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22 novembre 2010 1 22 /11 /novembre /2010 12:11

Hommage des poètes français à Attila József (1905-1937), publié chez l´éditeur Pierre Seghers (1955, 91 pages) est un recueil très attachant. Il présente une bonne quarantaine de poèmes mis en vers français par vingt-six poètes de renom dont, entre autres, Paul Eluard, Alain Bosquet, André Frénaud, Georges-Emmanuel Clancier, Guillevic, etc. Trois de ces poèmes ont en français deux ou plusieurs versions, ce qui est d´un intérêt prodigieux car cela permet de faire comprendre non seulement la richesse de la langue du Hongrois mais aussi de révéler le style très différent de ceux qui ont accepté la comparaison, qu´ils s´appellent Claude Roy, Guillevic, Alain Bosquet (ou autres, moins connus aujourd´hui). Les traducteurs du hongrois, Albert Gyergyai, Claire et Ladislas Gara, s´étaient limités à le traduire littéralement. D´où les adaptations poétiques des poètes français. Certains poèmes reproduisent l´écriture des traducteurs. Le premier celle d´Àttila József. Ce recueil est une très belle réussite.

 

Les mots-clefs de l´oeuvre poétique d´Attila József proviennent clairement de sa vie, AttilaJozsef2qui pour le moins, n´a guère été facile : un père qui fuit très tôt le foyer conjugal, une mère blanchisseuse qui meurt très jeune, l´Assistance Publique durant plusieurs années, la solitude, la faim, le froid, la misère, l´injustice, la révolte, le rejet, l´incompréhension, la neurasthénie, la peur de la folie, et pour finir ... le suicide. Quelle vie ! D´ou le caractère profondément émouvant de certains poèmes, dont celui qui va suivre, dans lequel sourd un ardent désir de famille, de foyer, de pays accueillants et bien sûr, aussi, de femme :

 BertheMorisot1872

      

 

 

 

 

            Berceuse

 

Pourtant elle me berce

Comme un lac de roseaux.

Bleuâtre le jour perce,

Un baiser sur les eaux.

 

Peut-être son amour

D´un autre va s´éprendre.

Qu´il la berce à son tour

D´un bercement si tendre.

                                     (1928)

 

Adaptation de Guillevic d´après

la traduction de Ladislas Gara.

 

[illustration : Berthe Morisot Le Berceau 1872]

 

Liens :

 - "Mets ta main sur mon front ..."  

    - "Je serai jardinier ... " 

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commentaires

B
<br /> <br /> Claude :<br /> <br /> <br /> Bonne prochaine lecture ; et merci pour ce "mystères".<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Bonjour Bernard, j'espère que tu vas bien. J'aime beaucoup aussi ce poète, je vais d'ailleurs me procurer ce recueil.<br /> <br /> <br /> Mystères<br /> de Attila Jòzsef<br /> <br /> <br /> Au son des mots mystérieux,<br /> je monte la garde des contes vieux.<br /> Tu m'as vêtu de la tête aux pieds<br /> de lourde prison de fidélité.<br /> <br /> <br /> La brise le dit, l'eau le dit,<br /> si tu les comprends, tu rougis.<br /> Les yeux le disent, le cœur le dit,<br /> par leur requête ils te prient.<br /> <br /> <br /> J'écris mes rimes à mon tour,<br /> elles te chantent mon amour.<br /> Alors, rends-moi donc plus légère<br /> cette lourde prison de fidélité.<br /> <br /> <br /> Bonne journée<br /> <br /> <br /> claude<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Colo :<br /> <br /> <br /> Mon blog a plusieurs objectifs ; faire connaître en est un.<br /> <br /> <br /> Excellente fin de soirée.<br /> <br /> <br /> Bernard<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Très émouvante cette berceuse....un poète que je commence à mieux connaître grâce à vous!<br /> <br /> <br /> Merci et bonne soirée Bernard.<br /> <br /> <br /> <br />
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