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18 mars 2009 3 18 /03 /mars /2009 12:56


La Marche consulaire
Alain Duhamel (Plon, 2009, 260 pages, 20 €) est un ouvrage très oral. On imagine fort bien en le lisant Alain Duhamel lui-même, présent sur un plateau de télévision et se frottant les mains de satisfaction face au Président en personne. Sa thèse est simple : sans être Bonaparte, Nicolas Sarkozy a tout d´un bonapartiste du temps du Consulat  : il bouscule, il est autoritaire, il croit en son étoile, il réforme à tous crins, et piaffe d´impatience ; c´est un Bonaparte en frac, - et comme lui, il mène de front l´ordre et le mouvement, la rupture et la tradition. C´est sous cet angle qu´Alain Duhamel passe en revue les aspects de la politique tous azimuts du Président élu depuis bientôt deux ans, - et il est convainquant, même s´il se répète beaucoup trop dans sa démontration de faire de Nicolas Sarkozy un bonapartiste grand teint.   

Il commence avec raison par la réforme des institutions : loin d´accentuer la présidentialisation de la Ve République, il montre avec justesse que les droits du Parlement ont été élargis, n´en déplaise aux opposants de toujours ; c´est dire que les pouvoirs présidentiels sont désormais mieux encadrés.

Il passe ensuite à l´analyse de ce qu´il appelle son idéologie libérale. Alain Duhamel ne fait certes pas de Nicolas Sarkozy un idéologue, mais il voit en lui un ferme partisan du capitalsme renové et moral dans lequel la valeur travail est au premier plan. Les crises financière puis économique semblent avoir ruinées pour longtemps cette ambition. Nicolas Sarkozy ne reste pas moins volontariste ; la globalisation est inéluctable ; la France a la capacité d´y faire face ; il n´en reste pas moins que certaines de ses diatribes inconsidérées l´exposent à trois dangers : la contradiction, le nationalisme et le populisme.

Alain Duhamel
aborde ensuite la place que Nicolas Sarkozy assigne aux religions dans la société française : loin d´être périphériques dans sa pensée, elles sont depuis longtemps au centre de son action. Son livre consacré à La République, les religions, l´espérance en témoigne. Son engagement pour la naissance du CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) aussi : c´est bien grâce à lui que ce Conseil a vu le jour. Dire qu´il met en cause les principes de la laïcité est lui faire un procès d´intention. Ce qu´il croit, c´est à la fonction intégratice des religions dans la société. Il parle donc davantage de religions que de la foi.

Viennent ensuite son volontarisme pour contrôler l´immigration ; ses efforts pour relancer le pouvoir d´achat ; l´assouplissement du contrat de travail afin de faciliter l´embauche ; l´encouragement fiscal aux heures supplémentaires ; sa volonté de doter la France d´une politique extérieure digne de son rang ; sa décision de replacer la France dans le commandemant intégré de l´OTAN. Mais Alain Duhamel n´est pas aveugle ; il voit nettement le défauts du personnage :l´étalage de sa vie privée, le goût du luxe, la dérive vers le populisme, la mise en scène de ses multiples descentes sur le terrain, les promesses inconsidérées, les formules grossières genre casse-toi pauv´ con ... Il n´oublie pas non plus ses maladresses dans l´affaire de l´Union pour la Méditerranée ou ses relations avec Angela Merkel.

Alain Duhamel se veut tout à la fois simple et exhaustif. Il ne cache pas son agacement   pour le personnage. Il ne passe pas non plus sous silence sa fascination. Il souhaite visiblement le voir réussir dans son désir désordonné de réformer tous azimuts la France qui en a bien besoin. C´est l´espoir d´un bon nombre de Français, qu´ils aient ou non voté pour lui. Manque cependant un chapitre. Il n´y a pas un mot sur la politique culturelle. On ne peut en vouloir au journaliste et éditioraliste Alain Duhamel ; en ce domaine, contrairement à tous ces prédécesseurs à la Présidence de la Ve République, Nicolas Sarkozy est quasi inaudible. L´ronie serait que Carla sa femme, devenue comme on dit "Première dame de France", lui donne le vernis nécessaire.

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