En France où je suis né je n´ai jamais vu de couseuses assises des heures près du feu ou à la fenêtre et penchées en silence sur leur ouvrage d´aiguille, mais uniquement des femmes pressées ou payées à recoudre par seule nécessité un bouton de culotte arraché ou perdu. Il en est autrement en Norvège, mon pays d´adoption depuis plus de quarante ans. Je ne dirai pas que j´en ai vu beaucoup mais j´en ai vu plusieurs et pas seulement grand-mères : tantes-gateaux ou tantes-fleurs, cousines éloigées ou jeunes mères, et quelle que soit la région, de Bergen à Bodø, à Svolvær ou Førde. Elles ne faisaient pas que coudre ou recoudre mais savaient aussi broder, filer et tisser, occupant ainsi dès la fin de l´automne et durant tout l´hiver leurs soirées monotones. Et souvent à l´entrée, en parfait état de marche, trônait un rouet de famille conservé avec soin.
Merveilleux souvenirs ancrés à jamais.
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[illustration Harriet Backer Jeune fille à la fenêtre 1886]