Chemins et rencontres d´Hugo von Hofmannsthal (1874-1929) est un recueil de trois courtes nouvelles. Pierre Deshusses les a fort bien traduites et remarquablement préfacées ( Rivages poche / Petite Bibliothèque, 2002, 71 pages, 5,35 €). S´y expriment ce qui préoccupera toujours Hofmannsthal au plus profond de lui-même : le hasard, la rencontre, le rêve et le désir ; - et notamment en quoi l´être humain qui lit, rêve et revient sans cesse sur son enfance, espère arriver un jour à "être meilleur et plus distingué que la vie."
Aucune de ces nouvelles ne se passe dans la Vienne impériale ; mais on sent à les lire que les trois différents narrateurs, bien qu´imprégnés de littérature grecque et latine, - et respirant l´air et les parfums des bords de la Méditerranée -, ne peuvent l´oublier. Bien au contraire : comme si l´éloignement leur permettait de mieux s´approprier la Vienne de l´enfance ; la Vienne du Prater ; la Vienne des théâtres ; la Vienne des kiosques à musique ; - et la Vienne des bosquets humides de rosée ; celle des marronniers en fleurs ; et celle, aussi, des cavaliers.
La première de ces nouvelles a été écrite alors qu´Hofmannsthal avait dix-neuf ans ; les deux autres alors qu´il en avait trente-trois. Chacune cherche à répondre à la question que l´un des narrateurs se pose alors qu´il lit une phrase qui ne cesse de l´émerveiller, -et qu´il a notée dans la marge d´un guide de voyage, mais la reformulant à son usage : comment "au soir de sa vie, à l´ombre de sa sagesse et de son expérience, [...] unir ces deux merveilles en une seule, par les mots de sa bouche : le mystère de l´étreinte et le mystère du vol [d´un oiseau].