2 février 2010
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Conjointement à d´autres textes, je viens de relire plusieurs poèmes déjà anciens d´Yves Bonnefoy. Qui le connaît un peu sait sûrement la distance qu´il a prise avec le christianisme. Il ne récuse cependant pas l´idée de transcendance. Mais il ne s´agit en rien pour lui de revendiquer un "au-delà" ni même un "ailleurs" mais l´"ici" de la vie dans lequel l´instant et la présence du plus simple sont premiers ; - rappelant ce que l´enfance permet de saisir avant que la parole ne lui soit donnée et que le concept n´ait venu tout figer :
Imagine qu´un soir
La lumière s´attarde sur la terre,
Ouvrant ses mains d´orage et donatrices, dont
la paume est notre lieu et d´angoise et d´espoir.
Imagine que la lumière soit victime
Pour le salut d´un lieu mortel et sous un dieu
Certes distant et noir. L´après-midi
A été pourpre et d´un trait très simple. Imaginer
S´est déchiré dans le miroir, tournant vers nous
Sa face souriante d´argent clair.
Et nous avons vieilli un peu. Et le bonheur
A mûri ses fruits clairs en d´absentes ramures.
Est-ce là un pays plus proche, mon eau pure ?
Ces chemins que tu vas dans d´ingrates paroles
Vont-ils sur une rive à jamais ta demeure
"Au loin" prendre musique, "au soir" se dénouer ?
"Imagine un soir" (Le dialogue d´angoisse et d´espoir) in Pierre écrite. Poèmes. Préface de Jean Starobinski Poésie / Gallimard, 2007 (1982).
Et plus loin, en fin du recueil Dans le leurre du seuil qui termine Poèmes :
Les mots comme le ciel
Aujourd´hui,
Quelque chose qui s´assemble, qui se disperse.
Les mots comme le ciel,
Infini
Mais tout entier soudain dans la flaque brève.
"L´épars, l´indivisible" in Dans le leurre du seuil, Poèmes (op. cité)
Autres liens :
- Yves Bonnefoy, lecteur de Paul Celan
- Deux scènes et notes conjointes du même Bonnefoy
Photo noir et blanc : Claudia F. Manz