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3 janvier 2009 6 03 /01 /janvier /2009 17:29


À Saint-Rémy-de-Provence, de mai 1888 à mai 1889, van Gogh est plusieurs fois confiné dans sa chambre malgré lui. Entre des crises majeures, il peint ce qu´il voit de sa fenêtre. Il supprime les barreaux. En un beau raccourci, il intitule l´une de ces toiles, Le faucheur. Devant ce qu´il en dit dans une lettre, je ne me sens pas de taille à ajouter quoi que ce soit :

"J´y vis alors dans ce faucheur - vague figure qui lutte comme un diable en pleine chaleur pour venir à bout de sa besogne - j´y vis alors l´image de la mort, dans ce sens que l´humanité serait le blé qu´on fauche. C´est donc, si tu veux, l´opposition de ce semeur que j´avais essayé auparavant. Mais dans cette mort rien de triste, cela se passe en pleine lumière avec un soleil qui inonde tout d´une lumière d´or fin ... c´est une image de la mort telle que nous en parle le grand livre de la nature, mais ce que j´ai cherché c´est le presque en souriant. " (Cité par Jean Leymarie in Qui était van Gogh, Skira, 1968 )

Avec l´allusion au Semeur, tout Millet ou presque est présent.
Monticelli aussi, avec le soleil qui inonde tout.
Plus tard, Vlaminck l´instinctif, qui apprendra comme van Gogh à composer, lui rendra un bel hommage avec ses Ramasseurs de pommes de terre

Le 27 juillet 1890, van Gogh tentera de se suicider. Il mourra deux jours plus tard, sans que personne n´ait songé à le soigner, tant il paraissait apaisé, détaché, presque heureux.  Antonin Arthaud écrira : "Si je me tue, ce ne sera pas pour me détruire, mais pour me reconstituer."

[ Autre titre de ce tableau : Champ de blé avec faucheur


  

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18 décembre 2008 4 18 /12 /décembre /2008 15:54

Pour rester avec le thème de la neige et du brouillard des jours derniers, j´irai chercher aujourd´hui le Monet de l´hiver 1895. Invité par je ne sais plus qui, il avait accepté de ce rendre en plein hiver à Oslo ( alors encore Christiana ) pour immortaliser en pape impressionniste quelque lieu de la banlieue huppée d´Oslo en Norvège. 

C´est lors de mon premier séjour en Norvège lors des fêtes de la Noël 1965 que j´ai découvert ces tableaux.  La neige y est froide et les ciels brumeux. Ces tableaux ne sont pas parmi ses meilleurs. Ils sont sans doute un peu trop réalistes. Ils ne méritent cependant pas d´être totalement oubliés.

Il en a peint cinq ou six. Le plus probant est sans doute celui qui a pour titre Le village de Sandvika sous la neige. Le pont au premier plan et les quelques taches de rouge sang et ocre un peu sombre y sont sans doute pour quelque chose.


Plus terne en revanche est son Mont Kolsås

On exposait alors aussi quelques notes manuscrites du peintre. Ses remarques étaient cocasses. Plusieurs concernaient le temps et le froid qui l´empêchaient de rester longtemps à peindre en plein air. Il parlait de moins 20 et moins 15. Les relevés météos étaient plaisants. Durant son séjour, il n´avait jamais fait moins de moins 5.

Je ne sais en quelque année a été peint ce que j´appelle ici Effets de neige. Il est à mes yeux très supérieur aux deux tableaux précédents. C´est qu´il n´est pas la simple reproduction d´un instant qui passe avant le soir. Se dégage de lui une attente : rien ne semble devoir la combler.

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17 décembre 2008 3 17 /12 /décembre /2008 14:24

                                           





    Marquet le fauve
    Marquet au Havre
    Marquet couleurs
     - 14 juillet











   Marquet la neige
   Marquet La Seine
   Marquet Paris
    - Marquet l´hiver 





                                              



   Marquet lumière
   Marquet l´Azur
   Marquet La Côte
    - Marquet Fécamp










    Marquet saisons
    Maquet les heures
    Marquet le simple
      - Marquet les quais 
           Grands Augustins
 

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11 décembre 2008 4 11 /12 /décembre /2008 12:46


Noël approche; c´est donc l´heure des cadeaux. Quoi de plus beau que d´offrir un ouvrage dans lequel la poésie et la peinture se rejoignentMarc Chagall et les Fables de La Fontaine( Réunion des Musées Nationaux, 2003, éd. rev. et corr., 143 pages, 15, - € ), est un vrai bonheur des yeux : il fait découvrir la vision qu´un vrai créateur russe adulte au regard d´enfant émerveillé a de La Fontaine. Bien peu ont réussi à illustrer sans mièverie ce poète universel. Cet ouvrage, bien que déjà ancien, est donc le bienvenu pour ceux ou celles qui désirent  faire plaisir en cette période de fêtes.

Chagall est encore largement russe dans cette sélection de quarante-trois gouaches. Plusieurs, dans les années 1930, le lui ont reproché, avec des relents d´antisémitisme. Personne, heureusement, ne reprend aujourd´hui ce reproche. Ses ânes et ses mulets évoquent certes encore beaucoup ceux des quartiers juifs des villes d´avant la Révolution de 1917. On ne peut le blâmer. C´est là tout leur charme. Mais ses renards et ses oiseaux resplendissent de la magnificence méditerranéenne : les bleus radieux, des rouges opulents, des jaunes éclatants, des verts lumineux.

La réussite de cette édition revue et corrigée est totale. Chagall renouvelle non seulement notre vision que des pédagogues peu inspirés nous ont souvent donné de La Fontaine, mais il nous invite à imaginer ce que la totalité des cent gouaches prévues auraient pu nous restituer : la réappropriation d´un langage perdu. Pour preuve, à mon sens, la gouache de la fable Le Renard et les Raisins que tout le monde connaît. Du renard, en bas et à droite, on ne voit que la tête, les oreilles dressées et les yeux tant malicieux qu´ éplorés. Dans le coin opposé, en haut et à gauche, une seule grappe; mais d´elle, émane toute la succulence de ses graines. Le dépit, n´en déplaise, ne la fera pas oublier. Entre cette tête toute tendue vers l´inaccessible et la grappe, un bleu de ciel tâcheté d´une poudre de blanc.

Une merveille semblale se retrouve dans une autre fable bien moins connue. Intitulée Le Paon se plaignant à Junon, elle reprend la vision diagonale de droite à gauche et de bas en haut. Le paon se plaint de son cri qu´il appelle chant . Sa traîne de soies, magnifique, envahit tout le bas. Junon modère ses critiques. Subsiste la traîne dans le bleu resplendissant de la nuit. Splendide à tous points de vues.



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18 octobre 2008 6 18 /10 /octobre /2008 09:49


Tout le monde ou presque sait aujourd´hui ce que Van Gogh doit à Millet. On sait moins, pour ne pas dire rien, ce qu´il doit à Monticelli (1824-1886). L´office de Tourisme de Marseille tente actuellement de remédier à cet oubli. Les Marseillais et autres Provenceaux peuvent se rendre sur les lieux de l´exposition au Centre de la Vieille Charité à Marseille, et ce jusqu´au 11 janvier 2009. Mais tout blogueur curieux de peinture, désireux de sortir des sentiers battus, peut prendre un autre chemin : il lui suffit de cliquer ici même sur le lien de l´Office du Tourisme de Marseille... , ou bien encore sur le site que je crois officiel de l´Association Monticelli.

C´est en écoutant l´un des derniers TéléMatin qu´animent William Leymergie et toute son équipe que je m´y suis rendu. Bien m´en a pris. J´ai ainsi eu, en plus, l´impétueux désir de rechercher ce que, sur Monticelli, Vincent écrit à son frère Theo dans ses lettres.

C´est une correspondance quasi journalière de dix huit ans que Vincent a eu avec Theo. Elle  a été publiée chez Gallimard dans la collection l´Imaginaire. Bien que plus complète que l´édition Grasset de 1937, elle  est difficilement maniable ; l´absence d´un index est rédhibitoire. J´ai dû me rendre à l´évidence : après avoir feuilleté deux ou trois fois les 567 pages de la collection l´Imaginaire, je n´ai trouvé que trois fois le nom de Monticelli.

Je possède heureusement, de Viviane Forrester, Van Gogh ou l´enterrement dans les blés (Editions de Seuil, Coll. Fiction et Cie, Série biographie, 1983 ).  C´est donc cet ouvrage que  j´ai consulté. L´index est somptueux.  Monticelli s´y trouve dès le premier paragraphe : il est pour Van Gogh celui " qui peignait le Midi  en plein jaune, en plein orangé, en plein souffre".

Plusieurs films ont été tournés sur le mystère Van Gogh, non pas "génie ", mais "homme de sang, et sperme et de chair." Le meilleur est pour moi celui de Vincente Minnelli, Lust for life ( = La vie passionnée de Vincent Van Gogh ). Tourné en 1956, le jaune inonde l´écran dès que le Kirk Douglas, roux comme Vincent, arrive en éclaireur en Arles pour accueillir Gauguin, - et découvre, de ses yeux en détresse,  la fournaise jaune des blés au-dessus desquels oscille le noir des corbeaux.

Ce jaune de cinéma sera désormais pour les cinéastes de la MGM le "jaune Minnelli".

Pour Van Gogh, "il suffit de souffler de son souffle tant qu´on en a le souffle.

Et Monticelli, dans tout ça ? Contrairement à Van Gogh, il  a vendu de son vivant. Il n´est donc pas mort ignoré. C´est dire que son destin est comme l´opposé de celui de Van Gogh. Plus personne ne connaît cependant aujourd´hui  Monticelli alors que Van Gogh est aux nues. Il faut donc saluer l´initiative de la Ville de Marseille et du Centre de la Vieille Charité,  la Réunion des musées nationaux ainsi que TéléMatin qui diffuse 
l´information.

Ce que Monticelli peint, ce sont de puissants portraits,

d´éblouissantes
natures mortes,

de magnifiques scènes de parc,

et

des paysages éclatant de soleil où la
peinture est "tritur[ée] en épaisseur" et où "deux couleurs peuvent être posées ensemble sur la toile, faisant de lui un précurseur de l´impressionnisme."

Monticelli affirmera : "Je peins pour dans 50 ans". Il n´est que temps que plus de 100 ans après sa disparition,  ses toiles et son soleil pendent à nouveau aux cimaises d´un musée de Marseille, sa ville natale.

[ Illustrations : 1. Nature morte; 2. Paysage marin près de Marseille (Sauf erreur, Musée de Sao Paulo) ] 
                                                                                                                                                                                                                                                                      



 

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15 octobre 2008 3 15 /10 /octobre /2008 08:14


Depuis le 13 septermbre 2008 se tient au Musée Astrup Fearnley d´Art Moderne d´Oslo l´exposition "Andy Warhol by Andy Warhol". Elle durera jusqu´au 14 décembre. Cela donne à tout le monde le temps de s´y rendre sans se presser. Elle est indispensable pour qui veut comprendre ne serait-ce qu´un peu l´art contemporain, même si déjà Warhol appartient au passé.

J´y suis déjà allé deux fois. Je n´exclue pas d´y retourner encore. C´est dire l´excellent travail des trois principaux organisteurs de l´exposition, dans l´ordre : Gunnar B. Kvaran, Hanne Beate Ueland et  Grete Årbu. Ils concilient intelligence, finesse et savoir-faire pédagogique. La ville d´Oslo a bien de la chance de les avoir à la tête de ce Musée.

La première fois que j´y suis allé, c´était le 8 Octobre. Accompagné de ma compagne venue à Oslo à l´occasion de quelques jours de congé, j´étais alors un spectateur libre de ses mouvements, même si dans les deux heures de ma visite, j´ai dû parfois la suivre ; j´ai pu aussi la précéder ou quelques fois même avoir mon propre parcours. La seconde fois était le lendemain 9 Octobre. Elle et moi désirions suivre les explications d´une visite guidée gratuite que les organisateurs de l´exposition avaient programmé pour marquer à 15 heures les 15 ans d´existence du Musée Astrup Fearnley. En à peu près une heure, nous nous sommes arrêtés devant 15 des productions de l´artiste. Je n´ai pas noté de nom de la présentatrice; mais ses explications étaient d´une grande justesse sans aucune pédanterie. Malgré un certain silence respectueux que son commentaire a suscité dès le début , quelques questions pertinentes ont été posées.  Dans ses réponses elle a toujours su concilier autorité et simplicité.

Elle a dès ses premieres phrases suscité l´attention en précisant que l´exposition avait cinq grands thèmes ayant pour objectif d´illustrer  les cinq grandes préoccupations de l´artiste : la politique, la religion, les célébrités, lui-même en tant de machine et la plus connue de ses préoccupations : le traitement en art de la culture de consommation de masse.

Je n´ai pas compté les stations devant les oeuvres commentées, mais je crois bien qu´il y en a eu plus de 15 car, me semble-t-il, après la dernière oeuvre expliquée, la présentatrice  nous a emmenés rapidement devant le premier de ses films, sleep,  qui montre un homme qui dort à une vitesse ralentie de 16 images par seconde. La caméra est immobile, le plan est fixe et en boucle, et le son est coupé.  J´ai peu enregistré ce qu´elle a dit, car mon esprit a divagué en voyant ce bout de peau qui respire indéfiniment comme la vie de la cellule la plus simple du monde : l´amibe.

Le premier arrêt de sa visite commentée a été devant un auto-portrait d´Andy Wathol  qui, paraît-il, n´aimait pas son physique. Jamais un artiste ne peut s´extraire de son époque. Les images commerciales, la publicité, sont depuis déjà longtemps une donnée immédiate de notre conscience en façonnant en partie notre moi qui se voudrait le plus profond. À lui comme à nous, il  est pourtant difficile d´admettre que l´on puisse être autre chose que ce qu´on désire être. Le malheur vient pourtant souvent de ce que les autres voudraient que je sois ce qu´ils désirent que je sois. Il  en de même de tout artiste. Le public croit que l´artiste est à l´abri quand son talent est reconnu et sa réputation assise. C´est tout le contraire. C´est alors que l´artiste doit lutter s´il veut véritablement échapper à l´image que l´on veut donner de lui. Andy Warhol n´est pas le premier à l´avoir dit, mais il est peut-être le premier artiste américain a avoir si bien mis en pratique ce refus de se laisser enfermer par les étiquettes que les autres lui collaient dessus.

Arthur Danto, philosophe que Gunnar B. Kvaran, Directeur de l´exposition, cite dans l´ introduction du catalogue, a raison d´affirmer : "Ce qui me frappe, c´est que  Andy Warhol a de manière exceptionnelle réussi dans sa démarche :  faire prendre conscience à son époque sa propre réalité à travers son art.

L´image de propagande, qu´elle ait été fasciste, communiste ou nazie, cherchait à entraîner l´adhésion d´individus à une idéologie et donc susciter leur engagement, - sans pour autant que l´image propagée soit pur mensonge. C´était une manipulation, un triturage de sources, une présentation biaisée.  Bertold Brecht, selon lui, aurait eu pour ambition que tout le monde puisse penser de la même facon. Les Etats-Unis  et le reste du monde occidental que l´art d´Andy Warhol reflète dans ses productions, prouvent que la coercition n´est pas nécessaire. La réclame qui vante le produit  et l´image  publicitaire la plus banale ont un effet aussi puissant : tout le mode a à coeur de s´habiller comme le voisin, d´acheter les mêmes produits et de fréquenter les mêmes lieux de vacances.

On ne lit plus guère Cervantès , mais qui ne connaît aujourd´hui le Sancho Pança bedonnant et son maître décharné Don Quichotte croqués de manière si alerte par Picasso ? Et quelle joie non dissimulée de les retrouver dans la baie si magnifique de cette ville du pays Basque du Nord San Sebastian promue au rang de ville culturelle européenne dans les années à venir à un jet de pierre de Pampelune ? C´est Andy Warhol qui en est largement le promoteur.

Son Multicolored Retrospective de 1979 (1ère illustration en haut à  gauche) est pour moi l´exemple le plus frappant puiqu´on y voit trois boîtes de soupe à la tomate Campbells´, plusieurs Joconde en surimpression, des Marilyn Monroe souriantes et dans un ou deux coins un Mao Tsé Tung qui veille. On n´a plus besoin d´aller au Louvre pour voir de près Mona Lisa. Les touristes sont d´ailleurs  si nombreux qu´il a fallu la mettre sous verre pour la protéger des flashs intempestifs de tous les appareils photos. Mieux vaut s´acheter une carte postale.

Il n´empêche qu´ Andy Warhol est bien un artiste à part entière. Chacune de ses oeuvres est à mes yeux unique. Sa toile abstraite  Oxidation Painting de 1978 ( 3e illustration à droite ) en est l´exemple le plus parfait. Elle est unique à plus d´un titre car il se l´est appropriée de la manière la plus intime comme seuls savent le faire n´importe quel animal : en pissant dessus.

Il rejoint ainsi l´un des plus grand d´entre eux en la personne du plus authentique qui soit : Van Gogh,  qui n´a vendu de son vivant qu´une seule toile et que tout le monde admire aujourd´hui. C´est lui qui affirme à son frère Theo, marchand de tableaux : l´artiste est un homme en travail. Comme une femme en gésine, il donne vie à la moindre de ses créations. Et permet aux non-créateurs que nous sommes de mieux vivre quand des expositions comme celles-ci nous expliquent superbement ce qu´il convient de voir pour échapper quelque temps à l´uniformité du quotidien.

 

 

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27 août 2008 3 27 /08 /août /2008 13:41

En 1993, Jean Galard, alors directeur des services culturels du Grand Louvre, demande au poète Yves Bonnefoy d´écrire un scénario à partir duquel un film serait tourné, et qui aurait pour but d´expliquer le musée.

 Yves Bonnefoy répondit en poète. Il ne souhaitait rien de moins que de, par "le vagabondage de l´écriture [et le] cheminement par des lieux et parmi des oeuvres qui n´étaient que parfois les salles ou les peintures du Louvre ( ... ) , [faire ressentir] le rapport d´une personne à soi-même, fût-il à travers des rêves." ( Le Grand Espace, Galilée, 2008, 64 pages, 13 € ).

Un film se fit, mais sans les conseils et avis d´Yves Bonnefoy.

C´est un peu par hasard qu´il a retrouvé le cahier où, dit-il, il n´avait cessé, en l´écrivant "de rêver au film comme tel, c´est-à-dire des relations entre texte et image ou plutôt suite d´images, celles-ci appelées, de tous les pôles et horizons de la création artistique ou de la réalité comme on peut la vivre." S´il s´est autorisé quelques corrections, elles ne sont que de forme : elles n´ont pour but que de "préciser ou rectifier les formules qui prennent quelquefois l´apparence d´une pensée."

La première de la quarantaine d´approches qu´il nous donne à lire est magnifique : c´est celle d´un enfant qui aurait aimé découvrir un lieu comme celui-ci, et se laisser troubler par les images qui se forment en lui; - et aller ainsi "là où il y a des images ( ... ) comme au devant de lui-même."

"Quelle belle intuition ce fut donc au Louvre : placer au sommet des marches d´accès la Victoire de Samothrace, ailes déployées au-dessus du monde.

Suivent la pyramide, les fondements et le bas des murs de ce qui fut un château, la Grande Galerie "qui oblige à l´éveil", les salles de l´Egypte et de la Grèce. Et La Joconde; et Les Saisons.



Et Géricault et Delacroix chez qui se rencontrent les conciliations les plus difficiles quand il compare pour nous ce qu´il considère deux chefs-d´oeuvre du pessimisme métaphysique que sont Le Radeau de la Méduse ou La Mort de Sardanapale avec La Liberté guidant le peuple où le drapeau brandi est trempé d´espérance.

Yves Bonnefoy ne se contente cependant pas de parler des oeuvres les plus connues. Il sait aussi que ce grand espace qu´est Le Louvre abrite d´autres trésors, qu´ils soient dans les cartons des cabinets des estampes et des dessins, ou dans les sous-sols et les réserves; bien que plus modestes, elles n´ont pas moins une pensée.

Il n´oublie pas non plus qu´il y a des visiteurs. Certains peuvent venir de loin, un sac sur le dos. Il a la sagesse de ne pas les faire parler quand il les met devant un portrait. Il se contente de les faire s´asseoir et reposer leurs pieds.

Les gardiens sont aussi là : ils savent renseigner ceux qui s´adressent à eux pour trouver les Botticelli ou
Georges de La Tour.

Plus philosophiquement, il se pose la question de savoir où pourrait se trouver le centre métaphysique du Louvre : un tableau peut-être, ou un aspect d´un tableau. À moins qu´il ne soit Le Char du Soleil de Delacroix où le dieu des arts, debout, essaie de "maîtriser le galop ascendant des chevaux" ( Elie Faure )

Ne reste plus qu´à sortir. Les bruits de la ville l´envahissent. Et sans guillemets il achève : les sons et les couleurs se répondent. 

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9 mai 2008 5 09 /05 /mai /2008 08:35

Du peintre Vlaminck (1876-1958), j´ai en tête deux choses : qu´il est fauve ; et que ses paysages sont des
villages du Nord souvent couverts de neige, balayés par les vents et au ciel bleu sombe couleur d´encre.


 Le paysage ci-contre représente assez bien ce que mon souvenir d´adolescent m´a laissé quand je l´ai découvert.

Loin de moi de rejeter ce que le souvenir subjectif laisse dans ma mémoire, mais la confrontation avec la réalité des faits montre que le souvenir est un filtre, sinon trompeur, du moins édulcorant.

Je ne pourrai voir sur place l´exposition Vlaminck qui rencontre actuellement un beau succès à Paris. Mais je recois TV5, j´écoute RFI ( Radio France International ). J´ai donc donc cliqué sur le "Net" le nom de Vlaminck. Mes souvenirs ne sont pas faux, mais il convient de les mettre à jour si je veux avoir une meilleure connaissance de ce peintre. Plusieurs belles reproductions vues et revues à loisir tranquillement, quelques articles lus ici ou là, et celui lumineux d´un certain Daniel Couty publié dans La Tribune de l´Art : " Vlaminck. Un instinct fauve", me le permettent désormais. 

Autodidacte, Vlaminck peint par instinct. Derain, rencontré vers 1900, le décide à se consacrer davantage à la peinture. Mais c´est la découverte de Van Gogh, lors de l´exposition rétrospective de 1901, qui décide de son orientation. Il reconnaît alors dans le maître hollandais, un peintre d´instinct comme lui, qui ne recourt à aucune démarche intellectuelle mais privilégie la couleur pure. La couleur est en effet à ses yeux, une valeur essentiellement expresssive qui constitue un langage chargé d´émotion ; mais il l´utilise aussi pour traduire le mouvement et la profondeur.

Les Ramasseurs de pommes de terre
(1905), aux touches nerveuses et cursives est sans doute une toile qui a autant été peinte pour montrer l´admiration qu´il portait à Van Gogh que pour exalter le travail de quelques hommes anonymes dans un champ baigné de soleil. Vlaminck dira plus tard, revenant sur ses premières années avant sa découverte de Van Gogh : "Je composais d´instinct, malhabilement, posa[nt] les couleurs avec la seule idée qui pour moi excusait tout : dire ce que je ressentais. Je peignais en balbutiant.[...] Il me semblait que l´eau, le ciel, les nuages, les arbres savaient le bonheur qu´ils me procuraient."( Tournant dangeureux, 1929, cité par Daniel Couty ).


Il en est peut-être de même d´une toile aussi connue que La Seine à Chatou, peinte la même année (1905).

Mais si Vlaminck est avant tout un peintre instinctif où les hurlements de vermillon, de jaune et de vert atteignent un paroxysme absolu dans la période strictement fauve, il n´est pas ignorant des influences du temps.

En cotoyant Les Cubistes et Picasso, et en découvrant l´importance de Cézanne à partir de 1907, il délaissera quelque peu la couleur pour représenter différemment l´espace. Les contrastes chromatiques ne seront pas absents, mais ils seront fortement atténués au profit des formes qui imposeront leur présence. Nature morte au couteau, peint en 1910, est un bel exemple de sa nouvelle manière de structurer l´espace.

Plus tard, en une troisième période que l´exposition actuelle ne présente pas, Vlaminck reprendra à l´envi les ciels orageux tourmentés par les bourrasques de vent du Nord. Le bleu sombre, le blanc et le gris domineront alors. Il est curieux que l´idée que j´avais de ce peintre fauve venait de cette période, certes féconde, mais, somme toute, peu inventive sur le plan strictement pictural. Peut-être faut-il l´attibuer au fait que la reproduction sur papier de ses toiles purement fauves n´était pas si aisée alors. Il est possible aussi que j´avais en tête cette phrase que j´ai retrouvée de lui : " Je suis heureux tout seul, dans le vent, dans la pluie, dans les éléments, avec ma pipe."
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7 avril 2008 1 07 /04 /avril /2008 09:53
Selon Modigliani (1884-1920), "l´art se nourrit de l´art et non de l´observation de la nature." Voilà pourquoi, sans doute, il n´a pratiquement jamais peint de paysages ni de natures mortes.

Il gagne Paris en 1906. Il a 22 ans.  Il fait la connaissance du groupe du Bateau-Lavoir où Picasso règne en maître. Il rencontre Cendrars, Apollinaire et Max Jacob, mais c´est avec Soutine et Utrillo qu´il se lie, peintres comme lui. De santé fragile, miné par la tuberculose, il soumet sa vie à tous les excès : il abuse de l´alcool, s´adonne à la drogue et connaît de nombreuses femmes. Il mourra épuisé à trent-six ans, ignoré de presque tous. Sa jeune et timide épouse, Jeanne Hébuterne, [ ci-contre ] enceinte pour la seconde fois, se suicidera deux jours après sa mort en se jetant par la fenêtre d´un cinquièrme étage.

On pourrait croire qu´avec de tels excès, sa vie n´était faite que de malheurs accumulés. Il n´en est rien. Il aurait sans doute répondu, comme son ami Soutine à qui l´on avait demandé s´il était vrai qu´il avait eu un grand malheur dans sa vie : "Non. Qu´est-ce qui vous fait croire cela ? J´ai toujours été un homme heureux."

Contrairement à celles de Soutine et d´Utrillo, les toiles de Modigliani ne sont pas torturées. Il n´a fait qu´effleurer le fauvisme et l´expressionnisme. Le cubisme n´a pas davantage laissé sur lui d´empreintes durables. Le fauvisme met l´accent sur la couleur ; Modigliani  privilégie la ligne. Le cubisme, trop cérébral, ne convient pas mieux à son effort de stylisation. Quant à l´expressionnisme, c´est, autant qu´une émotion, le cri jeté d´un écorché vif : la peinture de Modigliani est une peinture apaisée.[ Ci-dessous à gauche : Modigliani peint par Jeanne Hébuterne ]


De ses sculptures et de sa série de Caryatides, qu´il appelait ses déesses de Beauté ou colonnes de tendresse, il ne reste pratiquement rien. Seuls subsistent ses Nus et ses Portraits. Jamais l´expression du malheur n´apparaît. Jamais, non plus, ne s´exprime une quelconque obscénité sexuelle. Son Nu assis de 1912 est d´une fraicheur infinie, d´une absolue franchise.[ Ci-dessous ]. La perversité d´un Arthur Schnitzler ou l´exibitionnisme d´un Egon Schiele  ne l´effleurent pas. Seule la vie le retient. Il est difficile de comprendre aujourd´hui pourquoi l´exposition particulière de décembre 1917, où plusieurs de ses Nus ont été exposés, a dû fermer ses portes quelques heures seulement après son ouverture.

Les Nus de Modigliani ne sont en rien sexuellement provocants, même s´il refuse, par souci de convention, de voiler la pilosité pubienne des femmes d´un petit pan de drap ou d´une main négligemment posée juste devant. Il faisait sienne l´affirmation des Anciens : "naturalia non sunt turpia", les choses naturelles ne sont pas sales.

De Toulouse-Lautrec, de l´art nègre et de l´effort de stylisation du sculpteur roumain Brancusi, Modigliani retiendra le goût de la ligne et de la sobriété expressive. Mais c´est surtout de Cézanne qu´il se réclamera : comme lui, il cherchera à simplifier les volumes, il mettra en relief les lignes pures et il allègera la matière. Le Mendiant et Le Joueur de violoncelle, peints en 1909, sont de facture typiquement cézannienne.

Ses Portraits, autant que ses Nus, ont pratiquement tous une posture identique.

 Le Portrait de Jeanne Hébuterne devant la porte, peint en 1919, est particulièrement émouvant car il émane de cette femme une immense tendresse. [ 1ère reproduction ci-dessus ] . Le cou est d´une longueur peu exagérée, les épaules sont tombantes sans excès, les mains modérement effilées. Ce que recherche Modigliani dans ce tableau qui est l´un de ses derniers, ce n´est plus tant une certaine beauté abstraite d´un simple modèle qui pose nonchalamment, mais la tentative de restituer toute une attitude de vie : une souffrance retenue et la timidité patiente de sa propre femme qui, comme pour se protéger du monde hostile qui l´entoure, se tient assise, repliée frileusement sur elle-même. La force tranquille de Modigliani est là : restituer, malgré la froideur des couleurs, la chaleur tendre d´un immense amour.

La peinture de Amadeo Modigliani peut difficilement se rattacher à une école. Son art lui est propre. Son maniérisme peut parfois lasser, car les attitudes sont un peu toujours les mêmes. Il n´empêche : ce qu´il nous transmet, comme il a su admirablement le dire lui-même, c´est "l´expression de muette acceptation de la vie."
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20 novembre 2007 2 20 /11 /novembre /2007 04:37
Letters190.jpgPA1 : Â l´est du nouveau.

PA2 : L´´ esprit ,- spirit et diverss alcools eteau de vie veillent sur vous.

PA3 : Signé : Je-vous-salue-bien bas vous tousse- teuff-teuff. Car je m´amuse bien comme Guillaume Apollinaire.

PS1 : Le rire d´Hermann +, un peu + mais point trop n´en faaulx. Umberto Eco + arial Kauffmann bordel de merde.

PS2 : hé hé et/ou hi hi c selon



source : Marat assassiné par Charlotte Cor aux pieds

PS supplètif : "Méfiez-vous de la première impression, c´est souvent la bonne" de Genet /jeûnot/genêt/ Gèrard Genette pour les intimes du panégyriste du ^¨palimpseste. [ À moins que ca soit de Napoléon le GRAND ]

ps suppléétif pas si tiré  par les cheveux : Barbara-Boris-Cyrulnik , - Le secret de la chambre jaune + Frêle bruit. Comme chacub sait. Chat au cube ou Ca perché deDuvallier.
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  • : Souvenirs et impressions littéraires (d´un professeur retraité expatrié en Norvège)
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