[ Une boutique 7-eleven dans un pays asiatique ]
Holmlia, dimanche 13 mai 2007, 23 h 50 : la chronologie respectueuse des moindres faits n´a, a mes yeux. aucun intérêt .
Holmlia, lundi 14 mai, 00 h O2. Je viens de finir de lire tous mes courriels désirés et indésirés. Mais je n´en ai absolument pas fini avec Vilnius. Loin de là.
Vilnius, samedi 12 mai, 17 heures heure locale : le départ approche. Seul, j´attends le car dehors, devant l´hôtel MABRE RESIDENCE HOTEL. Tout le monde attend à l´intérieur dans une pièce comble encombrée de bagages, surchauffée et irrespirable: Délicieusemennt seul à goûter le temps qui passe et les merveilleux nuages. Et tandis que je suis seul, seul et assis sur un blanc à regarder le vert de la pelouse et les fleurs qui entourent un minuscule plan d´eau où nagent plusieurs poissons rouges, avec, sur la surface de l´eau une seule feuille de nénuphar -, arrive quelqu´un de sa chambre. Elle s`assied tout de suite auprès de moi et me demande en me regardant bien à travers son maquillage tout frais de femme qui ne connaît que trop son âge mais feint de l´ignorer : -" T´as vu ? " - Et aussitôt après : "Je me suis fait teindre les cheveux en plus clair. ". Question-réponse en même temps. - : " Désolé. J´ n´m´en suis pas apercu." . - :" Ca ! C´est bien les hommes ! ". Les, en effet.
(...) Plus tard.
Dans l´avion, le hasard a voulu que je sois placé à la place 6D. A côté de moi , se trouvait donc la place 6E. Et près du hublot la place 6F. Celle qui occupait la place de milieu s´est gentillement proposée de me céder sa place pour que je sois assis entre la femme près du hublot avec qui je ris de tout, et celle aux cheveux désormais teintés-jeunes-jaunes pisseux. Il a fallu que je repète plusieurs fois disctinctement non merci. : " " Non non. Non merci." " Un peu plus tard, pour être poli après avoir écouté poliment : " - Si je dis Rjébête, c´est à peu près bien prononcé ? "- " Non ! " dit-elle : -" Rtchébête " qu´elle a dit . J´ai répété : " R-chébête " C´est un peu mieux, dit-elle en faisant une grimace.
Nous avons parlé de tout et de rien. Beaucoup de riens. Et un peu de tout. Tout à la fois. Fois avec s, et presque sans e. Dans un avion qui nous ramenait de Vilnius à Oslo. Elle m´a même proposé à nouveau deux fois de changer de place - " Non merci " . " C´est de bon coeur, tu sais ". Je n´en doute pas. En plein vol, entre les places 6D, 6E et 6F. J´ai sûrement l´esprit mal tourné, mais je ne peux m´empêcher d ´encourager les locuteurs de langue francaise d´apprendre à compter en norvégien au moins jusqu´à six. A partir de sept, c´est un peu plus compliqué. Surtout si l´on compare les diverses prononciations des chiffres 7 et 20. Encore plus compliqué si l´on compte l´An 40. Narvik compris.Les ( chiffres ) Arabes ont du bon.
(...)
L´aéroport d´Oslo. Gardermoen pour les autochtones. J´ai marché trop vite pour attendre mes bagages. J´ai eu mal au dos à marcher si vite avec mon bagage à main. J´ai dû le porter alternativement dans chaque main. J´ai pu par deux fois reprendre mon souffle et reposer mon dos en utilisant deux tapis roulants différents. Plusieurs Norvégiens et Norvégiennes beaucoup mieux au courant que moi des transformations de Gardermoen depuis bientôt 4 ans, ont eu tout le temps de s´acheter des alcools en détaxes. J´aurais pu le faire. Les prix et les vins détaxés à Oslo ne m´ont jamais intéressés rapport qualité-prix. J´ai peut-être eu tort de ne pas jeter un rapide coup d´oeil. Les choses ont tellement changé depuis 4 ans.
J´ai encore marché trop vite pour prendre le dernier Flybuss ( = cars correspondant aux cars Air-France qui relient l´aéroport Charles de Gaulle au centre de Paris ), mais ayant dans chaque main deux petites valises équilibrées en tailles et en poids, j´ai eu moins mal au dos.
J´avais réservé près de la fenêtre une place au cas où. C´est la femme près du hublot de l´avion qui m´a demandé, - la place étant libre -, si elle pouvait s´asseoir à coté de moi. : - "Très volontiers:" Nous avons parlé de choses et d´autres, notamment d´une collegue qui, descendant avant nous, s´éloignait, seule, en boîtant d´une manière pas possible, et en faisant rouler une valise rouge énorme beaucoup trop lourde pour elle. A l´aéroport de Vilnius, elle a voulu envoyé deux cartes postales. Mais il n´y avait aucune boîte aux lettres, ni au rez-de-chaussée, ni au sous sol, ni à l´extérieur, ni au premier étage une fois passé le contrôle de sécurité. Tout était fermé. Avant de recevoir le ticket d´embarquement, ayant su d´elle qu´elle voulait envoyer deux cartes postales, j´ai parlé un peu avec elle. Elle s´est un peu confié à moi. Elle n´écrit plus beaucoup de cartes postales. Elle en recoit de moins en moins. Son prénom est le même que celui d´une autre personne pas si agée que cela du groupe. En la voyant s´éloigner, ma voisine m´a demandé son nom de famille. Je ne pouvais répondre. Elle s´est alors retournée pour le demander à qui de droit.
Quant l´autobus s´est arrêté à ma station, j´ai fait un signe de la main au leader du groupe / formann / forkvinne / késako quésaco en francais ). Elle m´a répondu par un petit signe. Nous nous retrouverons pour la dernière sortie prévue le 06 juin. Le programme de la saison prochaine nous sera bientôt communiqué par lettre. Pour choisir certaines conférences qui nous intéressent ou les excursions qui nous tentent, on peut utiliser plusieurs modes de réservations : lettre ou courriel. J´ai oublié si l´on peut téléphoner. Il me semble que non quand il s´agit de préciser son choix quand le nombre de places est limité. Mais on peut le dire à chaque membre du bureau qui le note à la fois dans sa tête et par écrit à chacune de nos réunions. Quoi qu´il en soit, Il suffit de lire les mots qui sont écrits et surtout pas entre les lignes. Car entre les lignes, il n´y a rien. Il n´y a que du blanc. Entre nous soit dit .
J´ai marché lentement avec mes deux petites valises à la main. La gare routière était fermée. La gare centrale était femée. Devant, se trouvait la faune habituelle du samedi soir devenu dimanche matin heure administrative. Les arrêts où s´arrêtent les autobus de nuit indiquaient tous des directions qui n´étaient pas la mienne. J´ai donc pris le premier taxi libre qui s´est présenté. Je n´ai attendu que quelques minutes. J`ignore totalement si le chauffeur était norvégien-pakistanais ou pakistanais-norvégien. Pour moi il était chauffeur de taxi. Putain de merde ! Quelle conduite. Il connaissait parfaitement mon quartier et ma rue. Pas de problème. Il a légèrement ralenti quand il s´est rapproché de la boîte qui prend en photos les automobilistes en excès de vitesse. Il a à nouveau répondu Pas de problème quand je me suis excusé d´avoir failli lui indiquer une fausse direction - peu importe pourquoi maintenant . A lui pourtant je le lui expliqué en peu de mots. Pas de problème. Quelle conduite. A l´approche de mon domicile, j´ai indiquée le numéro de ma rue. Pas de problème, puis le nom d´un jardin d´enfants pour qu´il s´arrête le plus près possible de mon petit chez moi. Pas de problème. Arrivé sur le parking réservé aux visiteurs, il m´a demandé s´il devait s´arrêter ici ou là. Il me semble qu´il y avait peut-être de l´ironie. Allez savoir avec ces étrangers qui parlent des langues étrangères.
J´ai alors lu quelques courriels et je me suis couché en prenant un somnifère. J´ai dormi deux heures. Je me suis alors recouché. J´ai dormi jusqu´à 8 heures Le soleil était magnifique. J´ai bu deux bonnes tasses de cafe pas trop fort. Puis ai jeté le pain dur qui me restait, désireux de m´acheter du pain frais italien J´ai alors pris ma très vieille voiture dont je me sers encore, et me suis dirigé vers le 7-eleven de mon ancienne commune où je fais pratiquement toutes mes courses. Il était évidemment ouvert. Je me suis acheté le journal national Dagbladet ainsi que le journal encore plus populaire VG pour connaître le vainqueur de l´Eurovision ainsi que la place de la Norvège et de la France. J´ai pu acheter mon pain italien. J´ai aussi acheté trois petits chocolats à la noix de coco. Trois. Pas un, trois. Car en en ach´tant trois, j´avais une réduction par rapport au prix de l´unité. L´important, c´est le rapport qualité-prix. Mais pourquoi des petits chocolats à la noix de coco ? Ca, c´est pour les happy few. Comme dirait Stendhal.
Mon petit déjeuner a été délicieux. Une omelette avec du bacon un peu particulier car on l´appelle ici jegerbacon. Traduire ne donnerait aucun sens. Plutôt que de lire l´ancienne traduction du Guépard de L*** , relisez plutôt la nouvelle traduction. C´est Pierre Assouline qui le dit. Ou plutôt l´écrit. Et je le lis, je crois, avec profit. Son blog se trouve sur la toile du Journal Le Monde . Vous pouvez aussi cliquer sur le lien suivant : XXX.
J´ai pas été vache.
Vous pouvez sauter les deux ou trois lignes qui suivent si mon petit déjeuner ne vous intéresse pas. Le pain était italien, le bacon norvégien, le beurre d´un alpage d´un Comté de l´Ouest de la Norvège, les crevettes de la mer du Nord ; et dans mon verre que je ne décrirai pas, du "Nectar des Tropiques".
Avant de prendre mon petit déjeuner, j´ai vu brouter deux magnifiques chevaux. Je me suis arrêté pour les regarder. J´ai alors apercu, cachés au loin, deux autres chevaux. Ils se sont approchés lentement des deux premiers. L´un des deux nouveaux chevaux était d´une élégance merveilleuse. Je ne connais rien du vocabulaire qu´il convient d´utiliser pour décrire la couleur de la robe des chevaux. Je m´abstiendrai donc. Un cinquième cheval est apparu. Plus trapu que les autres. Essentiellement noir, avec ici ou là un soupcon de blanc un peu au dessus des sabots. Etait-ce déjà la jambe ? J´ai rallumé mon moteur pour mieux me garer un peu plus loin. En marchant lentement, j´ai pu ainsi m´approcher davantage des cinq chevaux qui broutaient au soleil d´un peu plus de 8 heures du matin de l´herbe verte drue où apparaissait le jaune de quelque plante. J´ai dépassé les cinq chevaux, puis suis revenu sur mes pas en direction de ma voiture. Le plus beau des cinq chevaux n´était pas une jument.
Mon petit déjeuner terminé, j´ai travaillé une bonne heure dans mes deux minuscules petits jardins à enlever, racines comprises, tous les pissenlits en fleurs. Ce n´est pas pour rien qu´on appelle en norvégien des enfants rebelles et/ou des milieux defavorisés des enfants-pissenlits ( = løvetannbarn)Même en pleine asphalte, ils pousent comme s´ils avaient recu la meilleure terre-mère-nourricière.J´ai alors décidé impulsivement de m´acheter une nouvelle fleur - ou une nouvelle plante. J´ai attendu longtemps pour voir si l´un de mes rosiers était vraiment mort ou non. Il est bien mort. J´ai donc acheté un nouveau rosier totalement différent du précédent. Je n´ai mis que quelques minutes pour me décidér. Puis j´ai longuement écouté la bonne et douce et souriante pépiniériste du centre qui donne de bons conseils à tous ceux qui lui en demandent ; à tous ceux et à toutes celles qui se donnent la peine de l´écouter. Qu´elle boite n´a rien à voir avec la qualité de ses conseils et la bonté de son sourire. Si je soigne bien mon rosier, il devrait donner plusieurs magnifiques roses roses chaque été. Dans cette pépinière que l´on appelle "centre pour jardin" en norvégien ( = hagesenter), on peut acheter selon le rapport qualité-prix tout ce qui peut être transplanté. Ce n´est pas donné à tout le monde d´être poète-jardinier. L´accent grave suffit amplement à mes yeux sur les mots poète ou poème. Je n´utiliserai donc pas comme certains, qui ont écrit des Odes à Machin ( ce qui rime avec Pétain ), un tréma sur le "e" de poème. Je préfère me concentrer sur un autre poète, tout en sachant qu´il est si très difficile et que je suis très loin de comprendre tout ce qu´il veut. Même ceux qui l´aiment et le recommandent, comme le journaliste auteur de biographies et connaisseur des plus grands photographes Pierre Assouline ( encore lui... ), n´hésitent pas à dire qu´il frôle souvent l´hermétisme. Je veux parler de Paul Célan dont j´ai osé parler dans mon blog, même si je le connais encore très très peu, dans une contribution au titre un peu longuet je l´avoue : Un poète difficile "après" Auschwitz. Peut -être que sa correspondance avec Ilana Shmueli m´aidera à mieux le comprendre. L´introduction que son amie fidèle vient de lui consacrer est belle et émouvante. Une amie d´enfance avec qui il a renoué quarante ans après leur première rencontre. Une préface plus de trente ans après la mort du poète qu´elle aimait. Merci PA.
Pendant que je plantais ( cf La Fontaine, et l´un des premiers discours indirect libre de toute la littérature francaise, bien avant Flaubert ), mon voisin de Volda, département ( ou Comté ) du Møre og Romsdal de la Norvège occidentale, a voulu me rendre le courrier que je lui avais demandé de garder pour moi pendant que j´étais à Vilnius. Je désirais travailler plus longtemps dans mon jardin avec mon nouveau rosier. J´ai donc décliné l´offre. Sa femme, qui était en train d´arriver avec deux ou trois lettres et deux journaux gratuits dont un que je recois toutes les semaines et que je parcours, est rentrée chez elle quand son mari lui a dit que je ne le voulais pas tout de suite. Nous avons échangé quelques phrases de bon voisinage. Il a précisé que je devrais tailler mon rhododendron. J´ai alors précisé que depuis 11 ans, je ne l´avais jamais taillé. J´ai alors ajouté que je ne connaissais rien à la terre: "Je suis né à Paris". Je n´ai pas dit un garcon de la rue, ni même des rues, car ca serait faux. Même si je connais certaines rues de certains quartiers relativement bien. Je dois me corriger : connaissais. La grammaire a aussi du bon.
Travailler dans mes minuscules jardins me donnent des associations. Farfelues. Saugenues. Mais un peu plus fructueuses depuis que je les cultive. J´ai envoyé un courriel un peu long en norvégien. Tout ne peut être publié. Point.
Vers 17 heures 30, j´ai sonné chez mon voisin. -" Y fallait pas" - " C´est beaucoup trop" . Blablabla de ma part..-" Merci" . C´était effectivement trop. On ne se refait pas du jour au lendemain.
A 19 heures pile, j´ai pris un second somnifère. J´ai dormi conmme un bienheureux. Ou comme un innocent les mains pleines. Nouveau point pour aujourd´hui.