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9 octobre 2010 6 09 /10 /octobre /2010 11:46

CezannePommes

En cet automne sauvage et glacial, quoi de mieux que ces pommes de Cézanne, aux formes apparemment si semblables mais de couleurs si diverses comme le sont les notes de la gamme.

 

Lien :
 - Rilke et Cézanne

 

[Illustration : Cézanne Pommes (vers 1877-1878)]

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8 octobre 2010 5 08 /10 /octobre /2010 12:33

Le primat de la forme a toujours été premier chez Yves Bonnefoy. Son dernier ouvrage Raturer outre le prouve à nouveau (Galilée, 2010, 42 pages, 13 €).  Il adopte le "pari prosodique de quatorze vers distribués en deux quatrains et deux tercets." Il avoue aussi que la contrainte d´éviter la répétition a écarté plusieurs pensées mais qu´elle en a fait surgir d´autres. Nous ne saurons jamais lesquelles, mais ce qui a été gardé est sublime : pour preuve ce "sonnet" :

GreuzeVieillardEtEnfant

                    Aucun dieu

 

Aucun dieu ne l´aura voulu, ni même su,

Aucun ne l´a accompagné dans sa fatigue, 

Un rêve, cet enfant sur le boulevard

Qui marche près de lui, ceint de lumière.

 

Aucun n´est mort à l´heure où il est mort,

N´a pris sa main dans les draps en désordre,

Aucun n´aura jamais travaillé près de lui

Dans l´atelier qui remplaça la vie.

 

Remonte, dans les mots qui disent le monde,

Son silence, qui les dénie, qui me demande

D´en imaginer d´autres, mais je ne puis.

 

Personne n´a posé son regard sur lui.

Ce qui aurait pu être ne sera pas.

La parole ne sauve pas, parfois elle rêve.

 

Liens :

 - En passant         

     - Pour que vieillir ce soit renaître 

 

[Illustration : Greuze (1725-1805)

 Vieillard et enfant (vers 1765)

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7 octobre 2010 4 07 /10 /octobre /2010 09:46

BotquinBréviaire

On sait que le haïku, composé de trois vers de cinq, sept et cinq pieds chacun (ou syllabes) , a pour objet principal de saisir l´instantané des jours et des saisons. Les considérations métaphysiques ou existentielles, ne faisant par partie de la nature, en sont traditionnellement exclues. Le bréviaire d´un quotidien, du Belge Jean Botquin, cherche à perpétuer la tradition (Editions du Cygne, 2010,136 pages, 15 €. Recueil suivi d´autres poèmes). Il nous aide à les comprendre en les regroupant par thèmes : ballades printanières, haïkus du Jourdain, pluie d´été, feuilles mortes d´automne, haïkus des neiges. C´est fort bien travaillé : l´ellipse, toujours mystérieuse, y est de rigueur. En voici deux exemples :

 RobertDoisneauLebaiser

Toute vie dévie

quand l´été la dessèche

de ses baisers d´or

 

 AEBergmanMerOcean

À l´horizon d´argent /

deux navires se croisaient /

sans se connaître

 

Liens :

 - Quelques tableaux d´Anna-Eva Bergman

 

 

[Illustration noir et blanc : Robert Doisneau Le baiser ; Illustration couleur : Anna-Eva Bergman Ciel et océan 1987]

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6 octobre 2010 3 06 /10 /octobre /2010 10:59

La pluie fine d´octobre s´attarde sur le feuillage jaunissant de mes coings sauvages et de ma bruyère des marais. Mais l´ocre scintillant des feuilles et le rouge sanguin de mes pommes n´atténuent pas vraiment le décrochement des étoiles. 

PaulSignac

Lien :

 - Tons et sons d´automne

 

[Illustration : Paul Signac Arbre en automne]

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5 octobre 2010 2 05 /10 /octobre /2010 08:39

PluieRui20Palha

Morose et languissant depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, j´achève difficilement les livres qui m´ennuient. La pluie quasi incessante des derniers jours ne risque guère de changer mon humeur. Mais une pensée sur la tristesse, de Melville, dans laquelle je me complais sans doute un peu trop, m´a réveillé : je vous la livre donc, que vous l´appréciez ou non :

 

"Il n´est rien d´aussi perfidement captieux que la tristesse ; nous y tombons tout d´abord parce que n´avons rien de particulièrement à faire ; et puis nous y demeurons, parce que nous avons enfin trouvé en elle un lit moelleux."

      Melville, Pierre et les Ambiguités

 

Liens :
 - Bartelby le scribe

   - Le pressentimentEmmanuel Bove

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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 10:51

WalserLaRose

Rien n´est plus plaisant et insolite à la fois que La Rose de Robert Walser, le dernier ouvrage qu´il ait publié de son vivant en 1925., trente ans avant sa mort (L´imaginaire Gallimard, traduit de l´allemand par Bernard Lortholary, 2009, 156 pages). Composé d´une quarantaine de textes courts, il ne manque pas d´étonner, comme tout ce qu´écrit Walser. Pour preuve ces deux courts passages, extraits du même Vitrines (I) :

 Vitrine

   "Regarder ainsi des virtines, qui n´y prendrait plaisir ? Au vol, le regard grignote du chocolat.

   Ici, ce sont des chapeaux qui t´intéressent, là des cravates, ailleurs des saucisses de Vienne et de Francfort. Parfois, on a pour rien les plus belles choses, comme par exemple de contempler des reproductions de grands maîtres.

   ( ...)

   Les bijouteries scintillent de bagues, de bracelets et de colliers. Les papeteries te signalent l´utilité qu´il y a à écrire de temps à autre une lettre.

   Voilà quelques temps, j´ai vu chez un brocanteur un petit christ en ivoire, les bras écartés à l´horizontale, les pieds troués.

   Une fois de plus, je n´ai fait là qu´esquisser ; en réalité, je devrais me sentir d´en faire davantage."

 

Liens :

 - ironie ou dérision ?

    - La fin d´un microgramme

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3 octobre 2010 7 03 /10 /octobre /2010 14:23

PicassoFemmeAssiseDans le bus du matin, bondé, qui me mène au centre ville, une femme très blonde, plus vraiment très jeune, se maquille les yeux. Elle ne se soucie de personne, visiblement seule avec elle-même. Devant sa minuscule glace qu´elle tient fermement, son corps tout entier amortit les moindres sursauts et chaque coup de frein du bus, comme si de rien n´était, seule sans doute dans sa salle de bains. Tout y passe : mascara, crayon noir effilé et rouge à lèvres lubrifiant. Puis, satisfaite et apaisée, ferme les yeux, ses deux mains sur le giron.

 

Superbe liberté ou jouissance paisible ?

 

Liens :

 - Roses et visages flétris

 

[illustration : Picasso Femme assise]

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2 octobre 2010 6 02 /10 /octobre /2010 06:55

PrèsDuFeu

QUAND VIENT L´AUTOMNE

 

"Quand vient l´automne

quand le froid arrive

que les soirées s´assombrissent

je m´assois près du feu

et je fredonne mon chant

pour tenir l´angoisse en éveil

et faire se lever les soleils du passé."

  Olav H. Hauge trad. François Monnet

 Nord Profond (Bleu autour, 107 p. 2008)

 

Liens :
 -
Petit hommage à Guillevic et Olav H. Hauge

 

 

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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 09:15

  

BeckettPhotoBanier

"Quand tu prépares ton petit-déjeuner,

pense aux autres. (N´oublie pas le grain aux colombes.)

 

Quand tu mènes tes guerres,

pense aux autres. (N oublie pas ceux qui réclament la paix.)

 

Quand tu règles la facture d´eau,

pense aux autres. (Qui tètent les nuages.)

 

Quand tu rentres à la maison,

pense aux autres. (N´oublie pas le peuple des tentes.)

 

Quand tu comptes les étoiles pour dormir,

pense aux autres. (Certains n´ont pas le loisir de rêver.)

 

Quand tu te libères par la métonymie,

pense aux autres. (Qui ont perdu le droit à la parole.)

 Giacometti-stridingman.jpg

Quand tu penses aux autres lointains,

pense à toi. (Dis-toi : Que ne suis-je une bougie dans le noir?)"

  Mahmoud Darwich "Pense aux autres" in

Comme les fleurs d´amendiers ou plus loin

(traduit de l´arabe par Elias Sanbar, Actes sud)

 

[Illustration 1 : Samuel Beckett à Tanger (Août 1978) Photo de François-Marie Banier ; 

Illustration 2 : Giacometti L´homme qui marche]

 

Lien :

 - Giacometti Le dépeupleur

    - Mot à mot, pas à pas

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 08:58

J´ai oublié d´où je tiens que l´anglais compterait 78.000 mots alors que le français n´en aurait que 70.000. Je ne m´engagerai pas sur ce sujet ; mais il m´arrive parfois de penser que le français est assez pauvre. Voilà pourquoi j´ai trouvé plaisant le passage suivant :

lMagritteZenon

  

 - "Quelle langue ! gémit-elle, en s´agrippant le front à deux mains avec une douleur feinte. Trop de mots. Tiens par exemple tous les mots anglais pour dire véloce* Par exemple "fast". "Rapid". "Quick". Tout ça c´est pareil ! Un scandale !

   - "Swift" ajoutai-je.

   - Et pourquoi pas "speedy", dit Nathan.

   - "Hasty" poursuivis-je.

   - Et "fleet" dit Nathan, bien que celui-là soit un peu recherché.

   - "Snappy" suggérai-je.

   - Assez ! s´esclaffa Sophie. C´est trop ! Trop de mots, en anglais. En français, c´est plus simple, il suffit de dire "vite".

  William Styron Le choix de Sophie traduit de l´anglais (Etats-Unis) par Maurice Rambaud

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(*) En français

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Liens :

 - Quels mots pour dire ... avec Yves Bonnefoy

    - Que saisir sinon qui s´échappe ... d´Yves Bonnefoy

 

[Illustration : Magritte La Fléche de Zénon 1964]

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