Apollinaire a sans doute écrit Clotilde à Stavelot (Belgique) en 1899, alors qu´il avait 19 ans. Il l´a pourtant conservé dans son recueil Alcools, à la composition si sûre, publié en 1913. C´est dire qu´il le trouve beaucoup plus accompli que La chaste Lise dont j´ai récemment parlé. Je n´y vois cependant aucune nostalgie, aucun regret, simplement un rappel du passé qui n´est plus. Comparé aux poèmes qui précèdent ou à ceux qui suivent dans le même recueil, ce poème très court montre simplement à mes yeux le chemin parcouru. Ce qui, pour beaucoup d´entre nous, est souvent loin d´être simple :
Clotilde
L´anémone et l´ancolie
Ont poussé dans le jardin
Où dort la mélancolie
Entre l´amour et le dédain
Il y vient aussi nos ombres
Que la nuit dissipera
Le soleil qui les rend sombres
Avec elles disparaîtra
Les déités des eaux vives
Laissent couler leurs cheveux
Passe il faut que tu poursuives
Cette belle ombre que tu veux