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28 juin 2007 4 28 /06 /juin /2007 08:22

J´ai été présent il y a quelques jours à l´enterrement de Jo Giæver Tenfjord ( 1918-2007 ), bibliothécaire, auteur de livres pour enfants, éditrice, traductrice, également émissaire en son temps de l´organisation internationale UNICEF et co-fondatrice en Norvège il y a plus de 50 ans de CISV ( = Children International Summer Villages ). L´idée de sa vie est la cause des enfants, et la  promotion sous toutes ses formes de l´idée de paix dans le monde, que ce soit dans ses textes à elle, ses traductions ou ses initiatives en organisant des camps de l´amitié pour le compte de CISV à l´attention des enfants des deux sexes de 11 à 12 ans du monde entier.

C´est en décembre 1965 que j´ai rencontré pour la première fois Jo Tenfjord. Cette première entrevue était autant de politesse qu´une présentation réciproque. On me la présenta comme une seconde mère. Mais dès ce jour, j´ai découvert en cette femme de 50 ans environ, une personne, certes menue d´apparence, mais qui non seulement montrait  dès les premiers instants qu´elle savait ce qu´était la vie, mais qui pouvait en deux ou trois phrases transmettre à ceux ou celles qui lui étaient présentés que ce qui était important dans leur propre vie était ce qu´elle avait appris depuis longtemps : être soi-même. Sa voix était claire et ferme, tout en étant légèrement éraillée ; ou plutôt un peu caverneuse comme pour laisser faire surgir de sa poitrine des êtres cachés et enfouis en elle que sa voix et ses mots se devaient de donner vie. Les questions qu´elle me posa lors de cette première entrevue n´étaient pas seulement de politesse ou de circonstances ; elle me posait, je le compris beaucoup plus tard, qu´il était important de dire simplement ce qui vous tenait à coeur. Je ne sais l´impression que j´ai laissée sur elle, mais je sais celle qu´elle a laissé sur moi : un désir de laisser de soi une impression de vérité sincère.

C´est beaucoup plus tard que j´ai su qu´elle avait été élevée dans une immense maison aux multiples pièces, recoins et cagibis, entourée d´un beau jardin bien entretenu. Entourée de surcroît de personnes relativement âgées qui avaient toutes beaucoup d´histoires à raconter. C´est de ce temps qu´elle a toujours su que cette maison devenue musée était habitée de spectres ; et que sa vie de conteuse d´histoires pour enfants vient de là : donner à chaque enfant qui s´éveille à la vie le désir d´explorer sans crainte le monde.

Elle avait certes une télévision, mais on voyait bien qu´elle n´était guère allumée. Les murs de sa chambre à coucher étaient couverts de livres. C´était un désordre sympathique qui suscitait le respect car les livres ne faisaient pas tapisserie comme si souvent ceux que l´on peut trouver dans les salles de séjour de cetaines demeures bourgeoises. Ils étaient posés les uns contre les autres sur des rayonnages de plusieurs dimensions, ou les uns sur les autres sur la table où se tenait prête à être utilisée une machine à écrire ; mais aussi sur la table de nuit. Le désordre n´était qu´apparent ; c´était celui de la nécessité de trouver rapidement le livre qui lui fallait pour se remémorer les mots ou les phrases dont elle avait besoin pour elle-même.

Jo Tenfjord était aussi la traductrice attitrée de l´écrivain suédois Astrid Lindgren. On sentait qu´elle avait pour elle une admiration sans bornes. La réciproque était partagée. Les livres de Jo Tenfjord dégagent cependant un air différent. On peut lire chez Astrid Lindgren le désir d´être premier, l´ambition de triompher, le souhait d´être reconnu comme meilleur que les autres, notamment de certains adultes aux fonctions officielles comme des agents de police un peu ridicules, ou des vieilles tantes ou oncles dont on ne peut savoir leur âge ou leur raison d´être dans la vie. On peut aussi  y lire la difficulté parfois d´être accepté pour ce que je suis ou ce que je fais, la peur de se retrouver seul dans une pièce fermée, la déception de ne pas avoir de réponses à ses questions, ou l´interrogation devant l´énigme inéluctable  de la mort. Les livres de Jo Tenfjord sont d´un autre registre. Ils peignent surtout les joies de l´enfance, les découvertes insolites et les rencontres inattendues qui surgissent certains jours sans que l´on sache pourquoi, le lever du soleil ou au contraire la beauté d´un soleil couchant, le vol majestueux d´une mouette, la queue d´un jeune chien qui vous vient lécher la jambe ou le bout des doigts. Mes enfants ne sont jamais lassés de ses livres que ma femme ou moi nous leur avons lus avant qu´ils ne s´endorment le soir. Mon plus jeune fils est désormais père. Il a pris avec lui les livres d´enfants que nous lui avons offerts alors qu´il était petit ou un peu plus grand. Lui, sa compagne et sa mère ont  commencé déjà à feuilletter, lire et décrire les illustrations des livres qui correspondent à l´âge de ses enfants. Plusieurs sont ceux de Jo Tenfjord. Je fais parfois de même quand je vais leur rendre visite certains dimanches. Peut-être se souvient-il d´une phrase que Jo dit un jour en sa présence et que sa mère a répétée quelquefois alors que l´on s´apprêtait à lui lire une histoire avant son coucher : - " On ne prend sur ses genoux un écran de télévision, mais un enfant et un livre."

Ses enfants disposent d´un grand sofa devant un écran de télévision souvent allumé. 18 heures est l´heure du conte pour enfants à la télévision. Pour l´aînée de leur fille, qui a maintenant trois ans et demi, l´heure du conte est sacrée : elle se vautre sur le divan et regarde, en chaussettes et sans se soucier de montrer sa petite culotte,  le film ou le sketch qui sont projetés sur l´écran. L´Emil de Astrid Lindgren qui taille ses sculptures de bois lorsqu´il est enfermé après avoir fait une sottise de garnement indiscipliné est son héros favori. Je me demande ce qu´elle lui trouve, car elle n´est jamais punie : elle n´est que tancée de la voix, ce qu´elle supporte mal. Peut-être désire-t-elle un petit frère.

 Elle aime moins Fifi Brin d´Acier du même auteur. Sa force est peut-être trop grande pour elle. Elle n´a pas de nattes rousses, ne soulève  pad de cheval et ne s´habille pas de couleurs aussi vives avec des chaussettes dépareillées: C´est déjà une vraie petite fille consciente de sa féminité. Elle aime aussi qu´on lui lise avant qu´on ne la couche et juste après le bain des histoires au lit, mais ce moment ne se prolonge jamais aussi longtemps que celui où elle se vautre seule sur le divan face à la télévision. Autre temps, autres  moeurs,

Les livres traduits ou écrits par Jo Tenfjord cherchent à donner à l´enfant la ferme pensée que dans les années d´après la Seconde Guerre mondiale tout enfant devait dès son plus jeune âge recevoir ces  certitudes : haïr la guerre ; accepter l´autre pour ce qu´il est, coutumes et pensées confondues. S´enrichir grâce aux différences des autres. Et croire fermement aux relations familiales et à l´amitié entre les peuples. Son engagement pour le développement de l´enfant remonte autant à son enfance choyée dans une grande maison qu´elle s´imaginait habitée de spectres qu´il lui faillait impérativement faire revivre, que chasser des démons venus de toutes les guerres que le XXe siècle a connues.

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27 juin 2007 3 27 /06 /juin /2007 02:43

On sait que Montaigne "suit civilité" c´est-à-dire "politessse" pour y avoir esté assez soigneusement dressé en [son]  enfance", et qu´il a vescu en assez bonne compagnie, pour n´ignorer pas les loix de la nostre Françoise : et en tiendroit eschole. Il aime [donc] à les ensuivre, mais non pas si couardement que [sa] vie en demeure contrainte.

Jeune père vivant en Norvège, je n´avais alors lu si intimement Montaigne. mais me souvenant de mon enfance, c´est avec naturel que j´inculquais à mes enfants bonnes manières de table dès qu´ils surent saisir fourchette et couteau. Ce qui suscita quelques remarques acides et peu amènes de la mère de ma femme. L´éducation que je reçus enfant dépassait le cadre de mon état, notamment de peler une pêche avec fourchette et couteau ; pour tenir son rang si un jour je devais être à un dîner de gala. Dès l´adolescence, j´avais rejeté ces excès, et aimais mordre dans la pêche sans daigner l´éplucher pour justement éviter que son bon jus de pêche ne salisse l´assiette et ne me poisse les doigts. Mais devenu parent, je trouvais que ma belle-mère tombait dans l´excès inverse en laissant faire ce que prônait son fils et donc mon beau-frère à ses enfants sensiblement du même âge que les miens. Ils se servaient de leur fourchette conmme d´une pelle et le couteau comme d´un rateau. Je n´avais pas l´intention de faire de mes enfants des chiens savants comme il me semble qu´on cherchait à faire de moi lorque je l´étais, mais j´avais honte de voir mes neveux se tenir si mal à table sous prétexte qu´il ne fallait trop exiger d´eux et laisser faire Nature. A six ou sept ans, leurs manières n´étaient guère policées, et je fus fort satisafait d´entendre un jour de ma belle-mère, alors qu´elle, ma femme et mes enfants étaient seuls à sa table, que les bonnes manières que j´avais données à mes enfants avaient du bon.

A 10 ou 12 ans de là, au restaurant en France lors de vacances d´été, une dame bibliothécaire remarqua  aussitôt que mes enfants savaient se tenir, ce qui me fit rougir  de plaisir. Cette dame avait elle aussi appris de bonne heure à manier ses couverts , mais elle n´avait en revanche guère l´habitude enfant du restaurant, étant une parmi six ou sept frères et soeurs, ce qui était pour son père, bien qu´universitaire, une dépense trop élevée.

Un peu plus loin dans ses Essais, Montaigne ne manque pas de signaler que c´est à la vérité une violente et traitresse maistresse d´echole, que la coutume. Son propos est plus ample que le mien car je me contente ici des coutumes de table. J´ai appris de bonne heure à ne pas y mettre les coudes. Il en est de même en Norvège. Mais quand on attend poliment un plat, je me devais d´avoir les deux mains sur la table auprès de mon assiette. Il en est autrement en Norvège, du moins dans le milieu bon bourgeois qui fut celui dans lequel j´ai pénétré. L´une des mains doit être sur la table - j´ai oublié si c´est la droite ou la gauche -  et l´autre sur le genou à attendre. Ces coutumes n´ont aucune importance. On peut sans dommage suivre l´une ou l´autre selon son bon vouloir d´être Français ou Norvégien ; ce que je n´ai pas manqué de signaler à mes enfants lorsqu´ils ont été en âge de comprendre la relativité des manières de table : seule importe une tenue digne et repectueuse.

A table, je suis par habitude et tradition Français. Mon fils ainé peut, selon les convives, être Norvégien ou Français. Le puiné, désormais père, se contente désormais d´être Norvégien en toutes circonstances. Je n´ai pas manqué de souligner, lorsque les deux commençaient à devenir grands, que l´important était la bonne tenue et qu´en revanche, privilégier la pure convention sociale de la tyrannie des origines n´avait aucun sens. Et qu´ils pouvaient même, par opposition provocatrice s´ils le désiraient, refuser les deux. Ce que je crois avoir vu un jour chez une de mes connaissances de travail lors d´un dîner d´ambassade. Il sauça avec délice son assiette d´un morceau de pain de la main. Il ne pouvait ne pas voir les regards qui suivaient son geste. J´admirais sa feinte indifférence. Mais pour moi, manger sa soupe en portant ses lèvres sur le côté oblong de la cuiller, porter deux ou trois petits pois sur le dos de sa fourchette ou manger sa glace en tenant fourchette et cuiller m´agacent plus qu´autre chose, car c´est vouloir à mes yeux trop mettre en avant l´appartenance à un mileu bien né, voire une classe qui tient à signaler ses manières supérieures. Ce que j´oserai considérer comme une incivilité par excès de civilité. Pour citer en core Montaigne, c´est au demaurant une très utile science que science de l´entregent. Elle est comme la grâce et la beauté, conciliatrice des premiers abords de la société et familiarité : et par conséquent nous ouvre la porte à nous instruire par les exemples d´autruy, et à exploiter et produire notre exemple, s´il y a quelque chose d´instruisant et communicable. Mais point trop n´en faut. Mon verre est petit mais je bois dans mon verre.

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19 juin 2007 2 19 /06 /juin /2007 08:45

Il y a des jours sans. Quoi qu´on fasse, on n´arrive à rien. Des jours où les citrouilles ne sont que des citrouilles. J´oserai pour continuer citer Montaigne : j´ay l´apprehension naturellement dure ; et l´encrouste et espessis tous les jours par discours. Mais aujourd´hui, rien ne vient.

Que dire lorsque rien ne vous inspire ? Le mieux serait de ne rien dire. Ce rien ne m´encrouste que peu. Il n´empêche qu´un souvenir s´accroche à ma mémoire et ne veut s´envoler : un jour de rage et de colère où une institutrice a outrepassé son droit de donner des leçons. Elle s´est dévoyée sans raison et a gâché toutes les heures qui ont suivies et l´année entière. Je ne l´aimais guère, et de ce jour, je me suis mis à m´opposer à elle pour démontrer à mes yeux sa partialité à mon égard. Je redoublais, et elle me faisait sentir à  tout moment que j´usurpais la place d´un autre. Ce dont je souffrais à double titre, d´ abord de honte d´avoir dû redoubler, ensuite de ne pas être à ma vraie place.

Ma honte était telle que j´avais menti sans vergogne à l´homme que j´aimais le plus en ce moment de ma vie d´enfant : le collègue de ma mère Monsieur Rampon qui  m´enmenait à la chasse avec ses chiens. Je roulais des yeux, fuyais son bon regard, faisais des phrases et m´enfermais dans mon mensonge stupide : c´était juste, mais j´avais été finalement admis dans la classe supérieure, et j´allais entrer en 6e au lycée.

On ne m´avait pas consulté pour me faire redoubler ; c´est pas dessus ma tête que ma mère et mon professeur principal avaient décidé pour moi. C´est pour mon bien que l´on me faisait  redoubler. Pour me donner une base solide avant l´entrée en 6e. Je n´étais pas parmi les meilleurs élèves de ma classe, mais je n´étais pas non plus parmi les plus mauvais. Je me maintenais au milieu sans me donner beaucoup de peine et cela suffisait à mon bonheur d´alors. Mais devoir redoubler était une humiliation que je ne supportais pas ; et mettre en avant le fait que j´avais un an d´avance ne faisait que renforcer l´injustice qui m´était faite. Il va sans dire que l´on me mit pas longtemps à découvrir mon mensonge. Ce fut au tour de ma mère de rouler les yeux pour me faire honte. Je n´avais pas honte d´avoir menti, j´avais honte de redoubler , et cette honte resta présente l´année entière de ma seconde 7e 

L´injustice dont je me sentais victime a atteint son comble lors de la désignation du candidat à la fête de la Saint Charlemagne.  Chaque année les  meilleurs élèves des établissements de la Capitale étaient conviés à un goûter au Lycée du même nom. J´étais troisième. Mais quelqu´un dans la classe fit  remarquer que le classement était faux, car l´institutrice n´avait pas pris en compte la gymnastique et le dessin, matières où j´excellais. C´était donc moi qui étais premier et qui devais représenter ma classe à la Saint Charlemagne. Je vis l´embarras de mon institutricre. Je jugeais qu´ elle ne pouvait pas ne pas l´avoir fait exprès. Elle dut donc refaire le classement , et plus que jamais, je sentis dans ses yeux que je prenais la place d´un autre.

Les jours où je sens que rien ne marche, j´ai en moi plus que jamais l´impresssion d´usurper la place  de quelqu´un.

 

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13 juin 2007 3 13 /06 /juin /2007 09:04

[ Bâtiments du KGB à Vilnius ]

La Lituanie est indépendante depuis 1991. Les batiments qui abritaient les bureaux du KGB et les cellules de la prison sont désormais ouverts au public. Plus qu´un musée parmi beaucoup d´autres, c´est un lieu de mémoire qui fait encore frémir, car de par la volonté des Lituaniens, les murs, les cellules et les sols où les prévenus attendaient  d´être soumis à la torture ou exécutés sont exposés sans aucun changement à notre regard.

Ce lieu contient aussi les documents sur la répression des régimes d´occupation pratiquées contre les habitants de la Lituanie de 1940 à 1990, ainsi que le musée des Victimes du génocide. [ Ci-dessous : Torture de Topor ]

La prison a conservé le même aspect que celui qu´elle avait à l´époque du KGB jusqu´au mois d´août 1991, date à laquelle l´activité du KGB a été interrompue en Lituanie. On peut voir 19 cellules dont plusieurs cachots, une salle rembourrée où la torture était pratiquée, et, au deuxième sous-sol, la salle d´exécution. L´impression est telle que l´on sent le souffle de la délation passer. Rien à voir avec le camp de concentration de Sachsenhausen que j´ai pu visiter après la chute du mur de Berlin. L´horreur et l´effroi y étaient certes présents, mais les baraquements avaient à mes yeux un air de reconstruction pour la circonstance, comme dans n´importe quelle salle de musée gardée par un surveillant tatillon qui vous empêche de mettre les pieds sur la banquette. Ici, dans les bureaux du KGB encore utilisés en 1991, rien de tel. Le guide lituanien y était certainement pour quelque chose ; lui et ses parents avaient connu l´occupation soviétique, et il ne manquait pas de rappeler que l´un des seuls réconforts qu´ils pouvaient recevoir pendant cette période était cette phrase répétée à satiété par les prêtres catholiques en leur église : La seule chose que je peux faire, c´est de prier pour vous.  

Ces bâtiments et cette prison ne sont donc pas devenus un musée de plus parmi tant d´autres, c´est toujours une prison aux murs aussi déchirants à regarder. La seule différence avec le temps pas si lointain où les cellules étaient remplies de prévenus et de suspects qui n´en pouvaient mais, c´est que les lourdes portes aujourd´hui peuvent être poussées pour en sortir.

Il n´empêche que l´on passe d´ une cellule à l´autre difficilement. C´est d´abord "l´armoire" - le box - où l´on vous fait attendre trois heures debout après que l´on vous a dépouillé de tout : clefs, lacets, ceinture, papiers, cigarettes. Les gardiens disposaient d´un système avancé leur permettant de communiquer entre eux des informations essentielles. Lorsqu´après plusieurs mois ils en savaient trop, ils étaient à leur tout exécutés.

C´est au second sous-sol que se trouve la salle d´exécutions. Le condamné n´avait alors plus que dix minutes à vivre. Des traces de balles sont encore visibles sur les murs. Avant son exécution, il pouvait passer plusieurs mois en cellules. Pour dormir dans ces cellules étroites et surpeuplées, les condamnés en attente d´être exécutés dormaient les uns sur les autres tête-bêche. Ils échangeaient ainsi leur chaleur.

La visite se termine par une suite de chiffres. Les voici dans toute leur sécheresse :

DURANT L´OCCUPATION SOVIÉTIQUE : 15 / 06 / 1940 - 22 / 06 / 1941; 1944 - 1990 - Arrêtés, interrogés, prisonniers : 200.000. - Déportés : 132.000. - Prisonniers qui sont morts : 20.000 - 25.000. - Morts en déportation : 28.000. - Partisans et leurs supporters tués : 21.000.

DURANT L´OCCUPATION ALLEMANDE NAZIE : 22 / 06 / 1941 - 07 / 1944 : Prisonniers et déportés dans les camps de concentration : # 29.500. - Tués ( y compris environ 200.000 juifs ) : # 240.000. -  Déportés dans les camps allemands de travail forcé : # 60.000. -

 

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11 juin 2007 1 11 /06 /juin /2007 12:38

C´est en 1991que le Parc de l´Europe ( www.europosparkas.lt ) a été fondé à l´initiative du sculpteur lituanien Gintaras Karosas. C´est pour donner une dimension artistique au centre géographique du continent européen établi à Purnuskès, à quelques kilomètres de là, ( Photo ci-dessous ) qu´il a été fondé. 

Musée en plein air dans une forêt aujourd´hui remarquablement entretenue après des années laissées à un triste abandon, il contient une centaine de sculptures d´artistes du monde entier. Les artistes lituaniens et américains dominent, mais les oeuvres des Polonais, des Tchèques et des Hongrois rivalisent avec celles des Lituaniens dont le pays a été pire que le leur occupé par tant de pays arrogants et dominateurs comme la Pologne, la Russie, La Prusse, l´Allemagne nazie et l´ex-Union Soviétique. Il représente à cent reprises la douleur de la répression de la liberté perpétrée entre 1940 et 1991 par les occupants nazis et soviétiques. L´essentiel de ce musée en plein air est autant le regard porté par chaque artiste sur la privation de liberté que chaque sculpture exposée en elle-même.

Le ton est donné dès l´entrée du parc. Le car s´arrête devant trois panneaux complémentaires et contradictoires : les deux premiers indiquent qu´il est interdit aux voitures et aux cars de pénétrer plus loin, mais le troisième précise que la vitesse limitée est de 30 kilomètres à l´heure. Comprenne qui pourra. Le car s´engage pourtant. Au retour, nous apprendrons que cette route aux multiples bosses qui interdit toute vitesse rapide a été surnommée la route 1789 de la liberté. 200 ans après la Révolution francaise, - que nombre de pays étrangers appellent  la "Grande Révolution", et que les Francais sous Mitterrand ont célébré en grande pompe en 1989 pour le bicentenaire  -, beaucoup de pays luttent encore pour leurs droits démocratiques. Les Lituaniens en savent quelque chose. Ils tiennent à le faire savoir selon leur moyens propres. Ce parc en est l´exemple. L´ironie et la malice y règnent en maître. Il se pourrait bien qu´ils donnent, non au monde mais à l´Europe, une lecon de "savoir-survivre" ; en toute modestie et sans avoir l´air  d´y toucher. A nous de nous incliner bien bas, et d´en prendre, si l´on peut, de la graine..

L´impression de malice bon enfant est confimée dès la billetterie : trois sculptures gardent  solennellement  le parc : un policier assis du sculpteur lituanien Evaldas Panza, une glissade silencieuse du Lituanien Aloyzas Smilingis et une femme Sans bras  du lituano-américain Vytantas Kazuba. D´entrée de jeu les Lituaniens donnent à voir ce qu´ils ont subi vingt siècles durant : un Etat policier omniprésent, la paralysie des membres due à la peur ou la torture, le silence imposé devant tout ce que le monde pouvait sentir à défaut d´exprimer ouvertement : l´absence de liberté et la censure sous toutes ses formes.

Le mot-clef du  guide local s´exprimant en anglais reviendra comme un lancinant leit-motiv : imagine. Il convient en effet d´imaginer ce qu´il a fallu d´imagination pour qu´un peuple puisse survivre à autant d´années de privations continues et répétées de liberté. Les oeuvres exposées se succèdent aux oeuvres et ont toutes des titres plus symboliques les uns les autres : A votre convenance, Vigilance perdue, Arc de Triomphe, Fondations/fenêtre.

Sur la centaine de sculptures exposées sur ce parc de 55 hectares, trois oeuvres ont plus particulièrement retenues mon attention. La première se trouve près de l´entrée. Elle épousait remarquablement le paysage environnant de cette journée de printemps. Elle est signée de la Polonaise Magdalena Abakanowicz et s´intitule Espace pour des excroissances inconnues. Il faut imaginer ce qui pousse sur cet alignement d´une dizaine de monticules ovoïdes de deux à trois mètres de haut chacun qui forment une allée un peu comparable à des menhirs, sauf que des menhirs sont des pierrres froides alors que ces ovoïdes paraissent aussi vivants que des boules de gomme géantes de vérité. Dessus poussent des micro-organismes de toutes sortes : champignons microscopiques, plantes vertes persistantes. insectes de toutes sortes et larves diverses. Derrière, les arbres majestueux entourent les formes arrondies accueillantes de vies. L´hiver, la neige les recouvrent. Cela n´empêche cependant en rien d´imaginer la vie sourdre et sommeiller, comme a su patienter  tout Lituanien humilié durant les siècles où il a du courber l´échine sous le poids pesant du joug de l´oppression.

La seconde oeuvre est celle du Tchèque Ales Vesely Chambre de Lumière. C´est une pièce aux quatre murs brulés et aux fenêtres sans vitres, construit en 2001 à l´initiative des municipalités de Vilnius et de Prague. On ne peut oublier les figures de Jan Hus brûlé vif en 1415 pour hérésie, et celle de Jan Palach, étudiant qui s´est donné la mort par le feu en 1969 pour protester contre l´occupation soviétique de son pays, la Tchécoslovaquie.

La troisième se trouve en fin de parcours du parc. Tous les visiteurs ont alors compris l´objectif de ce parc de l´Europe : un cri contre l´atteinte à toute liberté de pensée et les oppressions quelles qu´elles soient , d´où qu´elles viennent et quelles que soient leur formes. Elle est l´oeuvre d´un Irlandais Requiem pour un Poney Mort. Le poney est décharné, squelettique, rouillé et grimacant. Il est seul au milieu d´un pré vert et souriant. Les oiseaux chantaient autour de lui en cette journée de printemps apaisante. Mais en son sein se tient une poulie que le guide a tournée : un cri déchirant et grincant s´est aussitöt fait entendre et tous les oiseaux se sont tu en même temps, comme ont dû, j´imagine, le faire, tous les Lituaniens qui n´avaient pas la force pour survivre, de rassembler comme Antanas Zmuidzinavicius, 3000 diables du monde entier.

Une sculpture, à ce qu´il paraît, et qui est l´oeuvre du concepteur du parc lui-même Gintaras Karosas, et - je cite fidèlement - nomée LNK info arbre, est inscrie dans le registre de Guinness comme la plus grande oeuvre d´art créé des anciens post de télé. Croyez-le ou non, malgré son numéro 21, je n´ai pu la trouver. 

 

 

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7 juin 2007 4 07 /06 /juin /2007 05:25

Pierre Assouline, dans son blog qu´il tient journellemrnt dans le journal Le Monde, a signalé le 2 juin la nouvelle Lenz  de Georg Bücher ( 1813-1837), et "Entretien dans la montagne" de Paul Celan, mettant, comme dans Lenz,  une rencontre cette fois manquée datée du 20 janvier avec un certain philosophe dissertant sur la barbarie d´écrire de la poésie "après" Auschwitz. C´est sans doute à bon escient  qu´Assouline mentionne la nouvelle traduction retravaillée de Jean-Piere Lefebvre, l´un des traducteurs et introducteurs attitrés de Paul Celan. Je ne la connais pas ; je ne peux donc en parler. Mais c´est avec respect que j´ai lu celle de Michel Cadot ( GF Flammarion, 1997 ). Dans la nouvelle, au moment où le personnage Lenz, qui finira par sombrer dans la schizophrénie, se met à prêcher, on trouve des voix humaines qui, en se rencontrant "dans un accord pur et clair" donnent "l´impression de regarder une eau de montagne pure et transparente". Et quand Lenz retrouve de la force pour conclure son prêche, les voix se mettent à chanter : " Pénètre-moi, Sainte douleur, / Jusqu´aux fontaines de mon coeur ; / Souffrir soit tout mon bénéfice, / Souffrir soit mon divin service."

Par association non paratactique celanienne, il est assez étonnant de signaler la nouvelle Anémones de montagne de l´écrivain norvégien Hans Ernst Kinck ( 1865-1926) qui, refusant de "mettre les problèmes en discussion", se propose d´atteindre la vérité qui se dissimule "derrière" les apparences quotidiennes. ( Ecrivains de Norvège. Textes choisis et présentés par Eric Eydoux et Bente Christensen, Amiot. Lenganey, 1991, Thaon - Nouvelle traduit par moi-même). La nouvelle met en scène une certaine Gertrude qui descend de la montagne pour suivre un office religieux puis remonte par la montagne quand l´office est terminé. Un chant résonne à ses oreilles qui l´empêche de dormir ; " Oh si, oh oui, / Oh si, oh oui / Avec son sommeil t´en es allé ? / Seul sur la colline dort le genévrier  / Seule frétille la truite dans le ruisseau / Oh si, oh oui / Oh si, oh oui / Qui avec son sommeil s´en est allé ?" .  Dans la nouvelle de Büchner, le style indirect libre est présent de bout en bout, et montre son intérêt pour les maladies mentales que plus tard les Russes Gogol et Dostoïevski reprendront dans leurs oeuvres.

Le volume contient par ailleurs La Mort de Danton, pièce dans laquelle Büchner montre que l´individu n´est qu´écume sur les vagues, que la grandeur n´est que pur hasard.

Leonce et Lena, qui est une comédie, relève de la tradition de Plaute et de Molière. On y voit tout à la fois un pastiche littéraire plutôt gai qui met autant en scène les esclaves qui s´opposent à leurs maîtres ou le seigneur qui vient séduire les femmes de paysans, qu´une caricature du système politique de l´Allemagne de son époque.

Woyzeck enfin est un cas clinique qui permet à Büchner de mettre en scène un pauvre hère sans instruction mystifié par le langage arrogant et faussement savant d´un capitaine peu scrupuleux et d´un docteur en psychiatrie prétentieux d´aristocratisme.

A lire, relire et méditer. Un très grand écrivain parti beaucoup trop tôt qui s´inscrit dans la tradition du Sturrm und Drang, ce mouvement de contestation intellectuelle et sociale auquel appartenaient Goethe et le jeune Schiller.

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5 juin 2007 2 05 /06 /juin /2007 08:06

Sachez que je n´ai pas de portable et que je m´en porte fort bien. Vivant seul, je ne vois aucune utilité de dire " allo ? " en achetant une baguette ou un chou-fleur au super-marché du coin. Je ne suis pas contre a priori. Il y a même eu une période où j´en ai eu deux : un pour la ville et un, si j´ose dire , pour les champs. Peu importe aujourd´hui pourquoi ; c´est désormais de l´histoire ancienne. Reste que j´admire les guides des agences de voyages qui utilisent les guides locaux et leur portable pour guider leurs groupes de touristes. Mon voyage en Chine en décembre 2002 est largement présent  dans ma mémoire, et plus encore mon récent séjour à Vilnius dont je n´ai pas encore fini de parler.

L´emploi de portables pour des besoins privés dans les transports en commun me hérissent en revanche au plus haut point.

J´étais dans le train local d´Oslo qui me ramenait chez moi. Le temps était magnifique et l´un des premier jour chaud de l´été. N´étant pas  Kerouac, j´oserai citer Joyce : " Le soir d´été commencait à envelopper le monde dans sa mystérieuse étreinte. Le soleil se couchait tout là-bas dans l´Ouest et les lueurs dernières d´un beau jour qui trop tôt s´enfuit s´attardaient amoureusement sur la mer ...etc.".

Le train était légèrement en retard. Des coups de freins intempestifs pertubaient son avancée. Le train finit cependant par repartir mollement, mais s´arrêta rapidemment bien avant la station suivante. Contrairement aux routines norvégiennes, aucune information ne sort des haut-parleurs du wagon. Ma voisine de gauche, 35 ans environ, peut-être moins, sort de son sac un portable dernier cri et, avant de téléphoner, se met à échanger quelques paroles avec la femme assise en face d´elle, 30 ans à peine. "Un train rapide doit se trouver bloqué devant nous". Mon commentaire à voix haute est laconique : " Ou quelque chose comme ca ! " . C´est alors qu´une information par haut parleur est donnée. Quasi inaudible, du moins pour moi.. Ma voisine à ma droite, la cinquantaine passée, cheveux châtains épars, recoit alors un message sur son portable relativement ancien, tandis que le conducteur de la locomotive donne trois messages coup sur coup : un train se trouve bloqué devant nous ; un problème technique sur la voie nécessite une réparation ; un caténaire est tombé. Eternuement d´une de mes voisines. Le conducteur de la locomotive achève son message en affirmant qu´il nous tiendra au courant dès qu´il aura de plus amples informations. C´est à ce moment que ma voisine de droite de 50 ans recoit un message sur son portable. Voix haute qui porte : impossible de ne pas écouter. En même temps, ma voisine de gauche commente avec sa vis-à-vis les informations données par haut-parleurs, alors que mon voisin de droite sort à son tour son portable pour lancer le même message : le train a du retard.

Pour patienter, je sors de ma serviette de cuir brun achetée il y a bien 25 ou 30 ans, - mais qui paraît neuve -, Le Bulletin Gallimard no 468 de mai-juin-juillet 2007. Mes trois voisines, à peine plus âgées d´un siècle à elles trois, communiquent à qui mieux mieux sur leur portable. Celle  d´à peine 30 ans est la plus engagée : elle recoit message sur message et sa voix porte bien. Rien ne m´échappe ; et sans s´émouvoir, elle repète à satiété son message : " Le train a du r´tard. Oui, tout-à-fait : un problème technique sur la voie". 

L´arrêt se prolonge. Aucune information ne filtre. Arrive alors une jeune étrangère-norvégienne, norvégienne-étrangère de l´Asie du Sud-Est. Vietnam ? Japon ? Corée du Sud ? Difficile à dire. Elle s´excuse poliment, s´assied, et sort son portable : " Le train a du retard ". On s´en serait douté. Puis sort une carotte de son sac et se met à la grignoter délicieusement.  Derrière et plus avant devant moi, mêmes frénésies de portables : " le train a du r´tard".

Mon Bulletin Gallimard de mai-juin-juillet 2007 précise que L`Imaginaire FÊTE SES 30 ANS.

Nouvelles informations claires du conducteur de locomotive. Deux trains sont encore immobilisés devant nous. Mon train local, lui, s´ébranle lentement pour s´arrêter presque aussitôt. Belle vue sur ma droite qui donne sur le fjord, la mer et le ciel et les lueurs dernières d´un beau jour qui trop tôt s´enfuit s´attardaient amoureusement sur la mer er la grève... etc " . Je ne dirai pas que la vue est fjord gløtt : expression que les vendeurs immobiliers peu scrupuleux utilisent pour vendre un appartement en ville qui permet de "voir" la mer si l´on "ferme les yeux". Le fjord est bien là de ma place dans le train, majestueux, étincelant, avec le ciel qui rougeoit légèrement dans le bleuté miroitant de la mer.

Deux de mes voisines s´exlament en même temps : -" Allo ? Le train a de r´tard. Oui, tout-à-fait. Du r´tard." Les superlatifs abondent : -" Super ! " Pour un peu, je pourrais entendre : " Au jour d´aujourd´hui."  Ma voisine d´un peu plus de 50 ans passés murmure à l´homme en face d´elle : - " J´ai envie d´une cigarette. " .

Il serait faux de dire que le jour décline. La vue sur le fjord, la mer et le ciel est toujours aussi majestueuse et impériale. La mer et le ciel se confondent, bien que la mer, argentée, s´ébatte en miroitements éphémères sous le bleuté plombé du ciel.

Nouvel appel. Cela fait bien trois quart d´heure que le train est immobilisé. Personne ne s´impatiente. Mon voisin de droite s´isole un peu plus en branchant dans ses oreilles un i-pod.

Mon Bulletin Gallimard me vante que L´INFINI, la revue de Philippe Sollers, est  "l´aventure. Dans chaque numéro, un auteur qui sera célèbre demain." - Diable ! Rien que ca !

Je m´isole à mon tour. J´associe ZONE de Guillaume Apollinaire Soleil cou coupé au poème SOLEILS- FILAMENTS de Paul Celan Soleils-Filaments / au-dessus du désert gris-noir. / Une pensée haute comme / un arbre / accroche le son de lumière : il y a / encore des chants à chanter au-delà / des hommes.

 

 

 

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4 juin 2007 1 04 /06 /juin /2007 13:09

[ Le Métro d´Oslo : partie en plein air ]

J´étais dans le métro d´Oslo en milieu d´après-midi et entendis la rame s´éloigner. Imperceptiblement je ralentis le pas et entendis la voix de ma mère dire à mes oreilles : " Nous sommes en avance pour le prochain ". Je pus ainsi me plonger dans mon passé tout en rassemblant  mes idées. La journée était chaude et l´été était là. Mon dos cependant me faisait souffrir, et mon bonheur était quelque peu gâché. - La rame suivante arriva. Sans lumière dans cette section souterraine du métro.

J´entrai sans appréhension dans le wagon. Le noir ne m´a jamais fait peur. Quand, enfant, je demandais qu´on laisse allumée une veilleuse dans ma chambre, c´était plus plus par coquetterie que par peur du noir ; davantage pour prolonger l´intimité du coucher que par peur de l´obscurité.

Une mère assez jeune avec un garcon de 8-10 ans étaient assis dans le coin qui donnait sur la voie. Le train s´ébranla lentement, prit un peu de vitesse et s´engouffra dans l´obscurité du tunnel. Le noir complet régnait. Personne ne broncha. Tous les passagers, peu nombreux dans cette après-midi moite, acceptaient ce dérangement insolite. Si un métro est sür, c´est bien celui d´Oslo : les interpellations sont quasiment inexistantes et les contrôles rares et acceptées. Les mémés bien sages au billet périmé arrivent sans grand dommage à passer à travers des mailles du filet. Leur bonne foi n´est peut-être pas très sûre, mais l´indulgence des contrôleurs est gage de la politique de fair-play en faveur des personnes âgées de la commune. Il n´en est pas de même pour les jeunes lors des contrôles plus matinaux..

L´enfant de 8-10 ans se mit vers le millieu du tunnel à commenter cette obscurité, sans que pour autant je puisse saisir ses commentaires destinés à sa mère. Le vacarme de la rame du métro semblait accru dans ce noir, et couvrait largement la voix de l´enfant. Mon imagination gambadait ; j´étais redevenu enfant, seul, dans le métro parisien. Du Bo... Du Bon... Dubonnet...  Une lumière apparut. Je n´étais pas à Paris, mais à Oslo. La rame dans laquelle j´étais, traversa une ancienne station illuminée pour vanter une publicité que j´ai vue maintes et maintes fois, mais dont je n´arrive à retenir le slogan beaucoup trop long. Seul le visage un peu ingrat d´une femme qui sourit persiste, suivi d´un mot anglais se terminant par ...ing.  Et de nouveau le noir du tunnel s´empare du wagon tout entier. La rame hurle à déchirer les tympans. L´enfant ne parle plus, mais je le sens tout éveillé d´étonnement dans ce noir qui se prolonge, comme j´aurais pu être attentif si j´avais dû traverser seul un tunnel de la sorte. - Arrive enfin la station et sa lumière. L´enfant s´exclame alors, dévoilant peut-être son appréhension de l´insolite grandement atténué par la présence de sa mère à ses côtés : " C´était un long tunnel ! ". Je ne peux m´empêcher de lancer à son attention : " Mai-ais non ! " . Des sourires apparaissent sur deux ou trois visages. Je ne peux voir si la mère de l´enfant sourit ou non, car elle me tourne le dos. Ce noir, dans un tunnel si court, ne peut permettre à un enfant protégé à la voix claire, de saisir ce qu´il ignore : le noir de la nuit sans aube.

L´enfant n´a pas commenté l´obscurité des deux tunnels suivants. Peut-être l´ai-je fait taire. Mais le rétablissement de la lumière a permis à tous de respirer plus pleinement, moi compris, même si la partie aérienne du métro parisien peut avoir ses zones d´ombre.

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3 juin 2007 7 03 /06 /juin /2007 03:16

Chiens Perdus sans collier  ...Non ! Pas davantage ce film où l´on voit, si mes souvenirs sont bons, Brigitte Fossey ramasser son petit chien tué d´un balle dans le cou en juin 1940 ans dans Jeux Interdits.

Les chiens dont je vais vous parler, je vais tous les lier par désir de casting avec le 17 mai norvégien ancien ou plus récent,  et  par analogie avec Histoires de chats. Ils auraient dû être tenus en laisse - loi oblige - et ils ne l´étaientt pas ; ce qui, à mes yeux, en fait tout leur prix.

Le premier était jeune, couleur ocre brun luisant de grâce et de propreté . Je coupais quasiment avec des ciseaux  l´herbe trop haute de l´un de mes deux minuscules jardins qui entourent mon duplex : le plus petit qui se trouve devant l´entrée où trône un pêcher en son centre recu en cadeau il y a plusieurs années par mon plus jeune fils Nicolaï et sa compagne Pia. J´avais les genoux pliés et les yeux au raz du sol, ce qui évoque un peu un conte folklorique norvégien La Mégère à contre-courant... Le chien m´a surpris comme j´ai surpris le chien.  Il marchait aussi vite que sa maitresse, à seulement quelques pas d´elle. J´ai émis un petit son des lèvres en le voyant. Il s´est arrêté, pour sans doute me renifler. Mais c´est en vain que j´ai allongé le bras pour lui caresser le museau ou me faire lécher la main car il avait déjà été rappelé par sa jeune propriétaire.

Les seconds était au nombre de trois.et se trouvaient sur un petit terre plain asphalté entouré de verdure où aucune voiture ne pouvaient passer. Deux étaient sans laisse et le troisième en laisse non tendue,mais pas si près que cela  de sa maitresse. Les trois femmes formaient comme une sorte de triangle. Mon arrivée à vélo, bien qu´à petite vitesse, a dû les surprendre quelque peu, sans savoir si les plus troublés étaient les femmes d´un certain âge ou les chiens en apprentissage. Les chiens gris noir et blanc ont élargis leur cercle sans que je puisse déterminer leur race. Je m´étais arrêté pour voir les circonvolutions des chiens. Se rendant lentement vers l´extrémité du terre plain où un voiture aurait pu apparaitre, chacune des femmes rappela son chien qui vint aussitôt. Leur liberté était terminée. Mais autant que leur dressage , j´ai admiré le contournement de la loi.

Les troisièmes étaient au nombre de deux  et j´ai pu les observer tout le temps de l´arrêt de mon trolley-buss à un feu rouge en pleine ville d´Oslo. L´un était noir charbon et l´autre roux luisant. Tous deux avaient certainement plus de 12 ou 13 ans, peut-être 15. Il étaient perclus de tous leurs membres. Le roux était assis sur ses pattes de derrière et écoutait son maïtre assez jeune lui dire des mots que je ne pouvais entendre. Le noir à la couleur anthracite et au yeux brillants s´avancait en rampant, les quatre pattes pliées sur le sol. Aucun n´avait de laisse. Les quelques personne qui contemplaient la scène n´avaient d´yeux que pour leur majesté.

Quand, à ma station, je suis descendu en entendant un affreux roquet chassieux aboyer sottement à je ne sais quoi, je n´ai pu m´empêcher de marnoneer pour moi seul : " sale bête ": A moins que j´aie juré : sale maître. Mais le plus réjouissant, c´est d´avoir vu le chien chien à sa mèmère bien tenu en laisse, qu´a sauté par dessus une flaque pour pas mouiller ses papattes.

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2 juin 2007 6 02 /06 /juin /2007 06:02

[ Devise nationale de la Lituanie : Que fleurisse l´unité = Vienybé tezydi ]

La Lituanie fait partie de l´Union Européenne depuis le 1er mai 2004. Elle n´a cependant  pas attendu cette date pour se signaler aux scientifiques du monde entier ainsi qu´à tous les touristes en mal de culture et/ou d´émotions apaisées : c´est sur ses terres que se trouve le centre de gravité des territoires européens ; dans le village de Pernuskès pour être précis, situé à une trentaine de kilomètres au Nord de Vilnius, la capitale. Le calcul, qui se base sur " la notion de centre de gravité des  territoires européens", a été effectué par un géographe francais de l´IGN ( = Institut Géographique National ) dès 1989. ( Cf. l´article Lituanie, Wikipédia ).

Cette particularité exceptionnelle n´empêche pas les Lituaniens d´être modestes : ils n´ont nullement la prétention d´être le centre du monde et encore moins son nombril.

Une erreur tenace court à leur sujet : il est courant d´assimiler les Lituaniens à des Russes, des Slaves ou même des Polonais ( vu leur histoire encore récente de 1920 à 1940 ).  Il n´en est rien : cette vision des choses est une aberration historique, culturelle et ethnique. Les Lituaniens sont pour la plupart issus du groupe ethnique indo-européen installé, selon les analystes, dans la région baltique 2.500 ans avant notre ère ( Cf. l´article LITUANIE-le petit-tigre-balte ).

Le village Purnuskès est un îlot de verdure encore plus verdoyant que le paysage paisible et fertile alentour. Une pierre que je ne qualifierais pas d´opaque mais que j´oserai appeler Matière de Lituanie ( par alusion à Matière de Bretagne celanienne ), signale le centre de cette Europe. En ce 11 mai  2007, il devait y avoir 27 drapeaux. Il est possible qu´il n´y en eût que 25. Je ne les ai pas comptés. [ Et ne dispose pas encore de photos numériques personnelles, ne sachant  encore les mettre en mémoire dans mon dossier personnel de photos ]. La Bulgarie et la Roumanie ne font en effet partie de l´UE que depuis le 1er janvier 2007.

Tous les drapeaux s´alignent en un alignement majestueux ondoyant au vent comme ondulent les paisibles collines basses de la partie du pays que j´ai visitée durant ces six jours. Univers qui respire la force tranquille d´un ordre juste et immuable de sénérité naturelle, et amoureusement cultivé et entretenu.

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