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6 juin 2009 6 06 /06 /juin /2009 10:26

En ce 65e anniversaire du débarquement des forces alliées sur les plages de Normandie, je me permettrai ce petit exercice de mémoire :

citer l´un des Trente-trois sonnets composés au secret que Jean Cassou a composé sans papier ni crayon, et faisant ainsi de la poésie une résistance face à l´aliénation et la mort.

Ces sonnets, pour l´essentiel, évoquent les rues de Paris, une amie trop tôt perdue, une Alice-Enfant ; mais l´Histoire va donner à ces poèmes une envergure civique comme l´ont été ceux d´Ossip Mandelstam, d´Anna Akhmatova ou, plus près de nous, Liberté de Paul Eluard.

Je ne peux non plus, sur un plan plus personnel, oublier certains "petits bouts de carton" sur lesquels mon père au camp de concentration de Gandersheim écrivait de mémoire des poèmes entiers grâce à "l´addition de forces" de ses co-détenus que cite
Robert Antelme dans L´espèce humaine et que mentionne aussi en notes
Catherine Henri dans son très beau petit livre sur l´enseignement de la littérature au Lycée : De Marivaux et du loft.

     Les poètes, un jour, reviendront sur la terre.

     Ils reverront le lac et la grotte enchantée,

     les jeux d´enfants dans les bocages de Cythère,

     le vallon des aveux, la maison des péchés,

    
     et toutes les amies perdues dans la pensée,

     les soeurs plaintives et les femmes étrangères,

     le bonheur féerique et la douce fierté

     qui posait des baisers à leur front solitaire.

     
 
     Et ils reconnaîtront, sous des masques des folles,

     à travers Carnaval, dansant la farandole,

     leurs plus beaux vers enfin délivrés du sanglot

    
     qui les fit naître. Alors, satisfait, dans le soir,

     ils s´en retourneront en bénissant la gloire,
     l´amour perpétuel, le vent, le sang, les flots.

                           Jean Cassou Trente-trois sonnets composés au secret

Il est heureux que chacun puisse aujourd´hui, davantage qu´en juin 1944, apprécier qu´au matin "l´aiguail brille au soleil comme un vitrail brisé" et, devant le soir qui tombe, 
"À jamais, la lumière" (Xavier Bordes)

    

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commentaires

B
<br /> <br /> Xavier :<br /> <br /> <br /> Il est heureux que les poètes sont revenus sur terre.<br /> <br /> <br /> Bien à vous<br /> <br /> <br /> <br />
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X
<br /> <br /> Quelle belle idée de célébrer Jean Cassou - et de lui associer mon nom, lui qui me fut un ami très cher et fidèle jusqu'à sa mort... J'applaudis avec émotion.<br /> <br /> <br /> Merci.<br /> <br /> <br /> <br />
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