J´avoue ne pas comprendre pourquoi la pipolisation serait néfaste, tant dans le mot lui-même que dans son acception moderne. Sa francisation dans le vocabulaire francais ne fait qu´entériner une évolution des moeurs politiques ainsi que la difficulté de la langue francaise, - pour ne pas dire l´incapacité -, de créer de nouveaux mots qui lui sont propres.
Il est certain que la presse people a des méthodes peu reluisantes. L´étalage de la vie privée des personnalités du spectacle qui défraient la chronique a quelque chose d´indécent puisqu´il se fait sans le consentement des intéressées. Mais faire descendre de son piédestal un homme ou une femme politique drappé(e) dans une posture d´un autre âge me semble désormais un bien. Installée durablement dans les moeurs politiques depuis déjà un certain nombre d´années, la pipolisation est irréversible. La posture de la personnalíté politique ne peut plus faire l´impasse de l´émotion dans la diffusion de son message politique. Qu´on le veuille ou non. Ce n´est après tout - , et tout compte fait - , qu´une percée de plus de la démocratisation. Cette francisation d´un mot anglais est finalement plus saine que d´utiliser une expression aussi fautive étymologiquement, que celle d´au jour d´aujourd´hui.
Je trouve plaisant qu´au début du XIXe siècle l´expression anglaise faire du shopping ait été introduite dans la langue francaise. Une lettre de Mérimée l´atteste en ces termes : "Regrettez-vous la pluie (...) parce qu´elle vous empêche d´aller à shopping à votre ordinaire ?" Quelle belle ironie. Faire du shopping ne vaut pas vraiment aller à shopping, mais mon imagination me permet cependant de voir sans difficultés le désoeuvrement de ces demoiselles ou femmes de la bonne société chiner les magasins pour enrichir leur salon ou leur chambre à coucher d´un bibelot marchandé ou non. Faudrait-il condamner échoppe, qui date de 1250 d´après le Nouveau Petit Robert, sous prétexte qu´il vient du néerlandais schoppe, venu lui-même de l´anglais shopp ? Soyons sérieux. L´informatique de nos jours ne peut se passer de mots anglo-américains. La supériorité actuelle du Nouveau Petit Robert vient de les avoir introduit officiellement puisque les Francais les utilisent quotidiennement.
Comme je trouve tout aussi plaisant d´apprendre que Cecilia, non encore divorcée de son mari Président de la République Nicolas Sarkozy, trouvait sa conscience politique en faisant son shopping dans les aéroports internationaux. Ou encore, selon un titre d´un journal parisien, que si les femmes palestiniennes de Gaza ont forcé récemment le mur construit à la frontière égyptienne, c´était pour faire du shopping, - et pas seulement pour acheter des produits de première nécessité. Nuance ...
Je trouve certes déplaisant que le nouveau Président de la République Francaise Nicolas Sarkozy se permette des gestes de familiarité tels qu´embrasser la chancelière allemande Angela Merkel, taper le Président des Etats-Unis George W. Bush dans le dos ou lire un SMS lors d´une audience avec le Pape. Mais le baise-main d´un autre âge pratiqué par Jacques Chirac quand il recevait sur le perron de l´Elyséee une femme chef d´Etat, sans être déplaisant, avait quelque chose de déplacé. Comme l´interdiction faite à Michel Debré alors Premier Ministre de Charles de Gaulle, de dîner un soir au restaurant avec quelques proches sous prétexte que "La France ne dîne pas en ville".
[ Photo en blanc et blanc : Illustration pour le Roman de la Rose - Photo couleurs : Nicolas Sarkozy et Carla Bruni ]