussi bonne aille
Je me fusse gardé de celle
Qui me bailla de l´aiguillon
Quant je fus pris ou pavillon

Quand je fus pris au filet / De ma dame si séduisante et belle / Je me brûlai à la chandelle / Ainsi que le papillon // Je devins de rouge vif / Aussi brûlant qu´une étincelle / Quand je fus pris au filet // Si j´avais été petit faucon / ou si j´avais eu une aussi bonne aile / Je me serais bien gardé de celle / Qui m´a piqué de son aiguillon / Quand je fus pris au filet.

Autre lien :
 - Passeurs de mémoire
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10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 12:42
Désenchantements
Je me contenterai en ce mardi 10 mars 2010, sans doute dans l´espoir un peu vain de conjurer une morosité malsaine de
plusieurs jours, une courte citation du Livre de l´intranquillité de Fernado Pessoa-Bernardo Soarès :

"Je vois clairement aujourd´hui que j´ai échoué, et je m´étonne seulement, parfois, de n´avoir pas prévu que j´allais justement échouer. Qu´y avait-il donc en moi qui annonçât une victoire ? Je n´avais ni la force aveugle des vainqueurs, ni la vue pénétrante des fous ... J´étais lucide et triste comme une journée glacée."
  Le livre de l´intranquillité.
(Début du fragment 319)
  
Liens possibles :
 -
De Pessoa-Soarès : un extrait
   - Du même Pessoa-Soarès : un fragment

[Illustration : Pascale Camus-Walter Calligraphie aquarellée]
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6 mars 2010 6 06 /03 /mars /2010 09:55
IrvinYalom1
Le roman Et Nietzsche a pleuré du psychiatre
Irvin D. Yalom est certes plaisant, mais quelque peu gratuit, et donc finalement, un peu décevant (Galaade Editions, 2007, 430 pages, 24 €; première édition aux Etats-Unis :1992). IrvinYalom2Il imagine, dans les derniers mois de l´année 1882, la rencontre fictive de Nietzsche avec Josef Breuer, le mentor de Freud. Fort bien. Une lettre de l´ entourage du philosophe prouve que cette rencontre aurait pu avoir lieu. Et que Lou Salomé, inquiète de la santé mentale de Nietzsche, aurait pu être à l´origine de cette rencontre. L´hypothèse est séduisante. Elle montre que l´imagination romanesque du Dr. Irvin D. Yalom est féconde, mais cette réécriture des premières années de l´histoire de la psychothéraphie tourne un peu à vide.

Les dialogues entre Nietzsche et Breuer sont brillants; et plus encore ceux entre Breuer, médecin déjà reconnu et le jeune Freud, passionné par le sens que le rêve doit avoir dans la vie du dormeur. Ce dernier convainc Breuer - qui s´est occupé durant l´année 1882 du traitement médical de Bertha Pappenheim, plus connue sous le nom d´Anna O. - de signer avec Nietzsche un pacte leur permettant de s´aider mutuellement, et de se guérir de l´angoisse et du désespoir qui les étreignent devant la mort ; - y compris de la peur de vieillir. Ainsi que des sentiments plus diffus mais bien présents pour tout homme entrant dans la quarantaine : la perte de ses illusions, les compromis que la nécessité de la vie a dû lui faire prendre, les désillusions du mariage, la nécessité de réfréner ses désirs. On voit ainsi s´élaborer entre eux un vrai climat de confiance ; - et l´on comprend que ce lien sera à l´origine de ce qui plus tard sera non seulement les droits du patient mais aussi les prémices de la cure psychanalytique, joliment appelée dans ce roman "cure par la parole". L´attention que chacun porte à l´autre est belle ; le désir de se comprendre soi-même en se livrant devant autrui aussi. C´est donc une belle présentation de ce qu´on peut appeler l´introspection psychologique. Mais le meilleur du roman est à mon sens ailleurs : dans la résistance que les deux hommes développent pour cacher ce qui leur tient le plus à coeur.

Ce roman, malgré ses longueurs, est donc à lire. Mieux qu´un texte théorique, il fait  bien comprendre pourquoi les résistances dans une cure peuvent être aussi nombreuses. Mais celui ou celle qui connaît un peu l´histoire de la psychothérapie ou de la psychanalyse n´apprendra vraiment rien de nouveau. Il en est de même pour qui connaît un peu la vie et la pensée de Nietzsche.
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2 mars 2010 2 02 /03 /mars /2010 14:05
Cher Papa,
VanGogh2En ce 2 mars 2010, deux jours après le 28 février, je ne citerai que ce poème de Paul Celan  :

RESTER LÀ, TENIR, dans l´ombre
de la cicatrice en l`air.

Rester là, tenir, pour-personne-et-pour rien.
Non-connu de quiconque,
pour toi,
seul.

Avec tout ce qui en cela possède de l´espace,
et même sans la
parole.

Par respect pour la langue de Paul Celan, je joindrai à cette traduction française de Jean-Pierre Lefebvre le poème original en allemand :

STEHEN, im Schatten                        
des Wundenmals in der Luft.             VanGogh3

Für-niemand-und-nichts-Stehn.
Underkannt,
für dich
allein.

Mit allem, was darin Raum hat,
auch ohne
Sprache.

Et j´ajouterai, en regard, la traduction en néo-norvégien du poète Olav H. Hauge :
VanGoghIris
STÅ i skuggen
av sårmerke i lufti.

Stå for ingen-og-ingenting.
Ukjend,
for deg,
åleine.

Med alt der er rom for i det,
jamvel utan
ord.

Je t´embrasse.

Ton fils Bernard

[Illustrations 1, 2 et 3 : Van Gogh  Iris]
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17 février 2010 3 17 /02 /février /2010 13:10
SembrasserAParis
Où s´embrasser à Paris
de Thierry Soufflard (Parigramme, 2002, 109 pages)
est charmant au possible. Et pour permettre à ceux et celles qui ne doutent pas que Paris est par excellence la capitale romantique du monde ...  ( rien que ça ! ) il donne les adresses d´un grand nombre de lieux où l´on peut se faire des bisous, se rouler un patin ou se lécher le museau.

Les lieux ne manquent pas. Cela peut donc être sur les bancs publics, tout près du Pont Neuf ou dans n´importe quel square de quartier. Mais ça peut être aussi dans certains cafés célébres tel les Deux MagotsJean-Sol Partre et sa Simone se rencontraient pour écrire, mais que déjà, bien avant eux, Verlaine et Rimbaud fréquentaient, ainsi que plus tard,  Breton et de bien d´autres encore. À moins que l´on préfère Le Procope de Voltaire et Diderot. Ou encore Le Lapin Agile de Max Jacob et Roland Dorgelès. Pour les fines bouches ou les boivent sans soif, les tentations sont immenses. Je n´ose en parler.

Ces quelques lieux mentionnés ici ne sont que des amuse-gueule. Reste les amateurs de photos archi célèbres genre Robert Doisneau avec son "baiser de l´Hôtel de Ville"ou des plus grands films tournés ou non à Paris. Les cinémas ne manquent pas pour se bécoter, se faire des baisers furtifs ou de petits poutous. À vous de les trouver, que ce soit aux Champs Elysées, BaisersVolésdans les salles du Quartier Latin ou celles exclusives d´Art et d´Essai. Le Louvre et Le Musée Rodin ne sont pas mal non plus. Tout dépend de vos goûts et de vos centres d´intérêts. Villon, déjà, chantait ses mérites et ses attraits. Et pour Montaigne, de toutes les villes qu´il avait connues, Paris était celle qu´il aimait le plus "tendrement, jusques dans ses verrues et à ses taches." Alors ? N´hésitez pas : cet opuscule est parfait pour qui rêve ou projette une escapade à Paris.
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