Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 mars 2010 6 06 /03 /mars /2010 09:55
IrvinYalom1
Le roman Et Nietzsche a pleuré du psychiatre
Irvin D. Yalom est certes plaisant, mais quelque peu gratuit, et donc finalement, un peu décevant (Galaade Editions, 2007, 430 pages, 24 €; première édition aux Etats-Unis :1992). IrvinYalom2Il imagine, dans les derniers mois de l´année 1882, la rencontre fictive de Nietzsche avec Josef Breuer, le mentor de Freud. Fort bien. Une lettre de l´ entourage du philosophe prouve que cette rencontre aurait pu avoir lieu. Et que Lou Salomé, inquiète de la santé mentale de Nietzsche, aurait pu être à l´origine de cette rencontre. L´hypothèse est séduisante. Elle montre que l´imagination romanesque du Dr. Irvin D. Yalom est féconde, mais cette réécriture des premières années de l´histoire de la psychothéraphie tourne un peu à vide.

Les dialogues entre Nietzsche et Breuer sont brillants; et plus encore ceux entre Breuer, médecin déjà reconnu et le jeune Freud, passionné par le sens que le rêve doit avoir dans la vie du dormeur. Ce dernier convainc Breuer - qui s´est occupé durant l´année 1882 du traitement médical de Bertha Pappenheim, plus connue sous le nom d´Anna O. - de signer avec Nietzsche un pacte leur permettant de s´aider mutuellement, et de se guérir de l´angoisse et du désespoir qui les étreignent devant la mort ; - y compris de la peur de vieillir. Ainsi que des sentiments plus diffus mais bien présents pour tout homme entrant dans la quarantaine : la perte de ses illusions, les compromis que la nécessité de la vie a dû lui faire prendre, les désillusions du mariage, la nécessité de réfréner ses désirs. On voit ainsi s´élaborer entre eux un vrai climat de confiance ; - et l´on comprend que ce lien sera à l´origine de ce qui plus tard sera non seulement les droits du patient mais aussi les prémices de la cure psychanalytique, joliment appelée dans ce roman "cure par la parole". L´attention que chacun porte à l´autre est belle ; le désir de se comprendre soi-même en se livrant devant autrui aussi. C´est donc une belle présentation de ce qu´on peut appeler l´introspection psychologique. Mais le meilleur du roman est à mon sens ailleurs : dans la résistance que les deux hommes développent pour cacher ce qui leur tient le plus à coeur.

Ce roman, malgré ses longueurs, est donc à lire. Mieux qu´un texte théorique, il fait  bien comprendre pourquoi les résistances dans une cure peuvent être aussi nombreuses. Mais celui ou celle qui connaît un peu l´histoire de la psychothérapie ou de la psychanalyse n´apprendra vraiment rien de nouveau. Il en est de même pour qui connaît un peu la vie et la pensée de Nietzsche.

Partager cet article

Repost0

commentaires

Présentation

  • : Souvenirs et impressions littéraires
  • Souvenirs et impressions littéraires
  • : Souvenirs et impressions littéraires (d´un professeur retraité expatrié en Norvège)
  • Contact

Recherche