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24 mars 2010 3 24 /03 /mars /2010 13:39
SeuratAsnières2-copie-1
De Ge
orges Seurat (1859-1891) Etude pour "Une baignade à Asnières" (1883) pourrait presque être comprise, si on la regarde vite, comme une oeuvre impressionniste. Rien n´est plus faux. Les coups de pinceaux ont peu à voir avec la touche impressionniste. Les personnages se figent et n´ont pas la spontanéité de ceux d´un Monet ou d´un Renoir. Les tons du ciel et les traits qui représentent l´eau du fleuve montrent plutôt la voie vers un composition allégorique à la Puvis de Chavannes dont Le pauvre pêcheur, de 1881, est un bon exemple ; - et que Seurat appréciait tant.

Ce tableau montre à l´évidence que Seurat s´éloigne de l´impressionnisme. Même si le monde moderne fait irruption dans le lointain et encadre le bonheur simple des baigneurs du premier plan.

La version finale Une baignade à Asnières, qui date de 1884, ne laisse aucun doute.
SeuratAsnières1
Autre lien :
 - Esquisse pour Un dimanche dans l´île de la Grande Jatte 
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23 mars 2010 2 23 /03 /mars /2010 13:50
PuvisDeChavannes
Contrepoids à l´instant qui passe, Le pauvre pêcheur de Puvis de Chavannes (1824-1898)
date de 1881. Il a eu de nombreux détracteurs. Mais Seurat et Gauguin, puis plus tard Picasso, l´ont beaucoup apprécié.

Le pêcheur tourne ostensiblement le dos à l´enfant insouciant qui dort et à la femme agenouillée qui cueille des fleurs. Suffit-il cependant de se détourner de l´instant fugitif qui passe pour trouver sérénité et saisir une pensée qui vaille qu´on s´y attarde ?
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28 janvier 2010 4 28 /01 /janvier /2010 12:51
Entre 1900 et 1910, l´expressionnisme d´Edvard Munch s´approfondit. Il peint de plus en plus en relation avec des événements personnels. Durant l´été 1902 en Norvége, lors d´une querelle avec sa maîtresse Tulla Larsen, il s´était blessé à la main en tirant un coup de feu, ce qui entraînera leur rupture définitiveCinq ans plus tard, il transposera cet événement dans La Mort de Marat (1907).
MunchMortDeMaratII1907 Il élargit ainsi la base de son expressionnisme et saisit, avec des traits horizontaux, verticaux et obliques - et une couleur posée directement du tube sur la toile - la détresse et la désillusion qui peuvent exister dans toute relation sexuelle unissant  deux amants.
MunchAmorOgPsyke1907
Dans Amour et Psyché, également peint en 1907, la relation entre l´homme et la femme semble plus apaisée. Mais on retrouve les traits qui caractérisent le changement de cette période : des traits vérticaux et une couleur tirée du tube, donnant ainsi à la toile une intensité et une vitalité imprégnée de tristesse.

De la même année 1907, j´ajouterai Confort :

MunchConfort

Autre lien :
 - Dans la nuit d´Henri Michaud avec Edvard Munch et Edgar Varèse
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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 13:23
L´exposition du peintre norvégien Bjarne Melgaard (né en 1967), qu´organise jusqu´au 24 avril 2010 à Oslo le musée d´Art moderne Astrup Fearnley dérange. Car ce qu´elle montre, ce n´est ni plus ni moins les pulsions vitales les plus crues et les plus inavouables de l´homme : BarneMelgaarduntitled2000
la haine, le désir de meurtre, la tentation du suicide, le satanisme, le sado-masochisme, l´homosexualité, la pédophilie, le désir de destruction.... 
BjarneMelgaard2
Ce n´est pas de tout repos. Mais il faut oser aller la voir.

Dans un article du journal norvégien Dagsavisen du 22 janvier 2010, au lendemain du vernissage, Bjarne Melgaard déclare : "Il y a en nous beaucoup d´aspects que nous souhaitons ne pas avouer, comme par exemple la jalousie. Etre jaloux, c´est mal". Certes. Mais s´exprimer ainsi, c´est largement édulcorer l´ensemble de ses toiles, dessins, sculptures et installations qu´expose cette rétrospective.
img001
La violence est extrême. L´expressionnisme poussé à son paroxisme. D´Edvard Munch, Norvégien comme lui, il prolonge l´expressionnisme en l´exacerbant. Comme celui d´Egon Schiele. Il appuie là où ça fait mal. Comme ce groupe musical norvégien Black Metal des années 1990, dont il se réclame, et qui comme lui, a eu plusieurs fois maille à partir avec la police.

Ses toiles sont généralement sans titre. Chacun est donc libre d´y voir ce qu´il veut.

 img003
Toutes ces oeuvres sont intitulées "Sans titre".
Date de production : illustration 1 : 2000; illustration 2 : 2007; illustrations 3 et 4 : 2009
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18 janvier 2010 1 18 /01 /janvier /2010 12:46

Vermeer (1632-1675) est un peintre dont les quelques trente-cinq ou trente-sept oeuvres qu´on lui attribue me restent profondément présentes. Je ne me lasse jamais de les revoir ; voilà pourquoi j´ai toujours feuilleté les diverses histoires de l´art que je possède. Désormais, comme tout le monde, je me rends sur la Toile pour les voir et les revoir souvent. Mais me manquent les commentaires des vrais connaisseurs, surtout si ceux-ci sont aussi de vrais écrivains.

Tout Français connaît plus ou moins la page de Proust décrivant la mort de l´écrivain Bergotte devant le "petit pan de mur jaune" de la Vue de Delft. Aussi belle, sinon plus, est la "méditation" de Claudel qui, vantant les couleurs de Vermeer - grâce notamment au "rapport stimulant d´un bleu céleste et d´un jaune limpide" de la Jeune fille au turban - (plus connue aujourd´hui sous le nom de Jeune fille à la perle, depuis que, tiré du bon roman deTracy Chevalier, on en a fait un très beau film), pointe avec raison "cette pupille au centre d´un oeil bleu qui est la convergence de tout un visage, de tout un être, une espèce de coordonnée spirituelle, un éclair décoché par l´âme"..
VermeerPerle
Elie Faure - bien avant Claudel et sans doute aussi avant Proust - avait mis en évidence dans son Histoire de l´art publié dès 1919-1921, que chez Vermeer, "la couleur est pétrie dans le tissu des choses, dans ce visage pulpeux et gonflé de sang,
VermeerLaitière
dans cette main posée sur ce corsage d´or,
VermeerEntremetteuse
ces rouges et ces noirs insondables comme des pierres translucides".
VermeerAiguière
Malraux, dans une formule à l´emporte-pièce un peu obscure mais juste, voit en Vermeer un précurseur de la peinture moderne, puisqu´il donne au monde, "pour valeur fondamentale la peinture elle-même". Ce qui doit vouloir dire, si je comprends bien, que l´intention de ses tableaux transcende la peinture de son temps et dépasse l´anecdote de la scène représentée pour donner force à la pleine couleur. 

Grand analyste de la culture sous diverses formes, Tzvetan Todorov, dans son essai sur la peinture hollandaise au XVIIe siècle Eloge du quotidien (Seuil, Coll. Points,1997), ne dira pas autre chose : avec Vermeer, "nous sommes comme frappés de stupeur devant la beauté des tissus, des meubles, des gestes". 
VermeerCollierdePerles
Par là, ajoute-t-il, plus encore que ses contemporains, Vermeer nous apprend "non pas à ralentir nos gestes - nous aurions à renoncer là un point important de nous-mêmes - mais l´impression qu´ils laissent dans notre conscience, pour nous donner le temps de les habiter et de les savourer. C´est alors (conclut-il) que la vie quotidienne cesserait de s´opposer aux oeuvres d´art, aux oeuvres de l´esprit, pour devenir, tout entière, aussi belle  et riche de sens qu´une oeuvre".

Belle utopie que celle de laisser supposer que la "vraie vie" serait dans l´accomplissement des gestes les plus quotidiens et la possession d´objets anodins.

Autres liens :
 - 
Sylvie Germain - via le blog à sauts et à gambades 
     - Comment regarder un tabeau  - du même blog.      
        -
et à nouveau Vermeer sur Google  

[Illustration 1 : La jeune fille au turban dit encore La jeune fille à la perle (1665-1667) ; Illustration 2 : La laitière (1658-1661) ;
Illustration 3 : L´entremetteuse (1656) ;
Illustration 4 : Jeune fille à l´aiguière (1662-1665) ;
Illustration 5 : La dame au collier de perles (1662-1665)]

 

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13 janvier 2010 3 13 /01 /janvier /2010 13:44
En prolongement du billet d´hier, voici deux peintures de neige. L´une est fort connue : elle a plus de quatre siècles ; Bruegel l´Ancien en est l´auteur (1525/30-1569). Peinte en 1565, elle a pour titre Les Chasseurs dans la neige.
PieterBruegel1
Les rigueurs de l´hiver sont certes bien présentes dans ce tableau archi-célèbre ; mais les hommes qui reviennent de la chasse avec leurs chiens à gauche, les nombreux villageois qui glissent à l´envi sur l´étang gelé à droite, et au premier plan, des tiges de ronces qui percent le manteau neigeux, montrent à l´évidence que cette rigueur est surmontée.
GeorgesMoteley1
Tout autre est l´esquisse que le peintre normand Georges Moteley, largement oublié aujourd´hui (1865-1923), a sans doute peint à la va-vite en 1903. Les rigueurs de l´hiver ont chez lui une tonalité bien différente puisque ce qui retient son attention ce sont des baraquements délabrés, une neige sale en train de fondre, et, au premier plan, deux corbeaux faméliques. Passer l´hiver dans de telles conditions ne devait pas être une sinécure.

Autres liens :
 - Monet et trois effets de neige
   - L´hiver au corbeau de Jan Vaerten
     - Marquet saisons / Paris l´hiver
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30 octobre 2009 5 30 /10 /octobre /2009 15:03
À la différence d´autres peintres, Picasso n´a pas "été qu´un oeil ; mais quel oeil !"

Autoportrait ci-contre, crayonné en 1972 alors qu´il avait plus de 90 ans, révèle pour moi, bien mieux que n´importe quel autre autoportrait, l´oeil qu´il était ; - et sa fascination qu´il avait pour les scènes en abîme, qu´il révèle d´une manière encore plus magistrale dans 

Le Peintre et l´Enfant de 1969, car on peut aussi bien y voir le père de Picasso offrant à l´enfant précoce qu´il était ses pinceaux, que Picasso lui-même, transmettant à l´enfance le soin de continuer. Quel beau testament !

Autres liens : - Egon Schiele
 - Edvard Munch
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22 octobre 2009 4 22 /10 /octobre /2009 12:57
Avec quelques amis, j´ai revu hier les toiles bien connues du Munch expressionniste qui peint sur la toile les sentiments qu´il ressent. J´ai donc pu admirer de nouveau ce que désormais tout le monde connaît et qui ne laisse personne indifférent, tant l´âpreté des couleurs est grande et forte.

Mais pour me rendre au musée, j´ai dû suivre une allée jonchée de feuilles humides qui collaient à mes pieds. Je me suis donc attaché à mieux observer les rares paysages que Munch a peint quelquefois. La toile qui m´a le plus frappé en cette journée d´automne sans soleil ni pluie mais pleine d´humidité, est celle qu´il a intitulée Høst i almeskogen ( = Forêt d´ormes en automne). Elle est datée 1920-25. Munch a donc fini de la peindre alors qu´il avait un peu plus de 60 ans. 

Je ne vois dans cette toile aucun signe d´apaisement mais bien plutôt, dans l´affrontement des violets et des bruns des arbres tortueux, et l´agencement des jaunes, des verts, des ocres et des rouge nacarat des feuilles du sol, de la rage à peine contenue. C´est dire que même en peignant des paysages, Edvard Munch cherche encore et toujours à montrer ce qu´il ressent.
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14 juillet 2009 2 14 /07 /juillet /2009 09:16


À vous, internautes, de vous rendre sans tarder sur le site du Musée d´Orsay. L´exposition Max Ernst. "Une semaine de bonté". Les collages originaux est magnifique. Il vous suffit de cliquer sur le lien suivant : http://www.musee-orsay.fr/index.php?id=649&L=&tx_ttnews[tt_news]=20484&no_cache=1
Puis de lire, un à un, les 5 volets que donne par ailleurs le site du musée en cliquant sur les mots vers la présentation détaillée.

 

Les détournements auxquels se livre Max Ernst à partir d´illustrations de Sade, Gustave Doré, Fantomas ou de couvertures de romans policiers de son époque sont merveilleux de malice et de dérision. Bien que d´une époque révolue, ces collages dénoncent sans concession la violence humaine et les forces incontrôlées de la nature des années 1930. Rien n´a vraiment changé. Les désastres du nouveau siècle naissant n´ont pas grand chose à envier à ceux du siècle précédent.


 
 




Bonne découverte !

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27 juin 2009 6 27 /06 /juin /2009 10:03

Une mouette a établi son nid près de chez moi. Pour "célébrer" cet événement,  Le nid dans le feuillage de Georges Braque me semble parfait : "L´émotion ne s´ajoute ni ne s´imite. Elle est le germe, l´oeuvre est l´éclosion". (Du même Braque)

[Illustration : Georges Braque Le nid dans le feuillage, 1958)

Liens : - Lettera amorosa 
               - L´oiseau et son ombre
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