24 novembre 2009
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Enfant de dix ans, Michel Onfray demanda un jour à son père, alors qu´ils plantaient ensemble des pommes de terre dans un champ, où il voudrait aller si un magicien le laissait voyager. Il s´entendit répondre : "Au pôle Nord". Trente-cinq plus tard, pour ses quatre-vingts ans, le fils permit au père de réaliser ce voeu en l´accompagnant durant trois semaines chez les Inuits en terre de Baffin.
Esthétique du pôle Nord (Biblio/essais, 2005, 158 pages, 6 €) est le récit de ce voyage. Il est illustré de magnifiques photographies prises sur place par Alain Szczuczynski. C´est un hommage à la pierre, au froid, à l´espace ; - à l´immensité des terres hostiles.
Au-delà, c´est une méditation de philosophe ethnographe sur les civilisations qui disparaissent et sur des hommes qui vivent à "leur place, sans gémissement ni contentement". C´est aussi un bel hommage au silence, et plus encore une méditation sur le temps, entre un père avare de mots, des hommes peu enclins à l´effusion et un fils plus désireux d´écouter que de parler. C´est enfin un chant, émouvant et poignant : celui d´un fils qui ne sait toujours pas comment dire son amour.
À lire donc, pour découvrir un Michel Onfray méconnu.
Autre lien :
- Le songe d´Eichmann ou le cauchemar de Kant
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