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29 novembre 2010 1 29 /11 /novembre /2010 12:07

Bilde0139

 

 

 

Vers 4 heures du matin, cherchant en vain le sommeil, j´ai entendu à ma porte comme un désir d´entrer. La nuit, ceinte de blanc, ne m´a livré aucun secret ; ni plus tard le soleil au matin. Mais reste tracée, pour quelques heures encore, la convergence des multiples.

 

Liens :

 - Chat tutélaire  

    - Le chat Georg

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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 13:12

Hier, veille du premier dimanche de l´avent, j´ai vu pour la quatrième ou cinquième fois le ballet du russe Tchaïkovski. CasseNoisette.jpgClara n´était pas que sur scène ; beaucoup se trouvaient à l´orcheste ou au balcon, accompagnées de Maman, de frères et de soeurs. Parfois aussi, de Grand-Papa et de Mammy. Plus rarement de Papa.Tous souriaient, les yeux étincellants. À l´entracte, les petites souris se laissaient photographier auprès d´une Clara anonyme pour que le bonheur d´un jour se transfome en souvenir. Et quand tout fut fini, le rideau une fois tombé, plusieurs prolongèrent le plaisir pour devenir danseuse étoile emportée par un Prince (Photo ci-contre).

 

Aujourd´hui, la fête continue : la neige tombe dru et les flocons tourbillonnants couvrent pins, bouleaux et sorbiers d´un blanc hivernal de conte. Dans toutes les maisons ou presque, les fenêtes se décorent d´une étoile de bois dite d´avent et deviennent balises, vraies guirlandes de fêtes. Pour tout le mois qui s´annonce, jusqu´à Noël et l´An neuf, elles resteront jours et nuits allumées.

 

Temps béni des enfants : tous, avançant dans le mois qui commence, contemplent sûrement comme je le faisais enfant, les flocons étincellant.

 

Liens :

 - Verre, marbre et chêne à l´Opéra d´Oslo   

     - Joyaux de feu à l´Opéra d´Oslo

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27 novembre 2010 6 27 /11 /novembre /2010 08:05

EnLaDemeure

En la demeure du poète Antonio Rodriguez (Editions Empreintes, 2007, 94 pages, 19,20 €, Moudon, Suisse) sonne au plus près des choses et au plus juste des mots que sont la chambre du malade, la vieillesse et la mémoire, la dépouille et le deuil, les flétrissures de peau. Chaque partie et sous-parties sont dédiées à qui de droit : "à ceux qui vieillissent",  "à ceux qui ont peur" ainsi qu´"à ceux qui boitent" ; puis, dans "l´entre-deux", "à ceux qui guettent". Et quand ensuite on sent que vient l´après, c´est le "trois fois rien" de "ceux qui n´y croient plus" :

 

               VI

 

Noël

ou la famille réunie                                         ViellardEtEnfant

cerclant la carcasse d´une volaille

s´efforçait de rire à la chaleur                             

de la fratrie qui s´anime et s´agite

Une chaise vide reste à l´écart

Le parent silencieux l´an dernier

regardait les vivants en étranger

sachant déjà mesurer son déclin

L´air de rien y voyait sa veillée

Qu´il était doux de les sentir insouciants

pensant la mort comme chose naturelle

alors qu´à présent cette chaise ...

 

.......................................................................

 

Des yeux étincellent - la joie malgré tout.

 

                            * * *

Et pour finir : "à ceux qui s´enferment" puis "à ceux qui fatiguent".

 

Liens :

 - Apprendre à mourir        

 

[illustration : Le vieillard et l´enfant Dominico Ghirlandaio (1449-1494)]

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25 novembre 2010 4 25 /11 /novembre /2010 03:35

BonnefoyRaturerOutre

Merveilleux Bonnefoy qui surmonte les ans ! Raturer outre, mince recueil d´une quarantaine de pages (Galilée, 2010, 13 €) reprend la contrainte du sonnet pour dire le peu de matières des débris du temps. Il retrouve ainsi son regard d´enfant et ne cesse de dire, par delà la fragilité, la force des ans :

 

                     Un souvenir

 

Il semblait très âgé, presque un enfant,

Il allait lentement, la main crispée

Sur un lambeau d´étoffe trempée de boue.

Ses yeux fermés, pourtant. Ah, n´est-ce pas

 

Que croire se souvenir est le pire leurre,

La main qui prend la nôtre pour nous perdre ?

Il me parut pourtant qu´il souriait

Lorsque bientôt l´enveloppa la nuit.

 

Il me parut ? Non, certes, je me trompe,          KonradLorenz

Le souvenir est une voix brisée,

On l´entend mal, même si on se penche.

 

Et pourtant on écoute, et si longtemps

Que parfois la vie passe. Et que la mort

Déjà dit non à toute métaphore.

 

Liens :

 - "Aucun dieu ne l´aura voulu ..."

    - "Pour que vieillir ce soit renaître ..."      

       - En passant

 

[illustration : Konrad Lorenz, l´homme qui parlait avec les oies (1903-1989)]

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24 novembre 2010 3 24 /11 /novembre /2010 12:48

LaurentBinetHHhH

HHhH de Laurent Binet (Grasset, 2010, 441 pages, 20,90 €) est un roman historique à la fois passionnant et irritant. Passionnant par l´enquête historique qu´il mène ; irritant par le style adopté.

 

L´enquête est minutieuse et respectueuse des moindres détails : l´opération "Anthropoïde", autrement dit l´assassinat à Prague en mai 1942 de Reinhard Heydrich, "l´homme de plus dangereux du IIIe Reich", également surnommé "le bourreau de Prague". L´opération, menée par deux parachutistes tchécoslovaques nommés Gabcík et Kubis, et choisis avec circonspection par les plus hautes instances des services secrets de Londres, sera sans faille. La cible, quant à elle, n´est pas des moindres : ce n´est rien moins que celui qui, lors de la conférence de Wannsee le 20 janvier 1942, a su préciser en quelques phrases les modalités pratiques de la Solution finale : Reinhard Heydrich, "la bête blonde", le chef d´Eichmann et le bras droit de Himmler, celui de qui les SS disaient en allemand "Himmlers Hirn heisst Heydrich", autrement dit "le cerveau d´Himmler s´appelle Heydrich".

  

Mais le style que Laurent Binet a adopté est irritant au possible et gâche à chaque instant la reconstitution historique. L´intention est louable : comment, dans un roman qui se veut respectueux des moindres faits de la "Grande Histoire", concilier la fiction romanesque et la vérité historique ? Comment, en d´autres termes, pour qui veut respecter l´Histoire, renoncer au désir de romancer, et donner cependant à la Littérature un plein droit sur l´Histoire ? Difficile question.

 

Après le pavé des Bienveillantes de Jonathan Littel et le provocant Jan Karski de Yanneck Haenel, à vous de découvrir, en lisant ce roman, la voie très personnelle choisie par Laurent Brunet. Ce débat n´est cependant pas nouveau. Pour preuve l´exergue qui ouvre le romnan, tiré de l´ essai La Fin du roman du grand Ossip Mandelstam  : "À nouveau la pensée du prosateur fait des taches sur l´arbre de l´Histoire, mais ce n´est pas à nous de trouver la ruse qui permettrait de faire rentrer l´animal dans sa cage portative."

 

Liens :

 - L´épigramme à StalineOssip Mandestam  

    - Penser le XXe siècle

         - La solution finale au théâtre

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22 novembre 2010 1 22 /11 /novembre /2010 12:11

Hommage des poètes français à Attila József (1905-1937), publié chez l´éditeur Pierre Seghers (1955, 91 pages) est un recueil très attachant. Il présente une bonne quarantaine de poèmes mis en vers français par vingt-six poètes de renom dont, entre autres, Paul Eluard, Alain Bosquet, André Frénaud, Georges-Emmanuel Clancier, Guillevic, etc. Trois de ces poèmes ont en français deux ou plusieurs versions, ce qui est d´un intérêt prodigieux car cela permet de faire comprendre non seulement la richesse de la langue du Hongrois mais aussi de révéler le style très différent de ceux qui ont accepté la comparaison, qu´ils s´appellent Claude Roy, Guillevic, Alain Bosquet (ou autres, moins connus aujourd´hui). Les traducteurs du hongrois, Albert Gyergyai, Claire et Ladislas Gara, s´étaient limités à le traduire littéralement. D´où les adaptations poétiques des poètes français. Certains poèmes reproduisent l´écriture des traducteurs. Le premier celle d´Àttila József. Ce recueil est une très belle réussite.

 

Les mots-clefs de l´oeuvre poétique d´Attila József proviennent clairement de sa vie, AttilaJozsef2qui pour le moins, n´a guère été facile : un père qui fuit très tôt le foyer conjugal, une mère blanchisseuse qui meurt très jeune, l´Assistance Publique durant plusieurs années, la solitude, la faim, le froid, la misère, l´injustice, la révolte, le rejet, l´incompréhension, la neurasthénie, la peur de la folie, et pour finir ... le suicide. Quelle vie ! D´ou le caractère profondément émouvant de certains poèmes, dont celui qui va suivre, dans lequel sourd un ardent désir de famille, de foyer, de pays accueillants et bien sûr, aussi, de femme :

 BertheMorisot1872

      

 

 

 

 

            Berceuse

 

Pourtant elle me berce

Comme un lac de roseaux.

Bleuâtre le jour perce,

Un baiser sur les eaux.

 

Peut-être son amour

D´un autre va s´éprendre.

Qu´il la berce à son tour

D´un bercement si tendre.

                                     (1928)

 

Adaptation de Guillevic d´après

la traduction de Ladislas Gara.

 

[illustration : Berthe Morisot Le Berceau 1872]

 

Liens :

 - "Mets ta main sur mon front ..."  

    - "Je serai jardinier ... " 

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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 12:43

AlainFinkielkraut,jpg

L´interminable écriture de l´Extermination, sous la direction d´Alain Finkielkraut (Stock, 2010, 289 pages, 19 €) est la transposition de quinze entretiens radiophoniques qui se sont tenus entre 1994 et 2009. Sous la houlette du grand maître d´oeuvre Finkielkraut, sont ainsi convoqués philosophes, historiens, journalistes et autres écrivains pour parler de la Shoah, du nazisme et de la "banalité du mal" qui ont ravagé le siècle dernier et qui ne cessent d´être auscultés. Sont donc analysées des oeuvres essentielles, souvent dérangeantes et parfois controversées. Ainsi Les Bienveillantes de Jonathan Littel (Gallimard, 2006), qui donne la parole au bourreau ; ainsi le récit émouvant de Jacqueline Mesnil-Amar Ceux qui ne dormaient pas (Stock, 2009), qui, parfaitement assimilée en France, montre comment l´on devient Juif sous l´Occupation ; ainsi de plusieurs ouvrages plus difficiles d´accès qui abordent sans peur "le scandale Heidegger", compromis dès 1933 avec le nazisme,  mais qui n´a jamais jugé opportun, alors qu´il aurait pu le faire bien avant 1945, de remettre en cause son engagement de 1933 ; ainsi aussi du livre dérageant du romancier Yannek Haenel Jan Karski (Gallimard, Coll. L´infini, 2009), qui affirme de manière provocante que "le procès de Nuremberg n´a pas seulement servi  à prouver la culpabilité des nazis [mais aussi] à innocenter les Alliés."

 

Cet ouvrage n´est pas de tout repos. Il pose une question essentielle : "Comment penser le XXe siècle ? "  HittlerMonSalonFaut-il croire à la "banalité du mal" ?  Non au sens que la majorité lui donne - à savoir que le mal est banal, ordinaire -  mais au sens qu´Hannah Arendt lui donne : "Que les hommes qui l´ont accompli étaient des hommes ordinaires "? Et faut-il ou non affirmer la singularité du génocide juif au risque d´éclipser ce qui s´est passé avant ou plus tard, notamment au Cambodge, au Rwanda et aux portes de l´Europe dans l´ex-Yougoslavie ?

 

Eradiquer le Mal est à coup sûr utopique ; mais à ce jour, seule la démocratie, pour citer la spécialiste de philosophie morale et de philosophie politique Myriam Revault d´Allonnes, est capable de "favoriser les conditions de ce discernement du mal."

 

À lire donc -  malgré sa difficulté. En se souvenant avec le philosophe Paul Thibaud, président de l´Amitié judéo-chrétienne de France et ancien directeur de la revue Esprit, de l´affirmation de Pascal qui clôt l´ouvrage -  sans pour autant tomber dans l´angélisme : "L´homme passe infiniment l´homme."

 

Liens  :

 - Le songe d´Eichmann et le cauchemar de Kant    

    - Kant et son désir de Paix perpétuelle

 

[illustration : Hitler dans mon salon]

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19 novembre 2010 5 19 /11 /novembre /2010 13:32

LEnfantEternel

Pauline a trois ans. Comme tous les enfants, elle aime les contes et se fourrer sous les draps de Papa et Maman pour se cacher dans leur lit. Mais Pauline a mal à un bras ; et son mal s´avèrera avoir un très vilain nom : ostéosarcome, autrement dit cancer des os. Pauline n´y échappera pas : elle mourra à peine âgée de quatre ans.

 

C´est le récit de cette maladie et de ce décès que nous conte son Papa Philippe Forest dans L´enfant éternel (Gallimard, Coll. L´Infini, 1997, 380 pages ; également en poche Folio). Pour ce faire, Philippe Forest s´est fait écrivain. C´est dire que ce récit est beaucoup plus qu´un témoignage : c´est un véritable roman. Les joies de l´enfance, l´enchantement des jours et l´émerveillement à la vie alternent avec bonheur sur la dure réalité des traitements médicaux, des diagnostics incertains et des séjours de plus en plus fréquents dans divers hôpitaux.

 

Mais Philippe Forest n´oublie pas qu´il est aussi universitaire, qu´il enseigne la littérature comparée et qu´il est l´auteur de plusieurs ouvrages sur la littérature d´hier et d´aujourd´hui, d´ailleurs ou d´ici. Il mêle donc à ses réflexions sur la douleur, la vie et la mort, des remarques passionnantes sur la fonction que le besoin d´écrire peut avoir dans le travail du deuil. Certaines sont personnelles ; mais d´autres, toutes aussi passionnantes, reprennent ce que Victor Hugo et Stéphane Mallarmé ont écrit après la mort accidentelle de Léopoldine Hugo à Villequier ou la mort du fils de Mallarmé emporté par la maladie. C´est dire la force de ce roman pas vraiment comme les autres. Pour preuve ce passage, où Philippe Forest mêle à ses réflexions personnelles celles peu connues de Mallarmé.  "L´enfant qui meurt est éternel, le chagrin de la pensée infinitise le bref espace de jours qui annonce la fin. La poésie de la maladie allonge cette durée de peine puisque tout se réduit à elle : "l´on profite de ces heures, où mort - frappé - il vit - encore, et - est encore en nous". Ou :  "maladìe à laquelle on se rattache, désirant qu´elle dure, pour l´avoir, lui plus longtemps". L´enfant est proche encore mais déjà il jouit du prestige de distance qui n´appartient qu´aux morts. Il est lui et, déjà, n´est plus lui. Le deuil le transforme qui, paradoxalement, précède la mise en bière effective. L´amour qu´on lui porte va à un vivant, à un corps tendre répondant aux caresses mais ce corps est chéri dans l´éloignement imminent que le sort lui prépare."  

 

Surmontez vos craintes, et lisez ce roman magnifique.

 

Liens :

 - Vivre sa journée   

   - Angoisse mallarméenne    

      - Faire son deuil

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18 novembre 2010 4 18 /11 /novembre /2010 12:55

 

YngveHenriksen

 

 

 

M´est-il encore temps d´apprendre le temps ?

Il m´en reste si peu.  

Le temps s´est figé.

Midi est passé.

 

 

 

[illustration : Yngve Henriksen Troisième retour. Peintre norvégien né en 1965]

 

 

Lien :

 - Oiseaux de Lars Lerin

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17 novembre 2010 3 17 /11 /novembre /2010 08:51

La neige chagrine

volette modérément -                  NeigeNovembre

Au loin son de cloche

 

L´asphalte se couvre

d´une couche légère -

L´enfant glisse en riant

 

La neige redouble

Le silence se fait sourd

La porte se ferme

 

Devant sa fenêtre

Un vieux seul en silence

Voit le soir qui tombe

 

Le soleil revient

dans le jour qui s´achève

La joie étincelle

 

Liens :

 - Neige et soie grège   

    - Neige et haïkus

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