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25 novembre 2006 6 25 /11 /novembre /2006 05:32

Etudiant en 3ième cycle de sociologie et chargé de cours à l´Université de Tours durant l´année 1968-1969, j´ai aussi été membre des ESU, section étudiante du PSU ( Parti Socialiste Unifié ). J´ai eu pendant cette année universitaire plusieurs camarades de faculté inscrits comme moi aux  ESU. Le PSU était alors dirigé par Michel Rocard et avait pour membre Pierre Mendès France.

[Daniel Cohn Benditt, actuellement député européen écologiste ]
Celui-ci avait assisté au meeting du Stade Charlety en mai ou juin 1968 pour se mettre à l´écoute des étudiants contestataires. Mais il n´avait pas pris la parole. Il n´avait donc pas cautionné ceux qui étaient à la tête de ce rassemblement hétéroclite. J´ai totalement oublié le nom de ceux ou celles qui ont pris la parole et encore plus les mots d´ordre de la manifestation. C´était beaucoup plus festif que politique. Ce qui certainement explique le silence de Mendès France. On ne lui a pas moins reproché sa présence.

Les discussions que je pouvais avoir avec mes camarades d´études et de faculté dans les arrières- salles de café de la ville universitaire de Tours étaient beaucoup plus militantes. Je me souviens surtout de l´une d´elles où le leader du PSU de l´époque, Michel Rocard, s´était déplacé. J´ai oublié s´il avait aussi tenu un meeting politique ou non ce jour-là dans la ville de Tours. Mais il est venu soutenir le petit groupe d´étudiants en sociologie et en histoire que nous étions : Jean-Pierre C., un étudiant nommé T., le leader du groupe Lucien (ou Jean-Louis) M. dit Lulu, quelques autres et moi.même.

Si mes souvenirs sont bons, quelques intellectuels prestigieux ont été membres du PSU, dont Pierre Vidal Naquet, à la fois historien des mythes grecs et militant infatigable, conscience morale de la cité contemporaine, chercheur épris de justice et de vérité, figure exemplaire de l´intellectuel engagé aussi bien contre la guerre d´Algérie et ses suites que pour les Juifs, Israël et la Palestine.

Mes camarades de la section tourangelle des ESU n´étaient pas et ne seront pas ce que Pierre Vidal Naquet était déjà en 1968 et 1969 et sera jusqu´en 2006, date de sa disparition. Il n´empêche qu´ils m´ont formé comme m´ont formé certains de mes professeurs. Jean-Pierre C. est devenu l´assistant et le collaborateur du sociologue et écrivain Jean Duvignaud, également mon professeur. Je ne l´ai pas rencontré depuis plus de 35 ans, mais il est devenu un sociologue spécialiste de l´alimentation et actif dans l´AISLF ( Association des Sociologues de Langue Francaise ), étant membre élu du bureau. J´ignore aujourd´hui ses convictions politiques, mais ce dont je me souviens de lui, ce sont quelques répliques, dont  l´une à un des nos professseurs "à la recherche de la vérité" (sic) qui ronronnait, et qui lui avait fait la remarque que ce qu´il disait était fort discutable. - "Eh bien ! Discutons-en !"  avait été la réplique de ce Jean-Pierre C. Cette réplique résonne encore en moi à la seule évocation de son nom. Les chansons paillardes qu´il chantait presque tout seul dans un car pour essayer en vain de nous entraîner avec lui ne sont pas moins présentes à mon esprit.

Lulu, quant à lui, avait pour ambition d´écrire un mémoire d´histoire ( ou une thèse de 3ième cycle ) sur les images d´Epinal. Je sais que cela est resté à l´état de projet ou d´ébauche. J´ai lu sur lui il y a bien longtemps, un article dans La Quinzaine littéraire de Maurice Nadeau. Il était chargé d´enseignement itinérant ( ou remplacant ) pour suppléer un ou deux mois un professeur en poste de collège ou de lycée en congés de maladie ou arrêté pour raison de grossesse. Accrocher des jeunes durant six ou huit semaines ne me semble pas plus facile pour un professeur que de tenir la distance durant 30 ou 35 ans. Il est devenu par la suite un collaborateur de Jack Lang,  alors maire de la petite ville de Blois de 1989 à 2000, même si ce dernier est surtout connu pour avoir été le ministre de la Culture de Francois Mitterrand, puis ministre de l´Education Nationale dans le gouvernement de Lionel Jospin. Que les Blésois aient voté en 1989 pour un fidèle de Mitterrand n´était pas plus courageux que de faire élire comme maire de leur ville un fidèle gaulliste (dont j´ai oublié le nom) au début des années 1960. Cela prouve simplement que les Blésois, politiquement, ont toujours été des légitimistes.

Jack Lang s´est rallié à Ségolène Royal pour l´élection présidentielle de mai 2007.J´ignore ce que feront Jean-Pierre C. et Lulu. S´ils ne votent pas pour Ségolène Royal, ils ne resteront pas moins mes camarades d´études et de parti avec lesquels je partage des souvenirs qui sont pour moi toujours vivants en cette période de campagne électorale. J´ai l´impression de revivre une seconde jeunesse.

 

 

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commentaires

T
J'ai peut-être raté quelque chose, mais je trouve (et il ne s'agit là que d'une perception, rien de vraiment tangible) que Ségolène Royal ressemble furieusement à la cruelle phrase de Wolinski: "nous nous sommes battus pour ne pas devenir ce que nous sommes devenus".Engoncée dans ses tailleurs, avec des propos qui sont aussi éloignées des années 68 (pour ce que j'en connais, je suis né en 1983) que Balladur l'est de la jeunesse révoltée, elle me semble bien triste
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