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19 juin 2007 2 19 /06 /juin /2007 08:45

Il y a des jours sans. Quoi qu´on fasse, on n´arrive à rien. Des jours où les citrouilles ne sont que des citrouilles. J´oserai pour continuer citer Montaigne : j´ay l´apprehension naturellement dure ; et l´encrouste et espessis tous les jours par discours. Mais aujourd´hui, rien ne vient.

Que dire lorsque rien ne vous inspire ? Le mieux serait de ne rien dire. Ce rien ne m´encrouste que peu. Il n´empêche qu´un souvenir s´accroche à ma mémoire et ne veut s´envoler : un jour de rage et de colère où une institutrice a outrepassé son droit de donner des leçons. Elle s´est dévoyée sans raison et a gâché toutes les heures qui ont suivies et l´année entière. Je ne l´aimais guère, et de ce jour, je me suis mis à m´opposer à elle pour démontrer à mes yeux sa partialité à mon égard. Je redoublais, et elle me faisait sentir à  tout moment que j´usurpais la place d´un autre. Ce dont je souffrais à double titre, d´ abord de honte d´avoir dû redoubler, ensuite de ne pas être à ma vraie place.

Ma honte était telle que j´avais menti sans vergogne à l´homme que j´aimais le plus en ce moment de ma vie d´enfant : le collègue de ma mère Monsieur Rampon qui  m´enmenait à la chasse avec ses chiens. Je roulais des yeux, fuyais son bon regard, faisais des phrases et m´enfermais dans mon mensonge stupide : c´était juste, mais j´avais été finalement admis dans la classe supérieure, et j´allais entrer en 6e au lycée.

On ne m´avait pas consulté pour me faire redoubler ; c´est pas dessus ma tête que ma mère et mon professeur principal avaient décidé pour moi. C´est pour mon bien que l´on me faisait  redoubler. Pour me donner une base solide avant l´entrée en 6e. Je n´étais pas parmi les meilleurs élèves de ma classe, mais je n´étais pas non plus parmi les plus mauvais. Je me maintenais au milieu sans me donner beaucoup de peine et cela suffisait à mon bonheur d´alors. Mais devoir redoubler était une humiliation que je ne supportais pas ; et mettre en avant le fait que j´avais un an d´avance ne faisait que renforcer l´injustice qui m´était faite. Il va sans dire que l´on me mit pas longtemps à découvrir mon mensonge. Ce fut au tour de ma mère de rouler les yeux pour me faire honte. Je n´avais pas honte d´avoir menti, j´avais honte de redoubler , et cette honte resta présente l´année entière de ma seconde 7e 

L´injustice dont je me sentais victime a atteint son comble lors de la désignation du candidat à la fête de la Saint Charlemagne.  Chaque année les  meilleurs élèves des établissements de la Capitale étaient conviés à un goûter au Lycée du même nom. J´étais troisième. Mais quelqu´un dans la classe fit  remarquer que le classement était faux, car l´institutrice n´avait pas pris en compte la gymnastique et le dessin, matières où j´excellais. C´était donc moi qui étais premier et qui devais représenter ma classe à la Saint Charlemagne. Je vis l´embarras de mon institutricre. Je jugeais qu´ elle ne pouvait pas ne pas l´avoir fait exprès. Elle dut donc refaire le classement , et plus que jamais, je sentis dans ses yeux que je prenais la place d´un autre.

Les jours où je sens que rien ne marche, j´ai en moi plus que jamais l´impresssion d´usurper la place  de quelqu´un.

 

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