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3 avril 2009 5 03 /04 /avril /2009 14:01

Olav H. Hauge (1908-1994) n´est pas que poète et cultivateur de pommes ... Il a aussi traduit et adapté les nombreux poètes qu´il aimait dans son néo-norvégien si particulier et si riche en sonorités d´Ulvik dans le Hardanger. Il suffit, pour s´en rendre compte, de consulter les notices que l´on trouve sur Wikipedia ...

Mais il pouvait aussi, plus simplement, rendre un très rapide hommage aux poètes qu´il lisait dans le texte. Ainsi Eugène Guillevic :

 APRÈS LA LECTURE
 DE GUILLEVIC
                             

Après la lecture

de Guillevic

tu n´es pas

rassasié, 

mais un

lupin
vert,
vorace
 

dans le sable du fleuve

ETTER LESNADEN AV
GUILLEVIC

Etter lesnaden
av Guillevic
er du ikkje
mett,
men ein

grøn,

grådig

lupin

i elvesand.
   Olav H. Hauge Dikt i samling (Samlaget Lyrikk, 2008, 319 pages, NOK 99,-)  
[ Illustration : Photographie de Per Kvalvik ]

                                          ***
Liens possibles : - Page tournée
?

                                  - Un mot ... de Olav H. Hauge
                                    - Ta route de Olav H. Hauge 
                                                 
                                                    + à sauts et à gambades

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27 mars 2009 5 27 /03 /mars /2009 12:37


Passeurs de mémoire
(Poésie/Gallimard, 2005, 372 pages, 6 €) est un recueil que l´on doit à Jean-Baptiste Para et qui présente 43 poètes de toujours et du monde entier choisis par 43 poètes d´aujourd´hui. Sa préface est remarquable. Comme il le dit lui-même, ce recueil n´est pas une anthologie et encore moins un palmarès. Il est le fruit d´une sélection de 43 rencontres. Pour certains, la rencontre a pu être "fondatrice" ; pour d´autres, plus simplement, la "révélation d´une voix". Dans tous les cas, elle ressort de "la grâce des rencontres heureuses".

Jean-Baptiste Para, dans sa préface, cite plusieurs avant-gardistes russes qui ont vécu plus douloureusement que d´autres un "double élan" : celui de l´impérieuse nécessité d´obéir à la "radicalité de la novation" et l´intime conviction qu´il leur fallait puiser aux "couches profondes du temps".  "Que serait, (demande-t-il), un art sans mémoire ?"

Et de citer Edmond Jabès :"Il n´y a pas d´avenir possible là où la mémoire fait défaut".  Et il précise encore, citant Dominique Fourcade : "Rien de ce qui est moderne ne peut avoir de poids ni de nouveauté si l´écrivain ou le peintre ne ramène pas à lui dans un geste brusque l´ensemble du passé."

Ce recueil est admirable car il montre à l´évidence qu´"il y a des morts plus vivants que les vivants". Il s´ouvre sur Théocrite, se clôt sur Alfred Jarry et passe par Villon,  Charles d´Orléans, Shakespeare, John Donne, Dante, Leopardi, Wang Wei, Sei Shônagon,  Kobayashi Issa, Pontus de Tyard,  Pierre Louÿs ... Il est à lire et à relire ...  quelles que soient les saisons !

[ Illustration : Apollon jouant de la lyre ]

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26 mars 2009 4 26 /03 /mars /2009 14:29

Je connais mal le poète Pasternak, mais les poèmes de Iouri Jivago que l´on trouve en fin de son roman Le Docteur Jivago, - que j´ai lu plusieurs fois - , montrent bien les forces souterraines du printemps qui ressurgissent chaque année des couches profondes de la terre et du temps quand neige et glaçons règnent en maîtres plusieurs mois comme ici :

               MARS

Le ravin mugit et se déchaîne

Ivre de soleil, et le printemps                           

Se démène, abat de la besogne

Comme une vachère aux bras puissants.


La neige est chétive et se consume

Dans les brins de ses veines bleutées.

Mais dans les étables la vie fume

Et la fourche éclate de santé.


Quelles nuits ! Quels jours et quelles nuits !

Sur les toits les glaçons qui s´étiolent,

Le dégel goutte à goutte à midi,

Jour et nuit le babil des rigoles,


Les pigeons picorant dans la neige,

L´écurie, les hangars grands ouverts,

Et celui qui nourrit et protège,

Le fumier, son odeur de grand air !
      
(Traducteur(s) non précisé(s) dans l´édition que je possède)


[ Liens possibles : - Hiver-ressourcement

                                   - Neige de janvier

                                      - Stimmung ]

[ Illustration : percepierres ou saxifrages ]

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24 février 2009 2 24 /02 /février /2009 16:18


La lecture n´est pas, pour moi, un passe-temps ; c´ est une découverte et un approfondissement constant. Reste que Mallarmé me sera toujours difficile car il exige patience. Son second Sonnet  en yx, de 1887, est une version corrigée du Sonnet allégorique de lui-même, de 1868. Il évoque, si j´ai à peu près compris, l´angoisse de la nuit, les brillances du ciel, le néant de l´inspiration tarie et les scintillations des sept étoiles de l´Ourse qu´il nomme septuor. Je crois que La Nuit, qu´Edvard Munch a peint à Saint Cloud en 1890, peut l´illustrer sans honte :

       

                Sonnet 

Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,
L´Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
(1) 
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
Que ne recueille pas de cinéraire amphore.

Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
(2)
Aboli bibelot d´inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s´honore).

Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Agonise selon
(3) peut-être le décor
Des licornes ruant du feu contre une nixe,

Elle, défunte nue en le miroir, encor
Que, dans l´oubli fermé par le cadre, se fixe
De scintillations sitôt le septuor.

(1) C´est le soleil mourant ;

(2) Conque creuse ;
(3) Le long de

[Illustration 1: Mallarmé par Edvard Munch ; illustration 2 La nuit Edvard Munch (1890)]

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4 février 2009 3 04 /02 /février /2009 12:37

Je relis actuellement avec plaisir certains textes d´Henri Michaux. Il est parfois assez obscur, souvent en porte-à-faux, voire fuyant, insaisissable ;
mais quand il avoue son impuissance, ses jours sans, et associe ses "rêves à partir de peintures énigmatiques" comme par exemple - ce que je fais aujourd´hui - Le faux miroir que son compatriote en étrangeté René Magritte a peint en 1928, dans la lignée du tableau Le double secret de  1927, je ne peux que me sentir réconforté :

    

            Petit

Quand vous me verrez,
Allez,
Ce n´est pas moi.

Dans les grains de sable,
Dans les grains des grains,
Dans la farine invisible de l´air,
Dans un grand vide qui se nourrit comme du sang,
C´est là que je vis.

Oh ! Je n´ai pas à me vanter : Petit ! petit !
Et si l´on me tenait,
On ferait de moi ce qu´on voudrait.
       
in La Nuit remue (Poésie/Gallimard)

[Illustration : René Magritte Le faux miroir, 1927]

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27 janvier 2009 2 27 /01 /janvier /2009 12:39

Apollinaire a sans doute écrit Clotilde à Stavelot (Belgique) en 1899, alors qu´il avait 19 ans. Il l´a pourtant conservé dans son recueil Alcools, à la composition si sûre, publié en 1913. C´est dire qu´il le trouve beaucoup plus accompli que La chaste Lise dont j´ai récemment parlé. Je n´y vois cependant aucune nostalgie, aucun regret, simplement un rappel du passé qui n´est plus. Comparé aux poèmes qui précèdent ou à ceux qui suivent dans le même recueil, ce poème très court montre simplement  à mes yeux le chemin parcouru. Ce qui, pour beaucoup d´entre nous, est souvent loin d´être simple :

    Clotilde


L´anémone et l´ancolie
           

Ont poussé dans le jardin

Où dort la mélancolie

Entre l´amour et le dédain


Il y vient aussi nos ombres

Que la nuit dissipera

Le soleil qui les rend sombres

Avec elles disparaîtra


Les déités des eaux vives

Laissent couler leurs cheveux

Passe il faut que tu poursuives

Cette belle ombre que tu veux

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23 janvier 2009 5 23 /01 /janvier /2009 10:22


De Salah Stétié, je ne sais presque rien, sinon qu´il est poète,  Arabe et chrétien, Libanais polyglotte. Ses mots ont pour objet, comme l´écrit Yves Bonnefoy, poète et critique, de dépasser l´impression fugitive. Je préfère me taire, le connaissant trop peu.  Je citerai simplement, pour le faire connaître, ces quelques vers bien sertis, extraits du recueil Fluidité de la mort, publié il y a peu chez fata morgana, à huit cents exemplaires : 

     Hier, les fruits


Temps de ma vie au crible de la pluie

Mon arbre, mon visage

L´herbe de mon visage au crible de la pluie
Dans un pays de tombereaux limpides
Débarrassés de toute utilité du vent

Source est la vie au crible de la pluie
Ton visage avec ses trainées de terre
Plusieurs de nous sont les fils de la parole
Ô maître des voyages
Maître de ma pensée qui dans mes yeux regardes
Les violettes inoubliables de la vie

Au plus pur du soleil tes servantes respirent
Lumière et feu lampes de leur visage
Ô rose inusitée de ce jardin
Tes servantes respirent
Elles sont amour et larmes
Et nous debout, nos corps obtus aveugles,
Et, face à nous, cette avalanche de fruits
        
Salah Stétié, "Hier, les fruits" in fluidité de la mort, fata morgana, 2007
                                                  
                                                        ***
Quelques liens possibles :

 - d´un rien l´éveil

      - la gloriette aux bambous

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19 janvier 2009 1 19 /01 /janvier /2009 13:58

Depuis mes trois fenêtres,  j´ai vu les jours derniers la neige en gros flocons tourbillonner au vent. Le vent ne souffle plus ; le temps est arrêté. Le soleil tarde encore à venir. Je ne parlerai donc pas de splendeur blanche de conte. La neige pourtant m´émeut toujours autant.

Qu´il est doux, qu´il est doux d´écouter des histoires,

      Des histoires du temps passé,
      Quand les branches d´arbres sont noires,
Quand la neige est épaisse et charge un sol glacé.

Quand seul dans un ciel pâle un peuplier s´élance,
Quand sous le manteau blanc qui vient de le cacher
L´immobile corbeau sur l´arbe se balance,
Comme la girouette au bout du long clocher. 
(...)
    Alfred de Vigny - La neige : Poèmes antiques et modernes

Mais il est des histoires qui sont parfois plus sombres, comme des souvenirs qui hantent ma mémoire,
qu´ils soient lus ou écrits.

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14 janvier 2009 3 14 /01 /janvier /2009 07:04

Ecrit à 22 ans en 1864, le poème Angoisse de Mallarmé a eu plusieurs titres. Il a reçu ce titre définitif quelques vingt ans plus tard quand il a été repris dans Poésies pour atténuer la référence trop claire à Baudelaire.

Ce titre Angoisse indique de manière plus juste la tonalité générale du poème : le thème du Néant, l´obsession de la mort, et plus encore, la crainte de la stérilité :

   Angoisse

Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête     
En qui vont les péchés d´un peuple, ni creuser 
Dans tes cheveux impurs une triste tempête
Sous l´incurable ennui que verse mon baiser :

Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes
Planant sous les rideaux inconnus du remords,
Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges,
Toi qui sur le néant en sais plus que les morts.

Car le Vice, rongeant ma native noblesse
M´a comme toi marqué de sa stérilité.
Mais tandis que ton sein de pierre est habité

Par un coeur que la dent d´aucun crime ne blesse,
Je fuis, pâle, défait, hanté par mon linceul,
Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.

                      
********

Par antitode à cet ennui stérile, on peut sans remords se reporter à Louis Calaferte ou encore l´Art d´aimerOvide. 



[ Illustration : Pradier Satyre et Bacchante (détail) ] 
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8 janvier 2009 4 08 /01 /janvier /2009 13:50

Tu t´en vas sans moi, ma vie.

Tu roules,                                                                 

Et moi j´attends encore de faire un pas.              

Tu portes ailleurs la bataille.
Tu me désertes ainsi.
Je ne t´ai jamais suivie.

Je ne vois pas clair dans tes offres.
Le petit peu que je veux, jamais tu ne l´apportes.
À cause de ce manque, j´aspire à tant.
À tant de choses, à presque l´infini ...
À cause de ce peu qui manque, que jamais tu n´apportes.
       
Henri Michaux, La nuit remue.


[ Illustration : Le double secret, René Magritte (1927) ]

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