C´était plein d´attente amusée que je m´étais procuré Critique amoureuse des Français d´Alberto Toscano (Hachette-littérature, 2009, 281pages, 17 €). C´est avec grande difficulté que j´ai terminé son ouvrage, car il enfile à longueur de pages et sans vraiment faire rire les clichés et approximations qu´il voulait dénoncer. Je ne peux m´en prendre qu´à moi-même : je n´ai fait que retrouver par écrit ses embrouillaminis et emberlificotages sans fin de ses interventions orales qu´il peut fournir, quand, sur le plateau de Kiosque qu´anime Philippe Dessaint sur TV5Monde, est présente la Camerounaise Marie-Roger Biloa qui le titille sans fin pour le bonheur de tous.
Ce pamphlet se voulait réjouissant et dénoncer en souriant les petits travers des Français. Il enfonce le plus souvent des portes ouvertes.
Les 48 courts chapitres qu´Alberto Toscano aligne sont plus décevants les uns que les autres. Les premiers sont relativement bien enlevés, notamment "Paris, capitale mondiale" ou encore la fameuse affirmation répétée à satiété par les seuls Français : "Les Champs Elysées, la plus belle avenue du monde". Ou encore, quand il brocarde le besoin qu´ont beaucoup de Français de se croire premiers en tout, notamment grâce à leurs vins, leurs fromages et leur cuisine. Alberto Toscano s´essouffle malheureusement très vite. Il perd souvent de vue l´essentiel, et sort même, parfois, des contre-vérités. À vous de les repérer si le coeur vous en dit.
Alberto Toscano aime visiblement la France. Il aime aussi les Français, même si beaucoup l´agacent. Journaliste, il s´appuie un peu trop sur des sondages d´opinions publiés ici ou là ; - ou d´anciens numéros de Paris Match ou de L´Illustration. Ces publications sont à prendre uniquement pour ce qu´elles sont : la doxa de leur époque. Il cite avec amusement le Roland Barthes des Mythologies et Le Dictionnaire des idées reçues de Flaubert. C´est leur faire un bien grand honneur. Face aux faits, Alberto Toscano croit un peu trop au bien fondé de son bon sens ; c´est là son moindre défaut. Il ne semble pas connaître, de Michel Maffesoli, les Iconologies et idolatreries postmodernes. C´est à mettre à son cédit. Mais il aurait pu sans rougir s´appuyer sur son compatriote Umberto Eco et notamment l´excellent recueil d´articles que ce dernier a intitulé À reculons comme une écrevisse. Cet ouvrage s´en prend fort bien et dans tous les domaines au politiquement correct. Il n´est en rien démodé. Je vous le recommande chaudement. N´est pas Eco qui veut.
Alberto Toscano retrouve sa verve vers la fin de son livre, notamment dans son chapitre "Zidane avait raison". Pour lui, rien n´est plus faux. Je lui donne entièrement raison. Le coup de boule de Zidane ne peut être excusé. Ne pas répondre à une insulte par une gifle ou un coup de poing devrait faire partie aujourd´hui des données immédiates de la conscience comme des fondements de la métaphysique des moeurs.