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5 novembre 2010 5 05 /11 /novembre /2010 13:03

LaurentFabius 

Ce qu´affirme Laurent Fabius amateur d´art ne laisse pas indifférent, mais il y a dans son Cabinet des douze sous-titré Regards sur des tableaux qui font la France (Gallimard Témoins de l´art, 2010, 220 pages, 22,50 €) une omission invraisemblable qui laisse pantois : il ne mentionne De Gaulle qu´une fois, et ne donne aucune image, affiche, photo ou représentation de cet adversaire politique ; c´est plus qu´inconvenant : c´est d´une bêtise sans nom.

 

Mais ce qu´il dit par ailleurs est fort pertinent, que ce soit sur les frères Le Nain ou Soulages et puis, chapitre après chapitre, sur Quentin de La Tour, Ingres, David et Delacroix, ainsi que Monet, Matisse, Picasso, Nicolas de Staël, et, plus inattendu ... Hergé et Tintin. Il traite ainsi du peuple, du portrait des rois et des grands hommes que la France a eu au cours des siècles ; mais aussi de la France des villes, de Rouen et de sa cathédrale, du sport en peinture, et même de la France d´ailleurs et d´outre-mer. C´est fort instructif. Mais le plus beau chapitre est à mon avis celui qui traite de la guerre. Il fait de Picasso avec Guernica et Femme se coiffant le grand peintre politique du XXe siècle. Et ce qu´il dit de Giacometti est admirable : Giaccometti2"Giacometti n´[a] pas attendu la guerre pour s´intéresser au corps humain et à la menace de l´anéantissement, mais la guerre a agi sur [lui] comme un déclencheur. Giacometti est préoccupé par le rapport au vide, à l´espace et à la destruction. Dès leur apparition en 1947, ses figures monumentales deviennent le symbole des horreurs de la guerre ; avec son cortège de pogroms, de massacres, de bombardements, elles portent l´image d´une humanité en péril. Qu´il s´agisse des sculptures ou des portraits obsessionnels peints et dessinés, le squelette perce sous la figure, le crâne sous le visage. Les coups de gomme effacent le graphite. Les formes labourées s´effritent et partent en morceaux. Les doigts grattent la glaise et le plâtre jusqu´à l´armature métallique. Le métal rouille et laisse des traces rougeâtres sur le plâtre. L´oeuvre de Giacometti ne montre plus les corps mais leur disparition. Et pourtant quelle présence ! Quand la lumière accroche cette matière torturée et coulée dans le bronze, on ressent physiquement ce que l´art peut exprimer de plus profond sur la souffrance humaine. Est-il encore question de souffrance dans ces images ? Comme si l´émotion elle-même était quelque chose de trop littéraire face à la réalité des faits." 

 GiaccomettiFemmedebout

Liens :

 - Giacometti le dépeupleur   

    - L´homme qui marche

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