Qui ne connaît de Louise Labé (1524-1566) le célèbre sonnet qui s´ouvre par un quatrain plein de sensualité amoureuse :
Baise m´encor, rebaise moy et baise :
Donne m´en un de tes plus savoureus,
Donne m´en un de tes plus amoureus :
Je t´en rendray quatre plus chaus que braise.
(Sonnet XVIII)
Moins connu est le sonnet XIV de ses oeuvres complètes (Droz, Genève, 1981). Il n´est pas moins profond, tant il affirme le désir de vivre que redira plus tard André Chénier (1762-1794) dans La jeune captive avec cet octosyllabe plein d´espoir et de vie Je ne veux point mourir encore - alors qu´il attend la mort en prison :
Tant que mes yeux pourront larmes espandre,
A l´heur passé avec toy regretter :
Et qu´aus sanglots et soupirs resister
Pourra ma voix, et un peu faire entendre :
Tant que ma main pourra les cordes tendre
Du mignart Lut, pour tes graces chanter :
Tant que l´esprit se voudra contenter
De ne vouloir rien fors que toi comprendre :
Je ne souhaitte encore point mourir.
Mais quand mes yeus je sentiray tarir,
Ma voix cassee, et ma main impuissante,
Et mon esprit en ce mortel sejour
Ne pouvant plus montrer signe d´amante :
Priray la Mort noircir mon plus cler jour.
(Sonnet XIV)
Liens :
- Un rondeau de Charles d´Orléans