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26 mai 2009 2 26 /05 /mai /2009 21:44
Je ne vous dirai que deux mots ce soir : allez sur le blog de Jean Botquin et cliquez sur le lien qu´il donne pour dérouler devant vos yeux un chef d´oeuvre de la peinture chinoise du XIe-XIIe siècle. C´est un régal des yeux et de l´ouïe.

Excellente fin de soirée.
Et bonne nuit.

Ajout clin d´oeil :

         Vieille peinture
         Trois clics vous y plongent
          Bruits de l´eau
                   
                    
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24 avril 2009 5 24 /04 /avril /2009 14:17

Vincent van Gogh "Enclos au jardin" (juillet 1888) Huile sur toile (73x91 cm). Collection of the Gemeentemuseum, Den Haag/ProLitteris 2009, Zürich

Le Kunstmuseum de Bâle organise du 26 avril au 27 septembre 2009 une exposition Vincent van Gogh que le journal suisse de langue française Le Temps loue déjà. Pour vous y reporter cliquez sur le lien suivant : Les désirs fusionnels de Vincent van Gogh.


Ce qui est génial dans cette annonce, c´est que Le Temps donne à l´internaute la possibilité de voir sept de ces tableaux. Les commentaires de deux ou trois lignes sous chacun d´entre eux sont remarquables d´intelligence et de clarté. Ils montrent bien ce que le thème de l´exposition veut démontrer : "l´évolution du peintre vers des propositions très modernes et fusionnels" qui tendent "au désir de voir communier dans le même mouvement nature et êtres humains". Resteront-ils longtemps sur la toile ? Il faut l´espérer. Il n´est pas donné à tout le monde de se rendre à Bâle pour uniquement une exposition quand on habite à plus de deux mille kilomètres de la Suisse.

                                                        ***

Autres liens possibles ( en toute modestie) : - Le faucheur de van Gogh

                                                                  - Van Gogh et Monticelli à Marseille

 

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2 avril 2009 4 02 /04 /avril /2009 13:45

En ce début de printemps où la lumière des jours, des nuits et des crépuscules du soir ou du matin exaspère l´attente de jours vraiment plus chauds, je me dois, tant pour moi-même que pour autrui, de revenir sur ce qu´est l´impressionnisme dans son essence et sa manière,
car il permet de mieux faire comprendre toute la grâce qui rayonne de la lumière quand un Renoir ou un Monet réussissent à la capter dans une harmonie générale de vert tendre et de gris bleu, délicieusement rompue par quelques touches de couleurs plus vives.

Ainsi La Grenouillère que chacun d´eux a peinte en 1869. La révolution que les impressionnistes déclenchent est double. Ils abandonnent le sujet, - historique, mythologique ou biblique -, pour s´adonner au motif ; ils écartent l´idée pour retenir la sensation et sa touche. Le peintre-écrivain Adalbert Stifter l´a fort bien exprimé dans un passage de son roman Descendances (récemment cité).

Ce qui intéresse les pionniers de l´impressionnisme, de Manet à Pissarro en passant par Monet, Boudin, Renoir et quelques autres, c´est d´abord le souci de rendre compte de la clarté du plein air ; c´est ensuite la volonté de donner une représentation "réelle"  du monde ; ou plutôt, d´en donner une vision la plus naturelle possible en s´efforçant d´être de leur temps. Ce que Baudelaire appelle modernité. Cette représentation est largement fondée sur la spontanéité essentielle de la sensation. Mais ce qu´il convient aussi de comprendre, c´est que cette nouvelle manière impressionniste de peindre doit beaucoup aux maîtres de Barbizon et au grand Courbet, notamment son fameux Un enterrement à Ornans, immense tableau s´il en est, tant par sa dimension exceptionnelle ( 7 mètres de long ) que par sa belle ordonnance non conventionnelle de ses personnages, issus du peuple et de notables qu´un chien blanc crémeux sale accompagne, - et qui tourne dédaigneusement la tête vers la droite. Mais en même temps que l´impressionnisme renouvelle notre vision du monde, il porte en lui sa propre destruction. Cézanne, Seurat, van Gogh, et puis Matisse, - ainsi que beaucoup d´autres -, ne sauraient se comprendre sans l´impressionnisme, car ils l´accomplissent autant qu´ils le nient, annonçant donc par leur maniement de la couleur pure l´avènement de l´art moderne.
 
Seul Gauguin, par son recours au symbole, au décor et à l´abstraction, sera totalement hostile aux vertus de la sensation.  

Il n´empêche. Ce que peignent les impressionnistes est d´une belle tenue ; ils nous donnent l´image simple du bonheur et de la poésie du quotidien.

Gauguin aussi. Mais avec d´autres moyens.

 
                                                                                              * * *
[Illustration 1 : Renoir La Grenouillère 1869 ; Illustration 2 : Monet La Grenouillère 1869 ;
Illustration 3 : Gauguin L´esprit des morts veille 1892 ]

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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 10:54


Dans sa jeunesse Adalbert Stifter (1805-1868) hésitait entre peinture et littérature. Dans son roman Descendances de 1865, l´un de ses derniers textes écrits avant son suicide, on trouve un passage  dans lequel on ne peut s´empêcher de penser aux tableaux de  Claude Monet, Alfred Sisley, et un peu avant eux, Eugène Boudin :

"J´avais déjà, la veille, préparé tout le nécessaire, couleurs, pinceaux, et une grande quantité de feuilles sur lesquelles peindre ; car je voulais tout entreprendre : "marais dans la lumière de l´aube", "marais dans la lumière du matin", "marais dans la lumière de midi", "marais dans la lumière de l´après-midi", et travailler tous les jours, aussi longtemps que le ciel me le permettrait, sur chacune de ces vues à l´heure qui lui correspondrait. Je m´étais déjà proposé de peindre un "marais sous la pluie" depuis ma fenêtre. Un "marais dans le brouillard ", je n´y avais pas encore songé. C´est vraiment une chance que j´aie inventé un procédé pour pouvoir loger dans ma boîte de nombreuses feuilles où la peinture n´est pas encore sèche sans qu´elles déteignent les unes sur les autres."

                                                         
                                                               * * *

Je remets à plus tard de parler du roman tout entier ...

                                                                                    * * *

[ Illustration : Claude Monet Nénuphars - Nuages (1903) ]

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2 février 2009 1 02 /02 /février /2009 09:58

Je découvre avec bonheur Robert Walser et notamment ses "petites proses" cocasses, drôles et ironiques. Je ne connais pas encore ses Histoires d´images , recueil d´écrits sur les peintres qu´il aime. Son poème sur la Vénus de Le Titien est sans conteste charmant. Par comparaison, je me suis replongé dans Le musée retrouvé de Charles Baudelaire de Yann Le Pichon et Claude Pichois (Stock, 1992, 340 pages), ouvrage dans lequel on peut voir et revoir les tableaux que Baudelaire a si lumineusement commentés dans ses poèmes, ses divers Salons ou autres Ateliers.

Il n´est pas si curieux, à la réflexion, que Baudelaire soit passé à côté de Courbet et Manet. C´est qu´il y a, malgré l´incontestable puissance qu´il leur reconnaît, un peu trop de réalisme. Mais ayant découvert très tôt l´originalité des ciels d´Eugène Boudin, il est regrettable que Baudelaire n´ait eu le temps de découvrir les premiers "vrais" impressionnistes.

Cette remarque sur Boudin, que Baudelaire  a écrite sur le paysage dans Le Salon de 1859 , en est la preuve;  elle annonce avec bonheur "les merveilleux nuages" de L´Etranger : il prédit en effet à Boudin que personne mieux que lui ne saura "étaler [...] dans des peintures achevées les prodigieuses magies de l´air et de l´eau."

Eugène Boudin : Etude de ciel

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30 janvier 2009 5 30 /01 /janvier /2009 15:09


Wassily Kandinsky
(1866-1944) a tenté toute sa vie de concilier peinture et musique. Impression III (Concert), peint en 1910, en est un bel exemple. Ce tableau est en effet une belle transposition affective et réussie d´un quatuor pour cordes dans lequel Schönberg utilise avec bonheur musique tonale et atonale.

Inspiré par ce quatuor, Kandinsky fait de même dans son tableau : Impression III n´est pas que couleurs abstraites. Les tons qui fusent à gauche de la toile évoquent sans grande difficulté soit un orcheste, soit les premiers rangs d´auditeurs à quelques mètres seulement de la scène sur laquelle trône un immense piano à queue noir. Le principe que défendra plus tard Kandinsky de la totale indépendance de la forme et de la couleur vis-à-vis du monde des objets n´est donc pas encore totalement affirmé.

C´est la raison pour laquelle j´aime particulièrement ce tableau. C´est pourquoi aussi, me semble-t-il, ce tableau se rapproche de la manière de peindre de Paul Klee, autre peintre à avoir laissé une oeuvre de théoricien sur l´art, mais qui n´est jamais tombé dans l´intellectualisme. Pour lui, la peinture restera toujours ce qu´il considère l´essentiel : des taches de couleur et suggestion de mélodie.

Ce qui, pour moi, fait donc la force d´ Impression III (concert), c´est justement que l´instinct sensible qui se dégage du tableau garde la priorité sur l´intellect.  C´est ce
que Cézanne, par ailleurs, a su retrouver à quelques mois de sa mort dans un tableau que j´apprécie de plus en plus : Le jardin des Lauves.

La composition, aussi essentielle soit-elle, ne sera jamais tout.

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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 17:12


La Femme au fauteuil rouge
de Cézanne date de 1877. Cézanne n´a donc pas 40 ans. Mais sa touche est déjà là. C´est sans doute Rainer Maria Rilke, âgé de 32 ans, qui a le mieux parlé de ce tableau, alors qu´en 1907, il était le secrétaire de Rodin à Paris :

(...) Dans ce fauteuil rouge - un personnage à lui seul - une femme est assise, les mains aux creux d´une robe à larges rayures verticales, très légèrement indiquée au moyen de petites taches éparses de jaune-vert et de vert-jaune, jusqu´au bord de la jaquette gris-bleu qu´un noeud de soie bleue où jouent des reflets verts ferme sur le devant. Sur le visage lumineux, la proximité de ces couleurs permet un modelé simple ; même le brun des cheveux en bandeaux couronnés par un chignon et le brun lisse des yeux sont obligés de s´affirmer contre ce qui les environne. C´est comme si chaque point du tableau avait connaissance de tous les autres. [...] Le tableau entier, en fin de compte, fait contrepoids à la réalité. [...] Sa réalité bourgeoise perd toute lourdeur, en acquérant son existence définitive d´image. Tout n´est plus [...] qu´une affaire de couleurs entre elles ; chacune se concentrant, s´affirmant face à l´autre, et trouvant là sa plénitude. [...] Dans ce va-et-vient de mille influences réciproques, l´intérieur du tableau vibre, flotte en lui-même, sans un seul point immobile. (Lettre de Rilke à sa femme, 22 octobre 1907. Cité par Françoise Cachin in Cézanne, Réunion des Musées Nationaux, 1995, p.172).

Cf aussi, du même Cézanne Le jardin des Lauves

NB : Cette femme au fauteuil rouge est Hortence Fiquet, qui était la compagne de Cézanne depuis 1869. Elle ne deviendra officiellement Madame Cézanne qu´en 1886.

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15 janvier 2009 4 15 /01 /janvier /2009 17:47


Sans savoir vraiment pourquoi, il y a pour moi dans la toile Hommage à Apollinaire que Marc Chagall a peinte alors qu´il découvre Paris entre 1910 et 1913, un mystère et une force que je n´arrive pas à analyser.

L´influence cubiste est évidente. Mais la déconstruction propre au cubisme est déjouée, tant par ses couleurs que par le nombre des éléments symboliques qui renvoient  tout à la fois à la Bible d´avant la Chute, la cabalistique et l´alchimie. Les noms en bas à gauche ne laissent pas non plus de m´étonner car dans chaque nom apparaît un élément : l´air pour Apollinaire, le feu pour Cendrars, l´eau pour Canudo et la terre pour Walden. Et que dire du cercle et des chiffres 9,[1]0 et 11 ? Et plus encore du soleil tout en haut à gauche et dans le coin du bas gauche les nuages et les oiseaux ... ? Je ne sais. 

Bien qu´ hétérogène, cette oeuvre est cependant prenante. Elle montre en évidence, derrière sa facture figurative-cubiste, un Chagall encore en formation. Je ne me lasse pas de la regarder ; - et de lire et relire l´ensorceleur Apollinaire, même quand il se veut très simple :

  
      La chaste Lise 


La journée a été très longue

Elle est passée enfin


Demain sera ce que fut aujourd´hui

Et là-bas sur la montagne

Le soir descend sur le château enchanté

Nous sommes las ce soir

Mais la maison nous attend

Avec la bonne soupe qui fume

Et dès l´aube demain

Le dur labeur

Nous reprendra

       Hélas

Bonnes gens

    in "Le Guetteur mélancolique" (Stavelot)


Où sont les portes de son corps ? 

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13 janvier 2009 2 13 /01 /janvier /2009 12:41


Claude Berri
, acteur, scénariste, réalisateur, producteur, était un touche-à-tout du cinéma. Il était aussi un vrai collectionneur, notamment grand amateur des toiles de Robert Ryman, qui est ce peintre du blanc qui peint des carrés que l´on a tort de croire tout blanc, car ces toiles se métamorphosent quand on les regarde à la lumière des différentes heures du jour.





Les toiles que Robert Ryman a peintes ne sont donc pour moi en rien métaphore de la page blanche de l´écrivain, comme on a pu le voir dans le suprématisme de Kasimir Malevitch .



[ Illustration 1 : Robert Ryman Sans titre ; Illustration 2 : Kasimir Malevitch Carré blanc sur fond blanc ]

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10 janvier 2009 6 10 /01 /janvier /2009 11:43


Homme et Cheval
, du peintre suprématiste Kasimir Malevitch (1878-1935), n´est pas son oeuvre la plus connue. Elle date de 1933, deux ans avant sa mort. Il n´y a en elle aucune forme pure, aucune forme non-objective genre carré, cercle ou croix. Il n´y a pas non plus de fond blanc, même si apparaît derrière un vert tendre de pré et un bleu lancinant, un encadrement crémeux. Voilà sans doute pourquoi cette oeuvre ne cesse pour moi de proclamer son mystère.

L`homme est comme un Icare sans ailes; un Icare écartelé qui ne pourra jamais battre des bras pour prendre son envol. Il a sans doute, vivant parmi les hommes, trop entendu de huées. L´infini est comme hors de portée.

Le vert et le rouge, couleurs des icônes, sont là pour rappeler que Malevitch est né russe. Comme son personnage, il l´est de tête et de corps.

Dans Homme et Cheval le vert et le bleu ne sont pas des formes pures ; - et surtout pas le rouge, malabile, de l´immense dos sans bras de l´homme qu´une fine ceinture noire enserre trop. Mais cet homme, malgré sa difformité, ne semble pas vouloir désarmer; l´impossible le tente encore, en un dernier sursaut. Carré noir sur fond blanc, et plus encore Carré blanc sur fond blanc, semblent bien loin. La croix n´est cependant pas oubliée dans les jambes écartées de l´homme ; ni le blanc séminal du cheval sans queue, indifférent à l´homme qui s´intercale entre lui et notre regard de lecteur de l´oeuvre.

Appel sans finalité, Homme et Cheval sauvegarde en moi ce que toute grande oeuvre devrait éveiller : un intangible mystère, permettant à chacun, de génération en génération, de puiser sans jamais l´épuiser, l´imminence d´une vérité.


[ Illustration de droite : MalevitchAutoportrait (1933) ] 

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