Premier amour

Premier amour de l´écrivain russe Ivan Tourgueniev, a été écrit en 1860. Le substrat autobiographique est évident. Mais si on continue de lire cette nouvelle d´une centaine de pages aujourd´hui, c´est que le texte a une portée universelle. 

L´anecdote est atroce. Vladimir est un jeune homme de 16 ans. Il est exalté, rêveur, solitaire. Il vit entre une mère trop agée de 50 ans et un père de 40 ans, séduisant, séducteur, - et qu´il admire tout en le redoutant. Surgit un jeune femme de cinq ans son aînée. Jeune femme fantasque de 21 ans, rouée et d´ apparence libre, elle joue de son charme sur lui. Il tombe éperduement amoureux sans comprendre que le charme qui émane de lui est sa jeunesse et sa gaucherie. Entourée d´admirateurs, elle le provoque, le dédaigne, le favorise, fait semblant de l´oublier, revient à lui, le néglige encore ; jusqu´au jour où elle change. Vladimir comprend alors que Zinaïda aime à son tour. Elle devient encore plus cruelle, distante et provocante tout à la fois. La mère de Vladimir, quant à elle, est de plus en plus impossible à fréquenter, alors que son père est de plus en plus présent. La vérité finit par éclater : son père est l´amant de Zinaïda. Le monde s´effrondre autour de Vladimir. Possessif, le père la quittra d´un coup de cravache que Vladimir verra au loin.

Vladimir ne guérira jamais vraiment de cette blessure. Jamais il n´oubliera que l´amour est autre chose que mièvreries, simagrées et galanteries. L´amour est cruauté, et s´accommode volontiers de violence, d´humiliation et de souffrance. Comme par ailleurs le décrira Knut Hamsun dans Victoria ou le peindra Edvard Munch et Egon Schiele ; - ou encore l´écrivain Arthur Schnitzler, chacun selon son talent.